Coupe, mais coupe égal?

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal, puis sous forme de chronique dans les éditions papiers du Journal de Québec / Montréal.

Il fallait s’y attendre. La décision d’imposer une minuscule croissance des dépenses de 0,2 % en éducation pour l’exercice budgétaire 2015-2016 entraîne des conséquences sur les services aux élèves. Doit-on «souffrir» ainsi pour la bonne cause?

Le budget en éducation se compte en milliards de dollars. Il n’a pas été coupé, mais l’augmentation accordée ne couvre pas ce qu’on appelle les «coûts de système» qui seraient évalués selon plusieurs sources à autour de 4 ou de 5 %.

À terme, changer le système ?
Par exemple, quand le ministre de l’Éducation affirme que les 2,3 milliards $ prévus pour les élèves handicapés ou en difficultés d’apprentissage n’ont pas été coupés, littéralement, il a raison.

Sur une base de l’augmentation des coûts de système à 4 %, il aurait fallu que le budget augmente de 92 millions $ pour qu’on puisse dire qu’il n’y a pas de coupe à faire.

À l’échelle du budget de l’éducation, ce sont des centaines de millions qui manquent, d’où le fait qu’on entend régulièrement parler de «coupures».

Dans une circulaire du gouvernement, il est écrit: «Si nous n’avons pas les moyens de payer les coûts de système, bien, il faut changer le système». C’est ce que propose le président du Conseil du trésor.

Le problème, c’est que changer un système, c’est long.

Les coupes, elles, n’attendent pas.

Cela dit, le premier ministre reconnaît maintenant que les services aux élèves sont touchés par la faible croissance du budget, mais il semble maintenir que le jeu en vaut la chandelle.

Les coupes paramétriques
Je suis de ceux qui adhèrent à la thèse de la «bonne cause» qu’est l’équilibre du budget, mais je ne crois pas du tout au principe des coupes paramétriques, en attendant de pouvoir «changer le système».

Ce n’est pas un cliché d’affirmer qu’on juge une société à la façon dont elle traite ses enfants. D’autant s’ils éprouvent des besoins particuliers.

Il n’y a aucune logique ni souffrance légitime, qui justifie de couper dans les services aux plus vulnérables parmi les enfants.

Je veux bien croire que le gouvernement n’est pas le seul responsable de ce qui arrive, que la machine administrative peut «se venger» du fait qu’on veuille «changer le système» et choisir elle-même de couper là où la foudre des usagers sur les compressions budgétaires sera la plus spectaculaire, mais en fin de compte, le gouvernement doit se montrer responsable.

La réponse aux coupes de services aux enfants parmi les plus vulnérables NE PEUT PAS ÊTRE «vous souffrez pour une bonne cause, nous vous en sommes reconnaissants».

À ce stade-ci, il n’est pas question de revenir sur l’objectif d’équilibrer les finances publiques.
Il s’agit de réviser les moyens pour y parvenir.

Je fais encore confiance au gouvernement pour qu’il se reprenne et passe d’une logique paramétrique à une autre, plus chirurgicale, quitte à brasser un peu plus fort la machine.

Parce que certains services sont plus égaux que d’autres, il faut faire cet effort!

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