Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
On sentait bien que la réforme libérale de la gouvernance scolaire battait de l’aile. C’est maintenant chose faite, le projet de Loi 86 qui devait la concrétiser est mort, tel qu’annoncé par le ministre lui-même par l’entremise d’une entrevue accordée juste avant le conseil général du PLQ qui se tient cette fin de semaine.
Reconnu pour avoir l’oreille des dirigeants de commissions scolaires, le Parti libéral leur aura donné une grande frousse, finalement. Conséquemment, il laisse en plan les parents, les directions d’école et le consensus social bâti au fil des dernières années.
Pour quelqu’un comme moi qui milite pour l’école autonome, c’est un recul considérable, déjà que le projet de Loi 86 ne faisait pas beaucoup de millage dans la bonne direction.
Il semble donc que le ministre Proulx renonce à ces nécessaires changements non pas parce qu’il ne croit plus à leur importance, mais parce que la «chicane» autour du sujet l’empêcherait d’agir sur la réussite scolaire.
Dans la foulée, il propose un plan de match qui comporte la création d’un Ordre professionnel des enseignants qui ne fait pas l’unanimité auprès des syndicats.
On peut mesurer par son «grand courage» à traverser les chicanes, la confiance qu’il mène à bon port ce projet.
Je ne dis pas que les propositions de Sébastien Proulx ou celles contenues dans les résolutions du PLQ à débattre cette fin de semaine (à partir de la page 79) manque d’audace. Je pense que ce nouveau changement de cap est motivé par le contexte, tout comme l’abolition des élections scolaires était perçue par Yves Bolduc ou François Blais comme étant nécessaire.
La girouette de Ygreck est toute indiquée, dans les circonstances.
Le contexte change à une vitesse incroyable au bureau du premier ministre.
L’école jusqu’à dix-huit ans était jugée comme n’étant pas la bonne solution le 27 avril dernier par Philippe Couillard.
Dans quelques semaines, on pourrait arriver avec d’autres «bonnes idées» si le contexte change de nouveau, sait-on.
Qu’on me comprenne bien, je persiste dans mon appui à la maternelle 4 ans offerte à tous et dans la grande majorité des idées contenues dans les mesures du ministre. C’est seulement que j’ai autant espoir qu’elles s’implantent rapidement que j’ai espoir en la capacité du gouvernement du PLQ de démontrer du courage à faire face à l’adversité en général.
Dans les faits, le gouvernement ne change pas vraiment d’idée en éducation, il garde le cap sur sa politique d’écouter le dernier interlocuteur qui reçoit des applaudissements de la population.
Il est arrivé souvent ces derniers temps que François Legault soit applaudi pour ses propositions en éducation. Philippe Couillard a bien noté et promet maintenant l’école jusqu’à dix huit ans, sans aucune gêne.
Il ne faut pas bouder son plaisir de voir de bonnes propositions faire leur chemin dans les politiques des autres formations, dont celle qui est au pouvoir actuellement.
À deux ans (et quelques semaines) de l’échéance électorale, on pourra mesurer le progrès réel de certaines de ces bonnes idées «sur le terrain» et à ce moment, se réjouir. Ou pas.
Mais deux ans, c’est tout ce qu’il faut au gouvernement pour changer d’idée. Encore.
Il nous l’a admirablement bien montré dans les deux dernières années…
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