Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Il arrive que les fonctionnaires des ministères et organismes gouvernementaux aient à composer avec des coupures qu’ils n’apprécient pas. Un bon truc : annoncer qu’un service populaire et essentiel cessera d’être offert et s’arranger pour que ça se sache. C’est peut-être ce qui s’est produit aujourd’hui à l’Institut de la statistique du Québec.
Plusieurs médias en ont parlé dès le début de la journée et les médias sociaux ont rapidement emboîté le pas…
Un article de La Presse+ au titre percutant («Des chercheurs dénoncent l’abolition d’une banque de données») a d’abord allumé la mèche. On comprend assez vite que le site Internet de la Banque de données des statistiques officielles (BDSO) sera fermé à partir du 19 août 2015 (voir cette capture d’écran). Le lien avec l’effort budgétaire demandé par le gouvernement à tous les organismes publics est rapidement établi.
Radio-Canada rapporte à son tour la décision de l’Institut de la statistique du Québec. La page a « évolué toute la journée avec la nouvelle« . De nombreux intervenants manifestent leur désaccord (dont mon collègue blogueur au Journal Ianik Marcil) et je n’ai pas fait exception…
On s’éloigne du @GouvOuvertQc au lieu de s’en approcher… @statquebec annonce la fermeture du site internet de la BDSO pour le 19 août #PolQc
— Mario Asselin (@MarioAsselin) 5 Août 2015
Infos supplémentaires concernant cette fermeture annoncée de la banque de données de Statistique Québec (BDSO): https://t.co/LtBthvzSEr
— Mario Asselin (@MarioAsselin) 5 Août 2015
L’enjeu de la transparence que doit nous procurer un gouvernement plus ouvert est au coeur de ce qui fait réagir tout le monde et on apprend vers la fin de l’après-midi que «le gouvernement Couillard s’oppose à la décision de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ)».
Je me souviens qu’une situation du même genre était arrivée en décembre dernier sur le sujet des expo-sciences. Du point de vue « information », on a retenu que le gouvernement Couillard avait fait volte-face sur les coupures en sciences, mais je me demande aujourd’hui si c’était le reflet de la réalité.
On sait que les coupes paramétriques agissent la plupart du temps de façon à ce que chaque organisme/ministère est responsable des choix à faire et, pour ce qui est de celles qui concernent l’ISQ, le message gouvernemental tend à confirmer que l’annonce de la fermeture de la BDSO est peut-être moins un choix politique que celui de « la machine »… «On est en travail avec l’ISQ pour trouver un moyen de sauver la banque de données» (c’est le directeur de cabinet adjoint de M. Leitao, Dominic Cormier, qui parle ainsi). Il a assuré que la BDSO sera préservée. «Il n’est toutefois pas question que le gouvernement renonce aux coupes à l’ISQ. L’organisme imputait la fin de la BDSO aux « contraintes budgétaires » imposées par le gouvernement. Or Dominic Cormier a répété le mantra du gouvernement : « L’équilibre budgétaire en 2015-2016 est un incontournable et tous les organismes doivent faire leur part »» (source).
Est-on en présence d’un stratagème des autorités de l’Institut de la statistique du Québec pour éviter les coupes paramétriques en attirant l’attention sur un service qui fait l’unanimité?
On en saura peut-être un peu plus dans les prochains jours.
En attendant, on doit se rassurer avec la déclaration gouvernementale à l’effet que «la mine de renseignements [de la BDSO] sera préservée».
Gardons l’oeil ouvert à la fois sur le gouvernement et sur les fonctionnaires de l’ISQ !
Mise à jour du 6 août 2015 en PM: Le site Web de la BDSO vient d’être modifié pour tenir compte du retournement de la situation… Il semble de plus en plus clair «qu’on s’en va vers un maintien de la banque de données» (source). Dans un article sur une publication spécialisée, Josée Plamondon pose une bonne question: «Ne serait-il pas temps que le gouvernement assume enfin un réel leadership dans ce domaine en accordant une priorité stratégique à la gestion et à l’exploitation des données?».
Mise à jour du 17 août 2015: Mathieu Bédard de l’IEDM a trouvé le nom de cette pratique qui semble consister pour les administrations publiques québécoises à couper d’abord dans les dépenses les plus visibles et les plus aimées des usagers… «le syndrome du Mont Rushmore».
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