Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Patrick Watson a souvent participé au Festival d’été de Québec (dès 2004 au Off, 2006, 2007, 2009 et 2012 où il avait aussi obtenu une carte blanche, si je ne m’abuse) et à chaque fois, il a fait vivre de très bons moments aux festivaliers. Mais le spectacle d’hier mis en scène par Brigitte Poupart va bien au-delà de tout ce qu’il nous avait offert jusqu’à maintenant.
On avait tout de suite compris jeudi en fin d’après-midi que le FEQ misait gros sur Patrick Watson et son équipe. En convoquant les médias à une répétition privée dans les locaux d’Ex Machina, la direction du Festival venait en quelques sortes dire qu’elle n’avait pas peur de hausser les attentes et placer la barre la plus haute possible.
Reste qu’en ce jour 9, la musique planante du dernier album de Watson – Love Songs for Robots – aurait pu avoir pour conséquence de trouver que les Plaines d’Abraham sont bien grandes, trop grandes.
Dès les premières mesures du concert, on s’est tout de suite enlevé cette idée saugrenue de la tête. Ce qu’on allait nous offrir était gigantesque et bien adapté à la plus grande scène du Festival d’été de Québec !
Patrick Watson avait vraiment l’air du gamin espiègle qui s’amuse follement.
Le Festival d’été lui avait donné les moyens de jouer dans un nouveau carré de sable et il ne s’est privé de rien.
À certains moments, il y avait plus de vingt-cinq musiciens sur scène. Attention… rien de superflu. Chacun apportait une valeur ajoutée qui amplifiait la musique et les harmonies, d’autant que nous avons eu droit hier soir à un son des ligues majeures. De partout sur les plaines, la sono était impeccable.
Les spectateurs venus nombreux ont assisté à un bien beau concert, très émouvant.
Watson est reconnu pour avoir en tête des scènes d’un film quand il compose. Je laisse à Philippe Papineau (chroniqueur du Devoir) les mots pour décrire l’atmosphère pendant Adventures in Your Own Backyard…
Multiples projections pour illustrer l’univers poétique de l’oeuvre de Patrick Watson, recours à de nombreuses caméras GoPro installées à des endroits inusités et effets scéniques inédits, il y en avait pour nos yeux autant que pour nos oreilles. Watson s’est aussi permis de nombreux et touchants moments d’intimité avec la foule qu’il dirigeait de mains – littéralement – de maître. De la chorale composée des spectateurs au son des «pom pom pom» jusqu’aux appels à prêter une oreille plus attentive à l’action des cinq personnes regroupées autour d’un seul micro pendant Words in the Fire, on peut dire qu’il a fait de nous ce qu’il voulait !
Charlebois consacre Watson
Évidemment que la surprise de la soirée n’en était plus une : le co-interprête de Lindbergh était attendu et on avait hâte d’entendre comment Watson remplacerait Louise Forestier !
Quelle belle symbolique, tout de même… Le gars qui a été de toutes les Saint-Jean et qui a tellement fait pour nous unir derrière la culture francophone du Québec vient sur scène mélanger son sang avec l’une des figures de proue de la culture anglo-québécoise.
Habile, Patrick Watson a débuté le segment avec une de ses rares compositions en français, Je te laisserai des mots.
« Je te laisserai des mots
En dessous de ta porte
En dessous de la lune qui chante
Tout près de la place ou tes pieds passent
Caché dans les trous de temps d’hiver
Et quand tu es seule pendant un instantEmbrasse moi
Quand tu voudrasEmbrasse moi
Quand tu voudrasEmbrasse moi
Quand tu voudras »
Et nous avons embrassé.
Quand Charlebois a pris la parole avant de s’éclipser sous un tonnerre d’applaudissements, le mariage était consacré. «En plus d’être un très grand musicien et grand poète, Patrick Watson est un être humain d’une qualité extraordinaire !»
Un moment fort vécu au FEQ qui pourrait avoir des répercussions pendant longtemps…
Watson entre parmi les grands
Patrick Watson occupait déjà un espace très important dans le paysage culturel de chez-nous. Avec ce spectacle Carte Blanche particulièrement réussi sur des plaines parfois hostiles, il vient de faire son entrée parmi les grands.
Et il a pleinement savouré sa belle soirée.
Ses nombreux éclats de rire, son omniprésence à la caméra que ce soit au piano, à la guitare ou simplement debout avec sa voix si unique ont de fait constitué une sorte d’ascenseur de notoriété auprès du public québécois.
Watson a non seulement conquis les plaines, il a atteint hier soir le statut d’artiste incontournable au Québec.
Il n’avait pas nécessairement besoin de Robert Charlebois pour ce faire, mais force est admettre qu’en nous proposant à tous de devenir «l’ami» de ce cher Watson, l’élémentaire conclusion de Charlebois s’impose : le tout Québec culturel est prêt à assumer ce grand artiste anglo qui nous grandit tous !
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