Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Pour gagner la semaine en politique, il faut être celui dont le message passe le mieux. Et dans cette première semaine de la session parlementaire, il y a eu beaucoup trop de distractions pour que ce soit possible d’identifier un gagnant.
L’île d’Anticosti, la souveraineté et son institut, l’existence d’un document de travail de 2014 sur l’exploitation sexuelle ont été parmi les sujets les plus discutés cette semaine.
L’utilisation des surplus budgétaires
La semaine a débuté par le caucus présessionnel de Québec solidaire. On devait parler de la façon dont on pourrait « tenir un débat véritablement démocratique sur l’utilisation des surplus », mais ce qui a retenu l’attention est plutôt la sortie en règle de Amir Khadir qui a accusé Pierre Karl Péladeau « d’avoir perdu de vue les intérêts de la nation du Québec ».
Véronique Hivon du Parti québécois a beau travailler sur la convergence du mouvement indépendantiste, les élus solidaires n’en ont rien à foutre. Repoussant clairement la main tendue par Pierre Karl Péladeau ou celle de Bernard Drainville, les solidaires ont aussi pris leur distance du projet d’institut de recherche appliquée sur l’indépendance.
Celui qui finance est celui qui détient le pouvoir
La souveraineté du Québec a aussi fait jaser chez les péquistes, par l’intermédiaire du mandat donné à la firme Michel Pauzé par Pierre Karl Péladeau de dénicher le directeur général du futur institut sur la souveraineté. Mon collègue blogueur Réjean Parent est probablement celui qui a le mieux résumé la situation : « Ce nouvel organisme ne peut souffrir d’une quelconque apparence d’être piloté par le Parti québécois ou son chef ».
Je sens que le sujet n’a pas fini de faire parler et ainsi contribuer à toujours faire dévier le message de l’opposition officielle qui avait le gouvernement dans les câbles cette semaine avec le dossier des fugues à répétition dans les centres jeunesse.
Quatre ministres sur le dossier de l’exploitation sexuelle
Jean-François Lisée ne manque pas à chaque jour de sortir en conférence de presse sur le sujet de la protection de la jeunesse et cette semaine on s’y est mis à quatre pour affirmer que le dossier est sous contrôle.
Au centre des débats, le sort d’un « document de travail » que Le Devoir a pu consulter et qui laisse entendre qu’on connait bien la problématique des fugues, mais que son dépôt «n’a pas entraîné d’actions concrètes». Lucie Charlebois (Protection de la jeunesse), Lise Thériault (Condition féminine), Stéphanie Vallée (Justice) et Martin Coiteux (Sécurité publique) se sont successivement défendus « d’avoir tabletté » le rapport et ont promis d’agir. La Coalition avenir Québec a ajouté sa voix pour accuser les deux derniers gouvernements « d’avoir baissé la garde devant les gangs de rue et la traite de personnes ».
Ma ligne préférée a cependant été celle de Sébastien Schneeberger de la CAQ qui s’est levé en chambre pour demander « Est-ce que la ministre a engagé un vérificateur pour lui lire ce rapport ?»
Anticosti, le vaudeville
Parlant de la Coalition avenir Québec, on a eu l’impression en début de semaine que François Legault tenait un argument de force avec ses attaques répétées sur l’entêtement du premier ministre dans sa gestion du projet d’exploitation des hydrocarbures sur l’île d’Anticosti. Lui et le chef du Parti québécois ont multiplié les questions pour en savoir davantage sur les motifs du refus de Philippe Couillard d’honorer les contrats avec les sociétés Pétrolia, Maurel & Prom et Corridor Resources qui détiennent des permis d’exploration.
La semaine a fini en queue de poisson quand coup sur coup, on a fait dévier le débat sur des hypothèses farfelues de protection du territoire de pêche et de rumeur concernant la famille Desmarais.
On avait le gouvernement dans les câbles avec la responsabilité établie des ententes qui remontent au gouvernement Charest, du fait que Philippe Couillard était tanné d’entendre parler d’Anticosti et de l’ingérence présumée du bureau du premier ministre auprès des fonctionnaires.
Tout est à recommencer maintenant pour la 2e opposition et il faudra peut-être se trouver un autre dossier pour ébranler le gouvernement sur le front économique puisque le temps pourrait donner raison à Philippe Couillard.
Sauf bien sûr si le gouvernement devait éventuellement perdre des poursuites et payer des compensations qui pourraient atteindre de 250 à 500 millions $.
Pas de gagnant cette semaine… les distractions ont été beaucoup trop nombreuses.
Il faudra surveiller le retour de Pierre Moreau mardi qui a l’habitude de bien faire passer son message.
Encore faut-il qu’il reste en contrôle de l’agenda. Le domaine de l’éducation est une pépinière constante de mauvaises nouvelles qui ont le don d’embêter un gouvernement qui veut tourner la page de l’austérité vers celle de la prospérité !
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