Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Ce n’est pas d’hier que des tensions transpirent dans l’actualité concernant la gouvernance des commissions scolaires. Un nouvel épisode concerne maintenant la suspension de la directrice générale de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) par la présidente elle-même, sur fond de guerre intestine.
La nouvelle de la suspension de Pâquerette Gagnon deux jours avant la présentation du mémoire de la FCSQ en commission parlementaire sur le projet de loi 86 avait de quoi étonner : « Selon Mme Gagnon, Josée Bouchard était insatisfaite de la présentation qu’elle [la directrice] avait préparée. »
On se doutait bien que la fin du mois d’avril apporterait un suivi à cette décision puisque la suspension « avec solde » n’était effective que « jusqu’à la rencontre des 22 et 23 avril du conseil général de la Fédération, l’instance suprême ».
On m’indique que la directrice générale est demeurée suspendue à l’issu de cette importante réunion, mais que le conflit s’est solidement envenimé. Un nouveau directeur par intérim a aussi été nommé, Yvan Gauthier (source).
On se souviendra qu’au printemps 2014 trois commissions scolaires s’étaient désaffiliées de la FCSQ « ulcérées notamment par l’indemnité de départ substantielle votée pour la présidente (Josée Bouchard) » (source).
On pourrait sans doute affirmer sans se tromper que l’assemblée générale des 27 et 28 mai 2016 pourrait connaître des moments de perturbation, même si on ne parle pas pour le moment de d’autres départs.
Il faut cependant tenir compte du fait qu’au moins deux commissions scolaires ont demandé (extrait de procès-verbaux à l’appui, 1 | 2 ) une « enquête indépendante » concernant cette suspension et aussi « concernant la gestion des ressources humaines et des ressources financières, notamment pour les comptes de dépenses… ». Au moins une autre commission scolaire propose (extrait de procès-verbaux à l’appui) une Motion de blâme à l’égard de la présidente de la FCSQ.
Pour que les choses soient claires, il convient d’ajouter que le conjoint de la directrice générale suspendue occupe le poste de directeur général de la Commission scolaire des Appalaches et a déjà travaillé à celle de Beauce-Etchemin (il aurait pris « sa retraite » en 2008 – source).
On le sait, la réforme de la gouvernance des commissions scolaires est actuellement sur la glace et le milieu de l’éducation est en attente d’une vision claire d’autant que le premier ministre lui-même a tenu des propos qui vont à l’encontre du contenu du projet de Loi 86.
De là à penser que la rentrée scolaire de l’automne se déroulera sur fond de tensions, il y a plusieurs évidences qui le démontrent.
Les commissaires qui ont l’impression d’avoir gagné leur point sur le statu quo actuel en matière de gouvernance vont-ils en vouloir à ceux qui ont milité pour une décentralisation vers les écoles ?
Ces mêmes commissaires vont prendre quel camp dans le conflit larvé entre deux officiers haut gradés de la fédération qui les regroupe ?
Ces tensions à haute altitude vont-elles influencer le ministre de l’Éducation dans sa conduite des prochaines étapes du cheminement de la réforme de la gouvernance scolaire ou sur l’élaboration d’une politique nationale en éducation qui pourrait passer avant le projet de Loi ?
Le moins qu’on puisse dire est qu’un épais brouillard et des risques d’orage caractérisent le climat actuel de la gouvernance des commissions scolaires.
N.B. Ma chronique de ce matin sur les ondes de BLVD 102,1 FM portait sur ce sujet.
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