Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.
J’ai encerclé deux moments du Festival d’été de Québec sur mon programme papier étiquetés « curiosité / fascination ». Dans les deux cas, on parle de vedettes établies, mais je n’ai jamais assisté à un seul de leurs concerts. L’une se produisait hier soir sur les plaines, l’autre est au pigeonnier ce soir même. Cœur de pirate et Éric Lapointe ont en commun d’être des personnages fascinants…
Je ne suis pas leur parcours très attentivement, mais entre les controverses qui pimentent leur vie, leur musique reste incontournable. Ce sont des artistes qui ne laissent personne indifférent.
Si le personnage de Béatrice Martin – Cœur de pirate – sert plutôt bien le désir de conserver une certaine vie privée entre l’artiste et la jeune femme, pour ce qui est d’Éric Lapointe, tout se passe sous le même nom. La marque de commerce de chacun est bien établie.
Cœur de pirate est plus populaire en France, mais la sortie de son dernier album qui comporte plusieurs chansons en anglais lui a donné plus de rayonnement aux États-Unis et dans le reste du Canada où elle a fait plusieurs spectacles récemment.
À l’occasion de sa « carte blanche » d’hier soir, Alex Nevsky, Milk & Bone, Les Trois Accords, Loud Lary Ajust et Laura Jane Grace l’accompagnaient illustrant ainsi la largeur de son univers musical. Une dizaine de danseurs des Ballets jazz de Montréal a bonifié ses chorégraphies en danse contemporaine pendant quelques-unes des interprétations.
La démarche artistique de Cœur de pirate est empreinte d’ouverture à plusieurs styles et je ne suis pas certain que le vaste auditoire des plaines d’Abraham était prêt pour autant de diversité. Catherine Genest du Voir semble avoir été conquise, moi, je pense que je réfléchis trop.
J’aurais pris davantage de Laurence Lafond-Beaulne & Camille Poliquin et je me serais passé du punk rock de la nouvelle flamme de Béatrice.
Le spectacle était haut en couleur et il fallait être tout près de la scène pour en apprécier la richesse; les choix éditoriaux pour la transmission sur les grands écrans ont manqué cet aspect du concert.
La complicité de Cœur de pirate avec les artistes invités était à degrés variables. En fusion avec les danseurs et Les Trois Accords, on aurait dit qu’il ne fallait pas que Alex Nevsky l’approche de trop près.
Heureusement, les rappels de la fin (Comme des enfants / Oublie-moi) ont rallié tout le monde dans un plaisir démonstratif.
Pas de mots. pic.twitter.com/TzIuxY8v2S
— Coeur de pirate (@beatricepirate) 11 juillet 2016
Je ne sais pas si c’est vraiment important de « comprendre » le genre de personnage que représente Cœur de pirate pour apprécier l’art de Béatrice Martin, mais son petit côté « difficile à suivre » (virage nationaliste canadien franglais, sortie de placard côté orientation sexuelle, etc.) fait autant son charme qu’il empêche de s’identifier à elle.
J’ai très hâte pour les mêmes raisons de voir bouger Éric Lapointe sur la scène du Parc de la Francophonie et de me mêler à la foule qui viendra l’applaudir. Je sais déjà que sa musique attirera mon attention. Comme Cœur de pirate, certains de ses succès sont comme des vers d’oreille dont je n’ai aucunement envie de me débarrasser. Reste que chanson-velcro ou pas, c’est le fascinant personnage qui se donnera [ou pas] en spectacle ce soir et je ne sais pas à quoi m’attendre.
Éric Lapointe affirme que le FEQ « occupera toujours une place spéciale dans son coeur ».
J’étais prêt à me laisser convaincre hier soir et je serai tout aussi rempli d’ouverture ce soir.
Je n’ai pas vraiment besoin de voir sur scène les aspects les plus tourmentés de la vie d’un artiste pour apprécier ce qu’il me présente, cependant…
Mise à jour du lendemain: Je me suis laissé gagner par une performance hors de l’ordinaire de Éric Lapointe…
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