Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Le rôle de l’Opposition officielle est de critiquer le gouvernement au pouvoir. Dans l’opinion publique, un parti dans l’opposition doit se positionner comme étant un gouvernement en attente. En agissant comme il l’a fait, le chef du Parti québécois a gaspillé sa semaine de rentrée 2016 avec des attaques contre des faux adversaires pour lui et sa formation politique.
Quand PKP met en demeure François Legault et la Coalition avenir Québec, il ne vise pas le bon adversaire. Pire encore, son offre de médiation avec la CAQ amplifie l’impression que le PQ veut en découdre avec l’autre opposition, au moment même où le gouvernement est dans les câbles.
De nombreux observateurs ont noté le recul du gouvernement Couillard la semaine dernière dans le dossier du financement des centres de désintoxication. Ce n’était malheureusement pas dans la mire du chef du Parti québécois de le noter, malgré la dénonciation précédente du député de Rosemont (Jean-François Lisée) qui s’était démené pour forcer le gouvernement à bouger.
S’en prendre à la CAQ était jugé plus important…
Quand PKP s’attaque à ses « amis du quotidien de Power Corporation du Canada », il rate encore sa cible.
Cette attaque est pire encore pour l’image de l’Opposition officielle parce qu’elle renforce la posture de chef d’entreprise du personnage Pierre Karl Péladeau. Nouvellement entré en politique, l’ex-magnat de presse ne parviendra pas à se donner une stature politique en continuant de combattre les patrons et les journalistes de l’entreprise concurrente de Quebecor.
Non seulement PKP mord à pleines dents dans le dossier de l’évasion fiscale en répondant de manière aussi intempestive au journaliste de La Presse+, mais il amplifie ainsi le sentiment qu’il est sur la défensive, empêtré dans ses anciens combats alors qu’il y a tant de dossiers faciles pour gagner des points politiques contre le gouvernement.
Les attaques du chef péquiste auraient tellement pu être adressées au gouvernement cette semaine. Philippe Couillard laisse péricliter le dossier du piteux état des bâtiments scolaires, images à l’appui…
Vrai que l’ancienne ministre péquiste Diane De Courcy a sa part de responsabilité à titre d’ex-présidente de la commission scolaire où le parc immobilier est dans le plus mauvais état, mais en choisissant de s’escrimer avec la famille Desmarais plutôt que de privilégier les dossiers sensibles de l’actualité politique, PKP attire l’attention là où l’Opposition officielle n’a rien à gagner.
C’est Alexandre Cloutier (porte parole du PQ en éducation) qui doit être dans tous ses états…
Pierre Karl Péladeau voudrait se positionner en victime qu’il n’agirait pas autrement.
En multipliant les sorties contre Gesca, propriété de Power Corporation, il induit ce sentiment que le traitement de l’information à son endroit est injuste. En dénonçant les prises de position des journalistes et en les associant à un supposé complot de Gesca contre lui, il donne l’impression d’avoir trouvé le bouc émissaire parfait à son incapacité de s’imposer comme chef politique prétendant au poste de premier ministre.
Doute-t-il à ce point de ne pas pouvoir arriver à s’imposer qu’il soit obligé de semer à répétition dans l’opinion publique qu’il ne bénéficie pas d’un traitement objectif des médias appartenant aux Desmarais ?
À force de ne pas critiquer le gouvernement alors que c’est ce qu’on s’attend de lui, il fait la preuve de son inaptitude à entrer dans la peau d’un premier-ministrable en attente.
L’obsession Desmarais est en train de devenir le boulet le plus lourd à porter du chef de l’Opposition officielle.
Quelqu’un au Parti québécois devra s’asseoir avec le chef bientôt, si on ne souhaite pas chez les souverainistes perdre l’année 2016 à lutter contre des moulins à vent.
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