Note : Ce billet a d’abord été publié un 1er avril (merci de tenir compte de la date) au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
La fin de semaine sera bienvenue pour le président du conseil du Trésor et député de Louis-Hébert. C’est que depuis hier soir, il est aux prises avec des allégations de l’émission Enquête qui tendent à démontrer qu’il était «une source d’information stratégique et faisait avancer les dossiers de Marc-Yvan Côté au gouvernement».
J’aime mieux vous prévenir, ce billet constituera une bien molle défense de mon rival aux dernières élections générales de 2014, Sam Hamad. J’aurai essayé…
Manque de soutien du premier ministre
J’ai eu beau chercher depuis que la série de courriels obtenus par Marie-Maude Denis été dévoilée, je n’ai vu aucune trace d’un quelconque soutien de Philippe Couillard à Sam Hamad. En entrevue avec Paul Arcand, celui qui a toujours été gentil avec moi avait l’air un peu embêté de ne pas recevoir d’appui, mais au moins, il pouvait dire qu’aucun signe de désapprobation de sa conduite ne lui avait été donné.
C’est au moins ça.
N’empêche, habituellement, quand on traverse une mauvais passe, notre supérieur est toujours là pour s’enquérir de notre moral.
Affrontant seul l’adversité, Sam qui a été parmi les premiers à appuyer Philippe Couillard dans la course à la chefferie aurait été en droit de s’attendre à un peu plus d’égards.
Sans doute que d’ici le début de la semaine prochaine, il peut s’attendre au moins à un coup de téléphone.
L’amitié en politique
Dans les circonstances, on doit tout de même affirmer que les liens d’amitié avec Marc-Yvan Côté semblent demeurés intacts. J’en connais plusieurs qui auraient nié avoir été amis avec quelqu’un qui a été banni en 2005 du Parti libéral fédéral, mais M. Hamad a conservé la même ligne de défense, si ce n’est qu’il a avoué que leur dernière rencontre remonte à deux ou trois ans.
Dans la période des années 2011 et 2012, s’aurait été moche que deux ex confrères de chez Roche s’évitent ou se boudent alors qu’il y avait tant à faire pour créer de l’emploi à Rivière-du-Loup.
Si personne au Parti libéral du Québec n’avait envoyé le message que Marc-Yvan Côté était devenu persona non grata, pourquoi est-ce Sam aurait été celui qui aurait résisté aux contributions financières électorales de son ami, d’autant que les services demandés en contrepartie représentaient le «travail normal» d’un député ou d’un ministre ?
Sam Hamad a plus d’expérience en politique que la très grande majorité des députés et ministres actuels du gouvernement Couillard. Il sait mieux que quiconque comment agir dans ce genre de situation.
Enquête exagère souvent
Il faut voir que la dissidence de Renaud Lachance au moment du dépôt du rapport final de la Commission Charbonneau a eu pour effet de ternir le prestige et les effets de toge autour de l’émission Enquête. Quand l’équipe jadis menée par Alain Gravel avait tenté d’établir des liens entre Québecor et des paradis fiscaux, Pierre Karl Péladeau s’était empressé d’utiliser l’expression «pétard mouillé» pour qualifier la démonstration.
Je vois mal comment on pourrait blâmer Sam Hamad d’invoquer le même qualificatif dans les circonstances.
Enquête reproche essentiellement au député de Louis-Hébert et ministre du gouvernement Couillard d’avoir «poussé fort sur des dossiers d’aide gouvernementale pour Premier Tech et donné des informations confidentielles sur les délibérations au Conseil du Trésor».
Depuis quelques mois seulement, on a appris la composition du Conseil des ministres et connu les lignes importantes du budget par l’entremise d’un journaliste bien branché. M. Hamad aurait peut-être raison de se demander quelle est la différence avec ce que Enquête lui reproche ?
Et puis… comment Sam Hamad aurait pu savoir en 2012 que l’entreprise Premier Tech recevrait en avril 2015 un préavis de blâme de la commission Charbonneau pour « avoir participé à des stratagèmes de fausse facturation avec la firme Roche afin de contribuer à la campagne électorale » des libéraux (source) ?
Les gens sont devenus très exigeants envers les politiciens…
Pour la suite des choses
L’entreprise Premier Tech a bien précisé «qu’elle respecte les règles entourant le lobbying» et qu’elle «continue d’être pleinement engagée dans le respect des lois et des règles entourant toutes ses affaires».
Il y a tellement mieux à faire dans cette période difficile pour le gouvernement que se laisser dicter l’agenda politique par des reportages journalistiques «remplis d’insinuations et d’amalgames».
Le ministre Hamad soutient de «n’avoir jamais sollicité de membres de l’entreprise [Premier Tech] pour obtenir une contribution et insiste pour dire que les dons reçus dans les campagnes de financement respectent les règles».
Rien n’indique dans les courriels qui ont été «coulés» à Enquête que le ministre a sollicité «ces gens-là pour faire des dons».
Il faut vraiment croire qu’il y a quelque part une tentative d’associer le PLQ actuel à celui de la «période Charest».
Il en faudra bien plus que de découvrir que Sam Hamad et Marc-Yvan Côté étaient des amis pour incommoder le gouvernement dans cette période où les mauvaises nouvelles ne manquent pas.
Mon ex rival dans Louis-Hébert était cette semaine de ceux du gouvernement Couillard qui ont annoncé avoir «mis en oeuvre un peu plus d’une dizaine des 60 recommandations de la Commission Charbonneau» (source).
Cette information combinée au fait que le Commissaire à l’éthique et à la déontologie enquêtera sur les allégations devraient être suffisantes pour qu’on revienne aux « choses sérieuses », la semaine prochaine.
Il y aura bien quelques questions en Chambre sur le sujet, mais on devrait trouver une façon de sauver l’honneur du gouvernement.
Sam Hamad bénéficiera du soutien affirmé de tout le caucus libéral.
Je n’ai aucune raison d’en douter…
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