Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.
Mes trois garçons ont bénéficié de notre investissement dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE). L’idée que nous accumulions de petites sommes d’argent, disponibles pour eux seulement s’ils réussissaient des études postsecondaires a porté fruits.
Ma conjointe et moi sommes issus de familles très modestes. Nos parents disposaient de très peu de moyens et ils travaillaient très fort pour arriver à boucler les fins de mois. Je suis de ceux qui sans le programme gouvernemental de prêts et bourses n’auraient jamais pu décrocher un baccalauréat.
Quand nous avons décidé dans notre jeune vingtaine d’investir quelques dollars par mois à la Fondation Universitas, nous étions motivés par l’idée de prouver notre confiance envers les capacités de nos enfants.
Ce n’était pas un choix d’analyste financier basé sur des critères de rendement de nos maigres épargnes.
C’était un choix de parents désireux d’insuffler de la confiance à nos garçons.
On m’avait expliqué à l’époque (dans les années 80) que nous retrouverions le montant intégral de nos épargnes quand chacun des garçons atteindrait l’âge de 17 ans. L’idée de préserver notre capital quoi qu’il advienne nous plaisait.
Nous avons expliqué le fonctionnement de notre REEE à chacun de nos garçons au début de leur secondaire, de manière à ce qu’ils comprennent que s’ils négligeaient leurs études, ils s’exposaient à laisser de l’argent sur la table.
Ça peut paraître matérialiste que d’avoir ce genre de discussion avec des adolescents, mais pour nous, ces occasions ont toujours constitué des moments de « retour à la réalité »: faire des études, ça coûte des sous.
On était prêt à payer tout ce que c’était pour coûter – on leur disait même que ça nous ferait plaisir de le faire – et on épargnait à chaque mois en vue de leurs études.
On leur disait aussi: « Si vous réussissez dans vos études, il est même prévu que vous obtiendrez jusqu’à trois bourses d’études. À vous d’aller les chercher… »
Je me souviens que certains de mes garçons aient mentionné vers la fin de leur secondaire que nous aurions pu placer cet argent en dehors des « contraintes » de Universitas et que nous aurions probablement accumulé plus d’argent. J’expliquais à ce moment qu’il est arrivé souvent que le 40 $ ou le 50 $ à verser dans notre REEE nous demandait des sacrifices et que si nous ne nous étions pas donné cet engagement auprès de Universitas, peut-être que finalement il n’y aurait pas eu grand-chose dans leur fonds d’études.
On ne saura jamais… On a persévéré, dans ce cadre, avec notre petit pactole à chaque mois.
Quand chacun de nos enfants a eu 17 ans, on leur a montré le chèque qui nous remboursait nos épargnes et surtout, on leur rappelait que la balle était dans leur camp pour la suite…
D’un point de vue strictement comptable, je suis conscient qu’il aurait été possible d’accumuler davantage de fonds pour les études de mes garçons.
Mais pour nous, cette méthode d’épargne du REEE a bien fonctionné, d’autant qu’à partir de 1998 la subvention canadienne pour l’épargne-études s’est ajoutée, valorisant notre discipline à épargner. L’incitatif québécois à l’épargne-études est elle aussi venue, un peu plus tard.
Ce n’est sûrement pas le seul élément qui a joué dans la volonté de mes trois garçons à poursuivre des études universitaires, et à les réussir.
Mais j’aime à penser que le fait que leur mère et moi se soient disciplinés à chaque mois pour mettre de côté de l’argent pour favoriser leur réussite éducative ait pu contribuer à leur persévérance et à leur succès.
Le mérite de leur nombreux efforts leur appartient.
Mais je nous félicite à chaque jour d’avoir su épargner dans un cadre comme celui du régime enregistré d’épargne-études.
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