Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
On spécule souvent sur le nombre de ceux au Parti québécois qui seraient pressés d’enclencher le processus d’accès à l’indépendance du Québec. Qu’on les appelle « les pressés », les purs-et-durs ou encore les caribous… force est maintenant d’admettre que la dernière course au leadership les situe autour de 18 %. Ce n’est pas assez pour justifier d’appuyer sur l’accélérateur.
Martine Ouellet a recueilli 16,46 % au 1er tour, vendredi soir dernier. Elle a cumulé 17,67 %, une fois compilés les 2e choix de ceux qui ont appuyé Paul Saint-Pierre Plamondon.
Ce fait me semble être en concordance avec les résultats de la dernière course à la chefferie du Parti québécois : le candidat qui propose de ne plus proposer au Québécois un éventuel référendum sur la souveraineté du Québec a été élu avec une forte majorité.
Qui plus est, Martine Ouellet était la seule parmi les candidats à proposer clairement de le faire. On ne peut pas invoquer la division du vote.
Ce faisant, les membres qui se sont exprimés sur le choix d’un chef ont envoyé un message clair: ils appuient Jean-François Lisée dans sa démarche de marginaliser le processus d’accès à l’indépendance du Québec.
Je crois qu’on peut aussi dire que les membres du PQ sont au diapason de ce que pense une forte majorité de Québécois. Le sujet ne figure plus dans les priorités des citoyens.
Tout cela est bien logique.
On pourra conséquemment déduire que si les défis de Jean-François Lisée sont nombreux, son élection à la tête du Parti québécois ne vient pas avec le boulet du référendum à trainer.
Ce n’est pas rien 18 %, mais personne ne pourra faire croire qu’il s’agit d’un courant dominant dans le parti.
Jean-François Lisée lui-même se semblait pas si sûr au moment de proposer ce qu’il a proposé que les membres seraient si nombreux à le suivre dans cette tangente.
On sait maintenant que c’est le cas.
On est plusieurs ces jours-ci à remarquer que des officiers du Parti libéral du Québec ont décidé de faire abstraction du fait que la possibilité que le sujet de l’indépendance du Québec ne puisse pas « être joué » avec autant d’efficacité qu’il ne l’a été dans la dernière campagne, mais bon… on verra.
La balle est dans le camp des libéraux. Et des autres formations politiques, je dirais.
Même François Legault doit en prendre acte: il faudra se trouver d’autres thèmes porteurs pour la campagne électorale de 2018. Pour Françoise David ou Sol Zanetti, ça pourra peut-être constituer l’inverse…
Moi, j’en prends acte, en tous les cas, et je suis très satisfait.
Il me semble que ça va nous changer.
Que peut-on anticiper des thèmes qui seront mis de l’avant ?
Je me contenterai aujourd’hui de faire un appel à tous: surprenez-nous!
Il y a au Québec de multiples enjeux qui peuvent potentiellement intéresser l’électorat.
Je vous écrit ce billet d’aujourd’hui d’une chambre d’hôtel à Paris.
Je ne surprendrai personne en écrivant que les sujets politiques qui prennent toute la place en France dans l’actualité ne concerne pas la mise en veilleuse de l’option référendaire par le Parti québécois.
Aucune couverture médiatique sur ce sujet. Rien, nada, zéro.
On s’intéresse aux primaires françaises et au deuxième débat Trump vs Clinton.
Nicolas Sarkozy occupe l’avant plan avec un rassemblement d’envergure qui semble avoir été réussi. Ingrid Betancourt était sur place pour appuyer l’homme aux multiples vies politiques.
On parle beaucoup aussi d’un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy (Patrick Buisson) qui « considère que l’ancien président de la République n’a pas été à la hauteur de sa fonction » (source).
Bref, c’est dans l’indifférence totale qu’on a accueilli ici l’élection de Jean-François Lisée à la tête du Parti québécois.
Je ne dis pas cela pour être méchant, je crois que c’est dans l’ordre des choses.
En France aussi, on a pris acte depuis un bon bout de temps que l’élection d’un nouveau chef au parti de ceux qui ont déjà fait la manchette pour leur volonté de se doter d’un pays n’allait pas changer la tendance lourde.
On est ailleurs, et c’est très bien ainsi.
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