Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Depuis la fin de l’après-midi hier, les médias (autant les médias sociaux que les grandes chaînes télé ou radio) nous rapportent l’horreur. Trois équipe de jeunes gens (oui, ils sont jeunes) ont semé la terreur en même temps, dans des lieux différents, dans un périmètre restreint du centre-ville de Paris, une capitale du monde moderne. Au moins sept assaillants sont morts et six d’entre-eux se sont fait exploser. Ils ont entraîné dans leur folie meurtrière au moins 129 personnes (à 19h15 hier, le 14 novembre, heure de Paris) et il y aurait jusqu’à 352 blessés, dont 99 en « urgence absolue » (source). À notre portée, comment réagir devant ce flot de nouvelles épouvantables ?
Débrancher ou bas ?
Chacun possède un seuil différent de ce qu’il est capable de voir, d’entendre ou de lire et il faut surtout surveiller ses propres signaux personnels. Ils se manifestent directement par des tensions dans le corps et ils peuvent aussi souvent se détecter par l’humeur. C’est bien de s’informer, mais pas au point de se désorganiser.
Les adultes dans une maison où il y a des enfants ont la responsabilité de filtrer ce qui se rend jusqu’aux oreilles des touts-petits ou des personnes sensibles. Avec ces derniers, il reste important de répondre aux questions, de ne pas mentir, mais de se souvenir que toutes les vérités ne sont pas nécessairement bonnes à dire.
Les organisations qui souhaitent semer la terreur (j’y reviendrai) veulent nous faire peur et nous diviser les uns les autres. Il reste important de ne pas jouer leur jeu. En se désorganisant, en installant un climat de tension dans sa maison, c’est ce qu’on fait. Se récréer, vaquer à ses occupations quotidiennes et surtout, doser les prises d’information restent la bonne chose à faire, il me semble.
Quand des conflits qui nous dépassent prennent d’assaut la sphère publique, notre responsabilité est de répondre par l’harmonie.
Prendre des nouvelles des uns des autres est une bonne idée. Si vous connaissez une personne susceptible de vivre de l’isolement ou d’être perturbée par ce genre d’évènement et que vous vous sentez capable de l’aider, n’hésitez pas à communiquer avec elle.
Prenez soins de vous en premier. Et ensuite, des gens qui vous entourent.
En cas de désorganisation, prenez quelques minutes pour planifier la prochaine heure et tenez-vous en à cette planification, le temps de retrouver la paix.
Le sens à donner à ces évènements
Il y a tout lieu de croire que les responsables de l’horreur étaient organisés et étaient liés à des groupes terroristes. On parle évidemment de ceux dont on entend parler ces derniers mois, le groupe armé État islamique (aussi appelé Daech) qui a revendiqué les attaques meurtrières dans un communiqué. (Ajout: dans le communiqué traduit, il est question de «huit frères»)
Encore ici, rien ne sert de paniquer, mais il y a à notre portée des choses à faire. Je parlais tout à l’heure des gens sensibles parmi nos proches, il convient de les rassurer et d’éviter qu’ils s’isolent.
Bien s’informer, valider nos informations en trouvant des sources différentes pour reproduire la même information, éviter de colporter des rumeurs ou des informations non-vérifiées sont aussi des choses à faire.
Les médias sociaux sont maintenant présents partout dans notre vie et il devient intéressant de s’en servir pour communiquer et mieux vivre ensemble, mais il y a des côtés sombres dans l’utilisation faites par certains. Fuyez les sources reconnues pour ne pas diffuser des informations crédibles et contre-vérifiées. Tenez-vous loin des propos diffamatoires ou qui encouragent à la haine. Il sera toujours temps d’y revenir, à tête reposée.
Chacun de nous devenant « un média » en quelque sorte, nous sommes responsables de ce que nous relayons et diffusons, ce qui commande de ne pas écrire ou dire n’importe quoi.
Deux points me semblent importants sur le sens à donner aux récents évènements.
Les gens qui gouvernent le pays sont bien entourés et bien informés des enjeux autour de ces évènements. D’entrée de jeu, je crois qu’il faut leur faire confiance. Le réflexe de sécurité qui commande souvent les réactions en temps de crise devraient nous porter à écouter les consignes sur ce sujet. Il est évidemment possible d’échanger des points de vue divergents et de poser des questions, mais on doit faire plus attention qu’à l’habitude de manière à privilégier la recherche des solidarités et les gestes empreints de générosité et de compassion. Il faut avant-tout éviter la radicalisation. Si vous avez besoin d’aide avec des proches qui se radicalisent, ne gardez pas pour vous ces craintes. Partagez-les avec des gens en qui vous avez confiance.
Le deuxième point concerne l’arrivée probable de réfugiés en provenance des pays où justement la terreur règne. Les évènements d’hier à Paris devraient nous renseigner sur ces gens qui prennent la décision de fuir. On a une bonne idée de ce que ces gens qui fuient vivent quand on voit, lit et entend la terreur semée à Paris hier soir.
Notre réflexe devrait être d’ouvrir les bras et le coeur plutôt que l’inverse. Évidemment, les autorités doivent redoubler d’ardeur pour amener chez nous les gens qui souffrent vraiment et il y en a des masses.
Le monde bascule dans l’inconnu chaque fois que des actes terroristes sont perpétrés.
Nous avons la responsabilité d’inventer cet inconnu par des valeurs nourricières et universelles.
Comme l’a bien dit le Président Obama hier soir… « Cette tragédie nous rappelle que la devise « liberté, égalité, fraternité » (il a prononcé ces mots en français) n’évoque pas seulement des valeurs françaises mais des valeurs que nous partageons tous » (source).
Nous sommes entrés dans une période où ce qui se passe loin de nous vient nous chercher très près de nous. Restons bien informés, continuons de rêver, réalisons nos projets, mais restons vigilants à ne pas nous désorganiser.
Les plus petites solidarités, celles dans notre maison, dans notre ruelle ou dans notre quartier représentent la meilleure réponse à l’horreur des terroristes.
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