Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Dans son récent plaidoyer pour que la population accepte que soit mis de côté la perspective de l’indépendance du Québec, Camil Bouchard suit les traces du chef de la Coalition avenir Québec.
On se comprend bien, le cheminement de l’auteur d’Un Québec fou de ses enfants n’est pas exactement le même que celui de son ex collègue ministre au Parti québécois, mais il comporte plusieurs similitudes, il me semble.
Les deux se rejoignent sur le fait que la possibilité d’un référendum sur la souveraineté du Québec dans l’horizon politique québécois peut fortement contribuer au maintien du Parti libéral pour longtemps encore. Camil Bouchard et François Legault sont tous les deux inquiets de la déconstruction du Québec à laquelle ils assistent et, même s’ils proposent des solutions qui diffèrent un peu, ils s’entendent sur l’importance de prendre acte que les électeurs sont soient «rebelles ou allergiques à toute forme de démarche référendaire».
Les deux «s’entendent sur l’essentiel» selon Mathieu Bock-Coté: «le Québec peut très bien se gouverner sans l’indépendance».
Le bouillonnement politique auquel on assiste présentement semble démontrer que les plaques tectoniques de la politique québécoise bougent.
Le poing en l’air de Pierre Karl Péladeau à l’occasion de son entrée en politique active est de plus en plus interprété comme ayant constitué le symbole de ce qui arrive actuellement: l’appétit pour l’indépendance n’existe pas.
Pendant qu’on se divise dans la très grande majorité qui n’appuie pas le PLQ pour diriger le Québec, c’est quand même ce parti qui se maintient au pouvoir.
Un autre groupe se propose d’ailleurs de diviser encore davantage autour de Paul St-Pierre Plamondon, mais ça, c’est une autre histoire.
Je préfère pour le moment analyser le consensus d’un très grand nombre de leaders qui constatent que la mise de côté du projet souverainiste permettra au moins qu’on cesse d’agiter l’épouvantail référendaire contre les Québécois.
Peut-être le mouvement des plaques dont je parlais plus haut pourrait mettre fin au cercle vicieux qui agit de manière à ce que nous choisissons par défaut un parti qui est «contre» pour nous gouverner.
Il serait grand temps qu’on vote «pour» un projet de gouvernement plutôt que «contre» un pays imaginaire dont la preuve est une fois de plus faite qu’il n’y pas d’appétit pour ce faire.
Certes le Québec ne s’entend peut-être pas bien sur ce qu’il veut et il faut en débattre.
Mais quand autant de gens expriment clairement ce qu’ils ne veulent pas (je fais référence entre autres au taux d’insatisfaction contre le gouvernement de deux électeurs sur trois actuellement), il y a lieu de chercher à se regrouper et enlever du paysage ce qui sert à nous manipuler : la menace référendaire!
Si Pierre Karl Péladeau ne comprend pas ce fait, ce sera son problème et il vivra avec les conséquences.
Il ne pourra pas dire que des signaux clairs ne se sont pas rendus jusqu’à lui.
Le signal envoyé par Camil Bouchard cette fin de semaine s’ajoute à celui de Stéphane Gobeil (plus récemment) et à celui de François Legault (en 2011).
Sortons du déni et agissons pour que le Québec puisse se définir à partir de ce que les Québécois veulent vraiment!
Mise à jour du 29 mars: Une BalaDOSE mettant en vedette le professeur Éric Montigny (ancien conseiller de Mario Dumont, fondateur de l’ADQ et auteur de La fin des Oui et des Non au Québec? Un clivage en déclin.) nous en apprend davantage sur le mouvement avéré des «plaques tectoniques» de la politique québécoise…
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