Guy Chevrette et l’économie des plateformes

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.

On aurait pu croire en juin dernier que l’ineffable porte-parole du Comité de concertation de l’industrie du taxi était « rentré dans ses terres » suite aux négociations tendues pour l’adoption de la Loi 100, mais il semble que la belle saison ait été propice à une réflexion plutôt qu’à un claquage de porte.

Guy Chevrette est donc revenu en selle, dans le dossier des chauffeurs de taxi.

Dans sa tournée des médias hier, il affirme que « l’industrie du taxi a compris et est prête à changer ».

Qu’est-ce qu’elle a compris ?

Quels changements sont prévus ?

Quand on écoute l’entrevue accordée par Guy Chevrette à l’émission du retour de ICI Radio-Canada Québec, on se demande si l’ex ministre du Parti québécois a vraiment changé, lui, de point de vue…

« L’économie de partage c’est pas ce que certains prétendent, là. L’économie de partage pour UBERx, c’est de prendre trois filles à Montréal et de leur charger 500 piastres pour les amener à Laval » – Guy Chevrette, à partir de 5:16.

On peut débattre du fait que l’entreprise UBER cadre parfaitement ou non avec la philosophie de l’économie de partage, aussi appelée économie collaborative, un mouvement dont l’Australienne Rachel Botsman est l’une des porte-étendards. Mais réduire le phénomène UBER à de l’exploitation pure et simple demeure une tactique douteuse qui ne mènera nulle part concernant l’industrie du taxi.

Depuis juin, il n’y pas beaucoup de faits nouveaux. Aucune information particulière n’a filtré concernant les projets pilotes que permet la Loi 100.

Avec l’acquisition de Taxi Diamond par Taxelco, on comprend que la turbulence ne vient pas seulement avec l’ubérisation de l’économie.

D’ailleurs, j’ai bien aimé lire cette entrevue avec le patron d’Uber France (Thibaud Simphal) qui réfère au terme « économie à la demande » pour parler du mouvement de certaines plaques tectoniques dans l’économie.

Issues du courant du « Digital Ecosystem Management », les tensions créées par la montée en puissance de « l’art de la monétisation des services digitaux avec un grand nombre de partenaires et une grande souplesse dans la construction des offres » (source) n’existent pas que dans le secteur des transports.

Ce qui fait dire à Thibaud Simphal qu’il devient « urgent de créer un vrai dialogue, entre toutes les parties prenantes » sur le sujet.

Et pas qu’en France…

Tant que les Guy Chevrette de ce monde voudront réduire les effets de la transformation numérique de l’économie à de la simple exploitation, on s’affrontera dans des chicanes stériles.

Je veux bien que le porte-parole du Comité de concertation de l’industrie du taxi défende avec vigueur l’intérêt de ses chauffeurs, mais il devra tôt ou tard, lui comme les autres, tenir compte de l’intérêt des consommateurs dans ses récriminations.

Si l’industrie du taxi et Guy Chevrette ont vraiment changé, ça devra se traduire dans une posture moins hostile envers l’idée que UBERx puisse prendre sa place légalement dans l’économie du Québec.

Et peut-être aussi qu’on devra jeter un oeil sur le fait que la transaction entre Taxi Diamond et Taxelco crée moins de concurrence dans l’industrie du taxi.

Quand je traitais de l’intérêt des consommateurs, c’est aussi de ça dont je voulais parler…

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