Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
La dernière réplique du maire Labeaume dans le litige qui oppose ExpoCité à l’organisation du Gala Triomphe est de nature à amplifier un conflit dont je doute que les sportifs de la région aient besoin.
Le Gala Triomphe qui devait se tenir au Colisée de Québec le 30 avril dernier a pour mission de couronner l’excellence sportive. Inflexible sur le délai de 56 heures jugé nécessaire pour présenter un évènement à la hauteur de ses ambitions pour ses 1 400 convives, Marcel Aubut a annoncé avec fracas le 24 avril dernier qu’il annulait l’édition de cette année.
Jugeant depuis le début des problèmes de disponibilité que la responsabilité de l’annulation incombe à ExpoCité, le président de la Fondation Nordiques a informé les médias aujourd’hui qu’une mise en demeure «sera incessamment adressée à ExpoCité», sur la base d’une opinion légale indépendante qui conclut «qu’il y avait bel et bien un contrat de location qui la liait à ExpoCité pour la présentation du Gala».
Jusque là, rien de vraiment anormal.
Arrive la rencontre de presse qui précède la tenue du Conseil municipal du lundi et les questions adressées à Régis Labeaume concernant l’arrivée prochaine de la mise en demeure, et surtout, du maintien de la version de Marcel Aubut : ExpoCité est responsable de l’annulation du Gala Triomphe !
La riposte du maire de Québec n’a rien pour apaiser les tensions…
«Ça peut devenir intéressant tout ça. Peut-être qu’on pourra savoir comment est utilisé l’argent… Quelle est la part des revenus qui vont dans l’organisation, dans le spectacle, quelle est la part qui va aux athlètes, comment fonctionne la Fondation Nordiques ? Quelle est la responsabilité des administrateurs ? On peut découvrir beaucoup de choses intéressantes dans tout ça». (source)
Reprochant à Marcel Aubut de faire du «spectacle» avec cette promesse de mise en demeure, l’escalade verbale est claire et elle laissera des traces.
«On veut juste savoir…»
On connaît bien à Québec le caractère impétueux de celui qu’on surnommait «le kid de la Grande Allée», du temps des Nordiques. Il serait étonnant qu’il laisse passer cette déclaration qui laisse entendre que tout n’est pas transparent dans la gestion de l’organisation fondée en 1995, année du départ des Nordiques pour le Colorado.
Il est écrit sur le site de la Fondation Nordiques qu’elle a accepté depuis l’an dernier «de prendre la relève de l’organisation du Gala de l’athlète afin de poursuivre cette tradition, instaurée en 1956, et d’en assurer son développement à long terme». Le président d’honneur de ce premier Gala Triomphe était justement Régis Labeaume…
La trace visible d’une premier froid entre les deux personnages plutôt sanguins remonte à avril 2013, au moment où le maire de Québec avait demandé à l’homme d’affaires et ex-copropriétaire des Nordiques de Québec «de se taire» au sujet d’un éventuel retour de la LNH à Québec. Il s’était excusé «du bout des lèvres», dès le lendemain.
On se souvient que Marcel Aubut qui est aussi président du comité olympique canadien est loin d’avoir abandonné le rêve Olympique pour la Ville de Québec, ce qui faisait dire à au moins un commentateur que leur différent sur ce sujet commençait à ressembler à une «chicane de coqs» (Ajout: À peu près la même expression utilisée par Karine Gagnon dans sa chronique sur le différent).
On vient de passer à une autre étape et gageons que ce ne sont pas les sportifs de la région qui vont en sortir gagnants.
Quand deux poids lourds s’escriment sur la place publique pour la faveur populaire, c’est assez rare qu’il n’y ait pas de dommage collatéral.
Pour ce qui est du présent litige qui met à jour une aussi importante divergence de vues, on débouchera probablement sur des recours juridiques. Si la judiciarisation pourrait faire taire les protagonistes, il y a fort à parier que la guerre de mots a déjà franchi la limite d’un retour à de meilleurs sentiments, propices au développement harmonieux des nombreux projets sportifs qui sont actuellement sur la table.
Pensons seulement au projet d’un anneau de glace couvert à Québec. À la mi-avril, en marge du dévoilement des athlètes finalistes du Gala Triomphe, on sentait déjà que Marcel Aubut et Régis Labeaume n’étaient pas tout à fait sur la même longueur d’onde.
Et je ne parle pas de la démolition annoncée du Colisée de Québec qui n’a pas plu à Me Aubut.
J’espère me tromper, mais si la chicane est pognée entre Aubut et Labeaume, ça va faire de flammèches.
Et ce ne sera pas au profit du sport et des sportifs de Québec !
Tags: "La vie la vie en société"
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