Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Promesses brisées, éternelles discussions qui n’avancent pas sur la gouvernance, hausses des taxes scolaires, coupures dans l’aide aux enfants en difficultés et bien peu d’avancées dans la lutte au décrochage… nous sommes pressés de tourner la page en éducation sur cette année 2015 qui ne passera pas à l’histoire !
Le mois de février n’était pas terminé qu’on changeait déjà de ministre. Yves Bolduc n’aura finalement pas survécu aux multiples déclarations inusités sur les « fouilles à nu respectueuses » ou sur les enfants « qui ne vont pas mourir de ça », en parlant des coupes dans l’achat de livres de bibliothèque. Avec le changement de ministre, il y a aussi eu changement de cap avec les commissions scolaires : on abandonne l’idée de les fusionner, mais on annonce l’abolition des élections de commissaires.
On a passé l’année à spéculer sur la gouvernance et au dernier jour de la session parlementaire, on a déposé un projet de Loi qui ne règle pas grand-chose, à première vue. Peut-être qu’en 2016 on découvrira entre les lignes une piste d’atterrissage pour que se pose le gros porteur de la bureaucratie scolaire.
Au printemps, le nouveau ministre de l’Éducation François Blais annonce que « les Commissions scolaires n’auront pas à augmenter les taxes », malgré les coupes. Le Journal titrait en juillet : « Des taxes scolaires en hausse ». Une autre version du jour de la marmotte.
Toujours en mars, on apprenait que dorénavant le gouvernement pourrait « resserrer les exigences à l’endroit des futurs enseignants, notamment pour corriger des lacunes en ce qui a trait à la qualité du français ». C’est le seul moment où il a été question de ce qui avait été promis concernant « l’engagement visant à promouvoir une meilleure maîtrise du français à l’école ». Une des promesses brisées du gouvernement Couillard. On a déjà oublié que les libéraux ont aussi brisé la promesse électorale concernant les garderies en haussant les tarifs en fonction du revenu…
Le mois d’avril a été celui de l’UQAM et de la CSDM. À lire tout ce qui s’écrivait, on avait le mot « tutelle » en tête, mais de rapport en rapport – la pause de l’été aidant – on est passé à autre chose et les problèmes ont été pelletés par en avant. Je suppose qu’en 2016, les mêmes manchettes concernant ces deux organisations devraient réapparaître… les mots-clés seront probablement les mêmes, « manifestation » concernant l’UQAM et « déficit » pour ce qui est de la Commission scolaire de Montréal.
À la fin du printemps, on apprenait que la quasi-totalité des cégeps (93 % d’entre eux) envisageaient « d’adopter un budget à l’encre rouge pour l’année 2015-2016 ». Quand je vous parlais d’une année à oublier en éducation…
La rentrée scolaire d’automne a été marquée par l’effet des coupures dans l’aide aux enfants en difficultés. Des postes de professionnels ayant tout à coup disparu, les premières chaînes humaines devant les écoles sont apparues. Tentés de récupérer l’initiative des parents, les syndicats ont eux aussi levé le ton en promettant un automne chaud aux représentants des patrons chargés de négocier le renouvellement des conventions collectives. Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes dans le dernier droit de la négociation. On a beaucoup entendu parler de salaires, de retraite, du nombre d’heures à devoir passer à l’école et de ratio maître/élèves.
On ne pourra pas compter sur les ententes qui s’annoncent pour régler les véritables problèmes en éducation, il faudra se reprendre sur de nouvelles bases en 2016 pour parler « des vraies affaires ».
Je dois mentionner pour octobre un bon coup du gouvernement qui a réuni plus de 200 personnes à l’occasion d’un Forum sur la lutte contre l’intimidation. Au-delà du plan d’action en ce qui me concerne, c’est le fait d’avoir attiré l’attention sur l’importance de briser le silence autour de ce fléau qui reste le fait d’arme de l’initiative. Je crois que la société est plus consciente que jamais qu’il faut entourer les jeunes victimes en les aidant pour qu’ils évitent de s’isoler davantage puisque c’est ce que recherche les intimidateurs qui prennent ainsi plus de pouvoirs.
L’année qui se termine n’a pas permis au ministre de l’Éducation de se faire valoir. Quand autant de chroniqueurs (dont Michel David, Donald Charette ou Jean Lapierre) identifient vos deux critiques parmi les députés des oppositions s’étant signalés en 2015, c’est que « votre performance » laisse à désirer.
On va se souhaiter une meilleure année en 2016 !
N.B. Pour ceux qui préfèrent m’entendre plutôt que me lire, ma chronique de ce mercredi matin sur les ondes de BLVD 102,1 FM porte à peu près sur les mêmes sujets.
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