Tom Mulcair met ses oeufs dans le panier de ceux qui sont contre le PTP

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

À deux semaines de l’échéance électorale, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) doit trouver un enjeu qui lui serait favorable pour que cesse la descente de sa formation politique dans les sondages. En devenant le porte-voix de ceux qui se considèrent perdants suite à l’entente sur un partenariat transpacifique (PTP), il joue gros.

En début et en milieu de campagne, la décision de Tom Mulcair de ne pas ouvrir la porte aux déficits budgétaires avait surpris. Les observateurs avaient interprété cette orientation comme étant un effort de recentrer un parti réputé pour être «à gauche» de l’échiquier politique. Voulant être perçu comme «un gouvernement en attente», le NPD s’est montré ferme dans sa volonté de privilégier l’équilibre budgétaire, décision qui avait le potentiel de rassurer un électorat ontarien, échaudé par le gouvernement néo-démocrate de l’ère Bob Rae du début des années 90. Actuellement, selon le Calcul électoral du Journal, la troupe de Tom Mulcair est troisième en Ontario à 28 points des libéraux et à 33 points des meneurs, les conservateurs.

Le NPD doit se démarquer de ses deux principaux rivaux s’il souhaite remonter la pente.

Le pari de mener les «charges les plus virulentes contre le chef conservateur» après l’annonce d’un accord sur le PTP pourrait être interprété comme un retour vers sa base électorale. Toute la fin de semaine, Tom Mulcair a fait campagne aux côtés des fermiers et producteurs laitiers. Sa déclaration d’aujourd’hui est sans équivoque : « Un gouvernement du NPD ne sera pas lié par cette entente négociée en catimini par Stephen Harper » (source).

Le marché du Canada continue d’être très majoritairement réservé aux producteurs laitiers et le gouvernement garantit la stabilité de leur revenu pour dix ans. La déclaration de ce matin du Président des Producteurs laitiers du Canada Wally Smith est d’ailleurs plutôt rassurante… Elle fait écho aux propos de Denis Lebel selon qui les trois piliers de la gestion de l’offre (contrôle de la production, de l’importation et du prix) ont été protégés (source)…

Il faut se demander comment la prise de position du chef du NPD va produire l’effet escompté, d’autant que même le Bloc québécois a réagi de manière plus prudente face à la perspective de la mise en oeuvre du PTP… «On veut qu’il y ait une réelle compensation pour les fermiers. On a toujours eu comme position d’être favorables aux ententes de libre-échange, mais pas à n’importe quel prix» (source).

Le Partenariat transpacifique obtient le support du gouvernement Couillard et de celui (plus mitigé) de Justin Trudeau. Il fait dire à Stephen Harper qu’il s’agit «d’un jour historique pour le Canada»…

« Les 12 pays partenaires de l’entente ont un produit intérieur brut de 30 000 milliards de dollars, a-t-il indiqué, se réjouissant particulièrement de la présence du Japon, 3e économie mondiale. Ce sera le « plus important partenariat économique du monde », s’est-il réjoui » (source).

Sur son blogue «économie», le journaliste de ICI Radio-Canada Gérald Fillion ajoute «qu’il est clair que ce sera bon pour le commerce. (…) Le Canada se donne accès à des marchés où les tarifs sont particulièrement élevés et qui seront progressivement abandonnés : le Japon, la Malaisie, le Vietnam surtout».

Généralement, on dit que « l’abolition des tarifs douaniers aura des effets positifs pour les exportateurs de porc et de sirop d’érable ainsi que les secteurs de l’aéronautique, des ressources naturelles, des produits de la forêt et de la machinerie » (source).

Le ministre de l’Agriculture du Québec Pierre Paradis a quant à lui ajouté les producteurs de canneberges à la liste de ceux qui ne seront «pas choqués» par l’entente.

On voit donc à court terme que le pari de Tom Mulcair est audacieux.

Nul doute que la réaction du syndicat Unifor (qui regroupe le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier et le Syndicat national de l’automobile, de l’aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada) qui avait appelé « au vote stratégique pour déloger les conservateurs » est entré en ligne de compte dans la décision du chef du NPD puisqu’il « évalue que le PTP entraînera des pertes de 20 000 emplois » (source).

Les prochains jours nous diront si Tom Mulcair a trouvé le bon sujet et la bonne position pour que sa formation politique reprenne de la vigueur dans le dernier droit de cette longue campagne !

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