Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Les dispositions de la nouvelle Loi sur les services de transport par taxi adoptée avant la fin de la présente session parlementaire ne s’appliqueront que dans 90 jours. Soit. Ce délai avant que ne soit maintenu le statu quo de l’échec du système de gestion de l’offre des permis de taxi ne donne que très peu d’espoir à l’innovation.
Le chant des sirènes d’un éventuel projet pilote a rallié la Commission jeunesse du Parti libéral qui s’opposait au Projet de loi avant qu’il soit envisagé par le gouvernement, mais ne me convainc pas d’un changement de la donne dans la gestion du transport des personnes au Québec.
Les derniers deux ans nous ont montré que le cocktail de transport disponible en milieu urbain ou semi-urbain (transports collectifs, véhicules libre-service, vélo, covoiturage) s’est profondément modifié sous l’impulsion entre autres des nouvelles plateformes numériques, elles-mêmes issues de la montée en puissance de l’économie collaborative.
Il y a eu progrès dans la compréhension de l’importance de ces enjeux, mais autant par les débats sur le Projet de loi 100 que par la décision de l’adopter et les circonstances de son adoption nous prouvent qu’il reste énormément à faire.
Aucun projet pilote négocié en 90 jours entre Uber et le gouvernement du Québec ne remplacera l’efficacité d’un vrai débat de société sur ces importants enjeux qui bouleversent les mentalités et la réalité d’une économie en profonde transformation.
Ce débat n’est toujours pas sur le menu, à court terme.
On continue d’essayer de régler à la pièce chaque problème qui survient par une approche en silos qui augmente les tensions et pellette par avant le nécessaire rendez-vous avec le progrès.
Qu’est-ce qui nous attend dans 90 jours ?
Sans doute le retour en force des tensions chez les chauffeurs de taxi. Sans doute aussi une plus grande frustration chez les consommateurs, incapables de profiter au Québec de l’augmentation de l’offre dans les services de transport limitée par des lois et des règlements qui datent du siècle dernier, malgré un rafraichissement cosmétique récent.
Je ne blâme personne en particulier et tout le monde en général portant le titre de député de l’Assemblée nationale du Québec.
Les députés ministériels sont embourbés dans des luttes de pouvoir internes et un manque flagrant de vision et de leadership.
Les députés péquistes et solidaires ont choisi le camp du lobby du taxi.
Les députés de la CAQ ont privilégié d’autres combats parmi plusieurs possibles. En laissant passer une mauvaise Loi qu’ils auraient pu bloquer et à laquelle ils s’opposent, ils reportent eux-aussi à plus tard une meilleure prise de conscience collective.
Je suis certain qu’ils ne croient pas plus que moi au fameux projet pilote en tant que réel agent de changements. «Rendez-vous en 2018» écrivent-ils. À classer dans le même panier que le fameux « on verra »…
Je suis amer, on peut le constater.
Mon collègue Claude Villeneuve décrit celui qui mène présentement la conduite du Projet de loi 100 comme étant une sorte de « figure de zombie politique: il est mort, mais il n’est pas encore au courant ».
Ça explique peut-être que tous ceux qui siègent veulent en finir au plus vite.
Mise à jour du 10 juin 2016: Taxi… Guy Chevrette quitte ses fonctions de négociateur
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