Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Au moment où nous nous apprêtons à accueillir des réfugiés syriens, l’émission « Qui êtes-vous ? » diffusée à ICI Radio-Canada nous a présenté hier soir un épisode marquant sur l’auteure Kim Thúy qui « retourne sur les lieux où sa famille et elle se sont posées avant de commencer leur nouvelle vie au Québec, en mars 1979 ». Je ne vois pas de meilleure façon de diminuer nos craintes face à l’accueil des étrangers que le visionnement du témoignage de cette grande Québécoise venue du Vietnam.
Cet épisode du 7 décembre 2015 a été tourné pour souligner « le 40e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam, qui a entraîné l’exil de 1 million de Vietnamiens ». Le Canada aurait accueilli quelques 60 000 réfugiés à l’époque des « boat people » et cette autre crise des migrants devrait normalement nous servir d’exemple…
«Entre 1979 et 1981, près 13 000 sont arrivés au Québec. Aujourd’hui, réfugiés et descendants forment une communauté de 35 000 à 40 000 personnes.
Quand je pense aux réfugiés syriens qui s’en viennent à Valcartier et à ceux que nous croiseront bientôt à Québec, je ne peux m’empêcher de voir une Kim Thúy en puissance. Notre communauté a l’occasion de s’enrichir de la venue de gens qui ne demandent qu’à refaire leur vie sur de nouvelles bases et il faut saisir cette occasion dans l’enthousiasme.
Quel meilleur exemple d’intégration complète à notre société pourrait-on avoir que celui de Kim Thúy ?
J’avoue avoir été très ému à l’écoute du « retour en arrière » de Mme Thúy qui, accompagnée de membres de sa famille, est allée à la rencontre de ses « bienfaiteurs » (c’est l’expression qu’a utilisé son père tout en exprimant une immense reconnaissance), jusque sur les plages de Malaisie.
Le Québec a tout avantage à afficher un optimisme débordant. En accueillant comme il se doit ces gens actuellement en détresse plutôt qu’en se retranchant derrière un sentiment de méfiance qui, bien que légitime, serait contre-productif, nous perpétuons la bonne attitude adoptée entre 1979 et 1981. La peur est normale, mais il reste que nous avons bien besoin de la contribution de ceux qui comme Kim Thúy peuvent nous apporter beaucoup autant sur le plan social qu’économique.
La démarche qui nous est montrée par ce retour vers le passé prouve non-seulement la reconnaissance de ceux qui sont accueillis, mais également la sérénité de ceux qui ouvrent les bras. Les différents témoignages de ceux qui ont fait preuve d’humanité sont particulièrement éloquents : on tire tous un avantage à bien accueillir ceux qui arrivent dans de telles circonstances.
Le visionnement de cet épisode de lundi dernier constitue un antidote qui peut neutraliser bien des malaises. N’hésitons pas à le répandre…
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