Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Quand on analyse les coûts pour les contribuables de la présente campagne électorale fédérale, les médias et plusieurs observateurs insistent généralement sur l’impact de la décision de Stephen Harper d’avoir déclenché une longue campagne. Jamais on ne mentionne l’élimination graduelle de l’allocation versée aux partis politiques sur la base de chaque vote. Les sommes d’argent ainsi économisées ne devraient-elles pas faire partie de tous les calculs?
Le versement de ces allocations a pris fin après le quatrième versement de 2014, le 1er janvier 2015. Les partis politiques y avaient droit depuis quelques années, chaque vote recueillie aux élections précédentes servait de base au calcul. Le montant accordé par vote a commencé à diminuer le 1er avril 2012 et il est intéressant de noter que tous les partis politiques qui s’insurgent actuellement des coûts des élections pour les contribuables se sont opposés en 2008, quand les conservateurs ont voulu pour une première fois abolir cette façon de faire.
Dans le Globe and Mail, on trouve quelques exemples de montants reçus par année, consécutif à l’élection de 2008… (traduction libre) «Pour chaque vote en leur faveur à la dernière élection, les formations politiques ont reçu pas moins de 2$ par année. En 2009, cela signifie que 10,4 millions $ est allés dans les coffres du Parti conservateur, 7,2 millions $ est entrés chez les libéraux, 5 millions $ aux néo-démocrates, 2,7 millions $ au Bloc québécois et enfin, 1,9 millions $ chez les verts».
C’est plus de 98 millions $ qu’aura reçu le PCC (de l’argent des contribuables) au moment de la fin du versement de ces subsides. On parle de tout près de 75 millions $ pour le PLC dans les 11 dernières années, de plus de 54 millions $ pour le NPD, à peu près 25 millions $ pour le Bloc et plus de 12 millions $ pour le Parti vert (source).
On parle ici d’une politique qui a donc coûté aux contribuables 266 millions de dollars au total et personne n’en parle en ce moment dans le calcul de ce qui a été épargné.
Je lisais dans Le Soleil ce matin qu’on pouvait «sans doute s’attendre à ce que la présente campagne soit la plus dispendieuse de l’histoire».
A-t-on pris en compte ces déboursés qu’on devait faire auparavant avant d’affirmer tel constat? J’en doute.
Encore dans Le Soleil, toujours ce matin, un éditorial est coiffé du titre «Le viol planifié de la loi électorale». Aucune mention du fait que la seule formation politique fédérale qui était en faveur d’abolir les allocations par vote (de l’argent des contribuables), est le parti qui en bénéficiait le plus: le Parti conservateur!
Je sais, on ne traite dans ce billet que du volet « coûts pour les contribuables » de cette mesure en ne parlant pas des autres volets.
On peut être pour, on peut être contre cette formule pour bien des raisons, mais omettre de parler de ces grosses sommes d’argent publiques dans le présent débat sur les coûts d’une campagne électorale fédérale allongée, c’est faire preuve de mauvaise foi, il me semble.
Pourtant, c’est ce qui arrive actuellement.
Et si quand on tient compte de ces sommes, finalement, le scrutin fédéral actuel coûtait moins cher que les précédents?
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