Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.
J’aime beaucoup me documenter avant d’aller à la rencontre musicale d’un artiste. Parfois, je pousse même l’audace jusqu’à rencontrer l’artiste lui-même. Cette fois, je n’étais pas prêt à aller jusque là. Reste que je suis très intrigué par le personnage « Mac Cormack » dont le nom figurait au programme du FEQ. Un nom à surveiller, je dirais…
Dans mes préparatifs pour le Festival d’été de Québec, il y a toujours beaucoup d’écoute musicale et de la lecture. Pour la soirée du 12 juillet, j’avais prévu me rendre à Place D’Youville avant le spectacle de Half Moon Run pour assister à la prestation de Pierre Flynn dont je suis fan depuis longtemps. J’ai manqué un très bon show de l’avis des internautes de mon réseau.
À la place, je me suis ennuyé au pigeonnier où je suis resté en allant reconduire ma conjointe, histoire de bien repérer la place qu’elle occupait dans une foule dense et festive. De fait, je n’ai plus bougé de là pour être certain de ne pas avoir à trop déranger quand je reviendrais.
Il faut aussi dire que j’étais curieux d’entendre la « bibitte » que constitue Jesse Mac Cormack dont le portrait fait par Émilie Côté avait titillé mon envie d’en savoir davantage.
Je suis sévère quand j’écris « ennuyé », c’est juste que le gars avait l’air de ne pas savoir qu’il était là, au milieu d’un endroit fantastique pour faire valoir son art. Attitude désinvolte, démarche brouillonne et échevelée, toujours en train de taponner après ses bidules, pas trop intéressé de communiquer avec le public… bref, j’ai eu beau essayer de m’intéresser à sa musique dont on m’avait dit beaucoup de bien, j’ai passé un moment ordinaire au FEQ dans cette avant première du programme principal qui lui, a dépassé toutes mes attentes qui étaient grandes.
Je n’ai pas classé « le dossier » Jesse Mac Cormack pour autant.
Je dirais même que ça m’a donné le goût d’en savoir davantage, d’autant que j’avais dans ma mire Rosie Valland dont j’ai effectivement découvert les mérites hier soir à l’Impérial, en première partie du spectacle de Marie-Pierre Arthur.
Un passage d’un article de Olivier Boisvert-Magnen du Voir m’avait beaucoup frappé. C’est Rosie Valland qui raconte : « Tout de suite après la rupture, j’ai appelé Jesse en quasi-braillant pour lui dire que j’étais dans la marde et que j’avais besoin de lui. Il a accepté tout de suite! Il était juste content de faire de la musique avec moi. »
Le musicien Mac Cormack qui a signé avec la même étiquette (Secret City Records) que Patrick Watson et The Barr Brothers semble posséder un beau talent de réalisateur.
Il a accompagné Rosie Valland bien sûr, mais aussi Betty Bonifassi, Emilie & Ogden, Mélanie Boulay des Soeurs Boulay et « il était partout au plus récent Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue » (source).
En février dernier le magazine les Inrocks le proclamait « nouveau héros de la folk moderne » (source).
Cette vidéo ne procure pas la même sensation qu’au moment de sa courte visite au Parc de la francophonie.
Rosie Valland parle de sa rencontre avec lui comme de « la plus déterminante du début de sa carrière » (source). C’était suffisant pour tenter de voir si à travers elle, je pouvais corriger ma première impression du soir d’avant.
J’ai été ravi de ma soirée. Le talent de Rosie Valland est indéniable. Très belle voix, très à l’aise à la guitare, belle présence sur scène de celle dont on m’avait prévenu qu’elle était « peu loquace »… franchement, c’est ma plus belle découverte jusqu’à maintenant. Ma soirée avait commencé avec une autre découverte, celle de Steve Dawson qui est un vieux routier du jazz et récipiendaire de deux trophées Juno. Elle s’est également très bien terminée avec un spectacle endiablé de Marie-Pierre Arthur. Très bien entourée par des musiciens comme François Lafontaine, Fred Fortin et Olivier Langevin entre autres, je me suis beaucoup plu dans l’univers musical de cette bassiste de plus en plus reconnue.
Mais en sortant de la salle, c’est à Jesse Mac Cormack que je ne cessais de penser.
Et si j’étais en train de passer à côté de quelque chose d’important ?
Je relisais quelques notes ce matin, dont ce passage de l’entrevue avec Émilie Côté…
« « Mais j’ai un gros ego, donc il faut que cela fitte et que tu me veuilles dans ton band ». Travailler pour un projet qui ne l’allume pas ? « Il ne faut pas. Je l’ai déjà fait et non… » No bullshit, ce Jesse Mac Cormack. Et c’est très bien comme ça. »
Le nombre de fois où je suis allé voir Jean Leloup et que je n’ai pas cliqué… je ne compte plus. Pourtant, Dieu sait qu’il demeure un artiste génial et que je ne pourrais pas me passer de sa musique.
Je surveillerai donc l’occasion d’un prochain rendez-vous avec Jesse Mac Cormack. D’ici là j’ai quand même beaucoup à explorer avec les deux albums de Rosie Valland, Partir avant et Nord-Est.