Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
La décrépitude de plusieurs écoles, le manque flagrant de service aux élèves et les négociations pour le renouvellement des conventions collectives des employés du secteur public montrent que le ministère de l’Éducation a perdu beaucoup de son rapport de force face à certains autres ministères du gouvernement Couillard. La question de la tutelle se pose de plus en plus…
À tout le moins, il paraît de plus en plus clair que l’éducation est asservie à plusieurs autres priorités gouvernementales.
L’actualité récente offre plusieurs exemples de situation où le bien des élèves passe bien après les prérogatives de d’autres ministres que celui de l’Éducation.
Des écoles de plus en plus vétustes
« On a l’impression que c’est un ministère qui est un peu sous la tutelle du conseil du Trésor », affirme Michel Lacroix, un parent très engagé dans le dossier de la reconstruction de l’école St-Gérard du quartier Villeray à Montréal.
S’exprimant au micro de Catherine Perrin à l’émission Médium Large dans un segment qui portait sur l’architecture scolaire, lui et Camil Bouchard avaient raison de s’interroger sur la vision de ceux qui gèrent les projets de rénovation ou de construction d’écoles.
La vision strictement comptable doit-elle tout décider en éducation ?
Quand on voit la mobilisation des enseignants qui partagent des photographies de lieux en état de décrépitude avancée « de ce qu’ils voient tous les jours », on a raison de s’inquiéter sur les priorités des gouvernements, celui du moment autant que ceux d’un passé récent.
Les coupures dans les services aux élèves
L’année 2015 en éducation aura été celle de la démonstration des effets sur les services aux élèves des coupures en éducation.
Autant les chaînes humaines autour des écoles que les nombreux cas de postes abolis dans du personnel qui intervenait directement auprès des élèves en difficulté de comportement ou d’apprentissage… sont des symptômes que certaines décisions administratives ne servent pas l’intérêt premier de l’éducation.
Quand je lisais plus tôt cette semaine que la CSDM était « à réaligner ses processus parce qu’ils étaient trop « transversaux » » (source), je ne pouvais m’empêcher de penser à cette logique paramétrique qui cause tant de dommage en éducation quand elle est bêtement utilisée pour satisfaire les impératifs de la recherche du nécessaire équilibre budgétaire.
Pris au piège d’un côté par les commissions scolaires et par le conseil du Trésor de l’autre, les écoles et l’éducation semblent bel et bien sous tutelle actuellement.
Et ce n’est pas le projet de Loi 86 qui va changer la donne…
Des ententes de principe fragiles
On constate avec la publication des résultats de chaque scrutin sur les offres du gouvernement dans les syndicats en éducation que la situation n’est pas claire sur le futur du renouvellement des conventions collectives.
Les ententes négociées par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) battent de l’aile et la négociation avec l’autre grand groupe d’enseignants (la FAE) vient à peine de reprendre.
Encore ici, on se demande si le ministre de l’Éducation est partie prenante des enjeux de négociation ou si seul le président du conseil du Trésor a son mot à dire ?
On ne peut pas d’un côté affirmer que l’éducation est une priorité et de l’autre, laisser autant de dossiers péricliter.
Il y a trop d’exemples sous nos yeux que le bien des élèves du Québec n’est pas dans le haut de la liste des priorités !
Mise à jour du 24 janvier : Finalement, un des deux grands groupes de syndiqués (FSE-CSQ et APEQ-QPAT) représentant ensemble 73 000 enseignants ont entériné l’entente.
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