Parlons de sexe… à l’école

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Auparavant intégrée dans un volet du cours «Formation personnelle et sociale», l’éducation à la sexualité est disparue du paysage scolaire en 2005. Elle revient cette année dans une quinzaine d’écoles primaires et secondaires sous la forme d’un projet pilote sur deux ans du ministère de l’Éducation. Les discussions publiques sur le sujet n’ont jamais vraiment cessé et elles reprennent de plus belle avec la présente rentrée scolaire !

On dit même qu’il s’agit d’un des cinq sujets d’actualité à surveiller cet automne.

Même si de nouveaux phénomènes sont apparus (par exemple, la facilité d’accès à la pornographie sur Internet ou l’hypersexualisation et les sextos), les «infections transmissibles sexuellement» (ITS, terme maintenant utilisé à la place de MTS – maladies transmissibles sexuellement), les grossesses non-désirées et le questionnement normal sur l’amour, le respect des autres, la masturbation et les différences sexuelles entre filles et garçons sont des sujets qui ne datent pas d’hier.

Autrefois, on avait tendance à dire qu’il faut se contenter de répondre aux questions des enfants et savoir s’arrêter, mais on comprend de plus en plus que sur le seul plan de la santé publique, il faut faire davantage. Les réponses aux questions que n’osent pas demander les enfants et les adolescents sont importantes, compte tenu que ceux qui y répondent semblent souvent passer à côté d’informations déterminantes.

Des pétitions ont été déposées à l’Assemblée nationale, des commissions parlementaires ont eu lieu et des mandats ont été confiés à une équipe sous la responsabilité du ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR) et un projet pilote a été initié. Le programme établi devrait par la suite «être intégré au curriculum des élèves dès 2017» (source).

Des informations ont été rendues disponibles aux parents et même, un petit guide à l’usage des parents pour discuter de sexualité avec leur adolescent à été préparé.

L’article de La Presse canadienne publié au Devoir identifie les contenus de formation qui seront abordés et à quelle âge il le seront. C’est ici que les controverses commencent néanmoins à prendre place.

Rassurons-nous, «les enfants du primaire ne recevront pas d’apprentissages sur la fellation»… semble-t-il.

Quand tout le monde s’en occupe, personne s’en occupe.
La question du caractère obligatoire des cours, de celle ou de celui qui sera responsable de l’enseignement des contenus et l’adéquation entre le besoin des élèves à chaque âge et la programmation des contenus sera au centre des discussions.

J’ai déjà été responsable d’enseigner le cours «Formation personnelle et sociale» dans mon jeune temps. Quand le cours est tombé en 2005 et qu’on a inscrit dans les « fameux » domaines généraux de formation du nouveau programme (sous celui de «Santé et bien-être»), «la connaissance des principes d’une sexualité équilibrée», je me disais que ça signifiait probablement la disparition de l’éducation à la sexualité dans les écoles, à proprement dit.

Pour le moment, il est loin d’être clair que les «15 heures de capsules d’information par année sur des sujets aussi variés que les sextos, l’homosexualité et la pornographie» vont être sous la responsabilité exclusive des enseignants et c’est probablement une bonne chose. Plusieurs enseignants expriment un inconfort à ce que ce soit sous leur gouverne. Je n’éprouve pas de problème avec cette approche, en autant que le caractère obligatoire des contenus de formation soit assuré.

«Le droit à l’ignorance n’existe pas», affirmait ce matin le ministre François Blais sur les ondes de l’émission Première heure. Bon point.

Mais il faudra tout de même que dans chaque milieu (lire ici «l’école»), quelqu’un de bien formé soit LE responsable. J’ajouterais que cette personne devrait aussi pouvoir disposer d’une certaine marge de manoeuvre sur l’itinéraire de formation. Qu’au final, l’ensemble des élèves du Québec ait la même destination dans ce qu’ils doivent savoir, c’est bien, mais on doit donner de la marge de manoeuvre aux écoles sur le parcours et le rythme d’apprentissage.

L’approche mur à mur (tous les milieux doivent apprendre les mêmes choses au même âge et par l’intermédiaire des mêmes types de professionnel) en ce qui concerne l’éducation à la sexualité pourrait compromettre la réussite de cette nouvelle tentative de faire «entrer le sexe à l’école», pour de bon.

On se comprend, le sujet de l’éducation à la sexualité est sensible et cette fois, on doit réussir à trouver une approche qui permettra qu’on sorte de la grande noirceur dans lequel ce débat s’est toujours tenu au Québec.

Il n’y aura aucune exception pour un des 8 200 élèves d’une quinzaine d’écoles de la province. Soit. Mais j’espère vivement que sur la forme, on se montrera souple sur les façons de faire, d’un milieu à l’autre.

Voici une belle occasion de tester le modèle des écoles autonomes, non ?

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