Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
La consultation qui « vise à déterminer des éléments de l’encadrement du transport rémunéré de personnes par automobile » a terminé sa première journée à l’Assemblée nationale. On m’excusera d’emprunter la formule de certains qui écrivent à la suite de la diffusion de l’émission Tout le monde en parle, mais parmi les six principaux invités, je décerne ma première étoile au conseiller municipal de la Ville de Montréal Guillaume Lavoie.
M. Lavoie était le premier invité à la commission parlementaire mis sur pied dernièrement pour tenter de dénouer l’impasse entre la grogne des chauffeurs de taxi et les utilisateurs des services d’UBERx.
Depuis 19 mois au Québec, le modèle d’affaires dépassé de l’industrie du taxi est mis à mal par des gens qui se prévalent d’une offre de transport non règlementée et différente. J’en parle souvent sur ce blogue, l’ubérisation n’a pas attendu que le gouvernement et les chauffeurs de taxi soient prêts avant de s’installer au Québec ( 1, 2, 3, 4, 5).
Ça pose évidemment plusieurs problèmes et des opportunités que le gouvernement a fait semblant de ne pas voir. Comme on ne pouvait plus ignorer les tensions sociales exacerbées par les manifestations légitimes des chauffeurs de taxi, le nouveau ministre des transports a convoqué tout le monde à l’Assemblée nationale pour tenter de « mettre en place un environnement d’affaires équitable, compétitif et innovant ».
De mon point de vue, seuls Guillaume Lavoie, Alexandre Taillefer (Taxelco) et Claude Surprenant (porte-parole en transports de la CAQ) ont fait porter la majorité de leurs interventions sur le sujet de la convocation.
Les autres intervenants sont tous tombés dans le piège de revenir sur le passé récent, sur « le contexte d’illégalité » de UBERx ou sur des généreux plaidoyers expliquant comment ce serait mieux si tous les chauffeurs de UBER étaient instantanément mis sur la touche.
Le passage de Jean-Nicolas Guillemette (directeur général de Uber Québec) en fin de journée a montré le pire de ce que je veux décrire. Le ministre Jacques Daoust s’est livré pendant son temps de parole à une charge à fond de train contre UBERx en oubliant complètement la raison d’être de la consultation. Il a donné un bon spectacle à ceux qui souhaitaient un lynchage public de UBER.
Il fallait d’ailleurs voir la satisfaction de l’ex-ministre péquiste Guy Chevrette (représentant du Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi), ravi que le ministre ait fustigé le comportement d’UBERx et de ses dirigeants.
La porte-parole en transports du PQ a été égale à elle-même en lançant des ballons de plage aux intervenants pro-taxis et en faisant des gros yeux aux autres. Elle n’avait sûrement pas pris connaissance de la déclaration de son chef Pierre Karl Péladeau au sujet du phénomène d’UBER : « C’est un phénomène incontournable » (source). C’est en train de devenir une habitude…
Quand à Amir Khadir, sa plainte officielle contre UBER auprès de l’escouade des crimes économiques de la Sûreté du Québec en dit pas mal sur son état d’esprit.
Si je reviens à ma première étoile, Guillaume Lavoie a constamment cherché à définir les contours d’un environnement réglementaire qui serait « à la fois concurrentiel, équitable et juste pour tout le monde, pour le taxi, pour les plateformes, pour l’utilisateur et pour le contribuable également » (source).
Le ton posé, la démarche constructive et le haut degré de maîtrise des enjeux en cause ont fait de lui un intervenant privilégié.
L’ex-dragon Alexandre Taillefer qui vient de lancer Téo (« un projet qui vise à améliorer la qualité et la profitabilité de l’industrie du taxi ») s’est aussi montré très volubile et intéressé à proposer des manières d’encadrer le « taxi amateur », « parce qu’il est populaire et serait difficilement contrôlable ».
Il en quand même profité pour nommer sa hargne viscérale « contre le taxi de contrebande ».
Le « préjugé favorable » envers UBERx de la Coalition avenir Québec a probablement inspiré Claude Surprenant dans ses interventions pondérées et de nombreuses questions précises permettant aux invités de rester sur le sujet. Il faut quand même dire que ça n’a pas fonctionné avec Guy Chevrette qui s’est plutôt indigné du communiqué émis plus tôt en journée par la CAQ.
La consultation reprend ce mardi 23 février prochain.
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