Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
La session parlementaire reprend la semaine prochaine. Les députés entament une portion importante de leur mandat de quatre ans et demi qui a débuté le 7 avril 2014, puisqu’ils ont maintenant une expérience de près de deux ans, au minimum. L’obligation de résultats se fait sentir. Le temps des expériences est derrière nous. Voyons à quoi on peut s’attendre des députés de la Coalition avenir Québec…
La deuxième opposition est réputée pour prendre au sérieux son travail à la période des questions et en commission parlementaire. Depuis que des députés sont élus sous cette bannière, la CAQ est reconnue pour critiquer de manière constructive les gouvernements en poste. Les aiguilles des sondages entre les élections n’ont jamais beaucoup bougé pendant cette période, cependant.
Puisque le Parti québécois et son chef connaissent une rentrée 2016 difficile et que l’échéance électorale de l’automne 2018 approche, on pourrait parler d’une session où les caquistes doivent absolument sortir du lot pour s’affirmer.
François Legault a imposé le respect par son insistance à positionner le thème de l’économie dans l’actualité et le virage nationaliste du parti est maintenant complété. Il lui a fait perdre quelques députés, mais compte tenu des difficultés de la première opposition et du gouvernement, les meilleurs jours sont devant lui.
Par contre, si les prochains douze mois ne lui permettent pas de créer un momentum autour de son leadership et des thèmes qui lui sont chers, il se pourrait que les analystes soient encore plus sévère avec lui et questionnent sa capacité à rassembler suffisamment pour former un gouvernement en attente. Il ne peut pas toujours compter sur les campagnes électorales et son profil d’excellent débatteur pour espérer prendre le pouvoir…
Son premier défi sera de centrer le parti sur certaines priorités puisqu’elles ont trop tendance à varier d’une rentrée à l’autre.
On souhaite que cesse le jeu des portes tournantes autour de lui et que la stabilité de son offre politique puisse enfin bénéficier d’une stratégie claire de mise en marché.
Les joueurs les plus utiles jusqu’à maintenant
Le chef de la CAQ possède la qualité de ne pas mobiliser tout le temps de glace. Les François Bonnardel (Finances), Éric Caire (conseil du Trésor), François Paradis (Santé) et Jean-François Roberge (Éducation) représentent des valeurs sûres. François Legault sait qu’il peut compter sur eux.
La seule femme qui donne des signes de pouvoir occuper l’avant-plan sur une base régulière est la députée de Montarville Nathalie Roy qui incidemment, est la présidente du caucus. Les dossiers de la laïcité, de l’immigration et de l’intégrité peuvent lui permettre de se faire valoir, comme elle l’avait fait en éducation pendant son premier mandat de députée.
À la hauteur des attentes
Derrière « les vedettes » du parti, il y a un trio très efficace dont les actions passent souvent inaperçues des médias et observateurs : Benoit Charette, Donald Martel et Marc Picard.
Si l’esprit de corps est aussi présent dans la « jeune » formation politique fondée en 2011, c’est beaucoup parce que la présence en coulisse de ces députés est efficace et que leurs sorties produisent leur effet, même si elles sont plus rares.
La politique donne beaucoup de visibilité aux joueurs offensifs qui marquent les points. On pourrait classer Charette, Martel et Picard comme étant des joueurs défensifs et il ne faudrait pas négliger leur apport.
Ils devront relever leur niveau de jeu
Pour un analyste qui milite dans le même parti que celui sur lequel il écrit, c’est toujours hasardeux de se prononcer sur ce qui doit être amélioré. Je me dois quand même d’être réaliste et de dire que j’en attendais beaucoup plus de quatre députés qui m’ont toujours paru avoir le potentiel d’en mener plus large à la CAQ.
Mario Laframboise possède beaucoup d’expériences en politique (organisateur en chef du Bloc québécois, campagnes 2008 et 2011) et s’est vu attribuer des responsabilités (Affaires municipales) qui collent parfaitement avec ses expériences de travail du passé (Négociateur du Pacte fiscal entre le gouvernement du Québec et les municipalités / Président de l’Union des municipalités du Québec). Qu’est-ce qui explique que son nom ne se retrouve pas plus souvent au sommaire de la revue journalière des médias ?
Le cas de Claire Samson est un peu différent. Très volubile au quotidien et expérimentée dans son rôle de critique en Culture, la prise de parole dans les moments officiels de la vie parlementaire semble complètement inhiber sa fougue et son originalité. La présente session lui permettra probablement de retrouver sa touche.
Pour ce qui est de Sébastien Schneeberger et d’André Lamontagne, je me dis simplement qu’avec les dossiers qui sont les leurs, il doivent saisir l’occasion de s’affirmer plus souvent.
Je sais que Jean-François Lisée est un parlementaire très expérimenté, mais il n’est pas normal qu’on ne voit pas intervenir le député de Drummond–Bois-Francs quand il est aussi régulièrement question de la protection de la jeunesse dans l’actualité. Même chose avec l’emploi et la solidarité sociale. Je rappelle que M. Schneeberger était député adéquiste de la cuvée 2007-2008. Il doit en donner davantage.
André Lamontagne avait accepté de François Legault l’important mandat « de mettre le cap sur toutes les régions du Québec ». Je suis de ceux qui veulent connaître ce qui est ressortie de ses consultations. Dans les prochains douze mois, la Coalition avenir Québec doit prouver qu’elle a appris de ses premières années et offrir une bien meilleure compréhension des enjeux régionaux.
La CAQ est à la croisée des chemins.
Elle possède l’équipe pour offrir la meilleure des oppositions, mais elle doit obtenir le meilleur de chaque membre de son caucus !
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