Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Contre l’idée d’offrir des baisses d’impôts aux Québécois, le nouveau chef du PQ a raté sa première question à l’assemblée nationale et s’est empêtré dans le dossier de la convergence progressiste avec QS. Le stratège et habile tacticien n’avait sûrement pas prévu un départ aussi peu flamboyant…
Une semaine en politique c’est bien peu, même si c’était celle de la rentrée parlementaire de Jean-François Lisée à titre de nouveau chef élu au Parti québécois.
Il reste bien peu à se mettre sous la dent au terme de cette semaine mouvementée.
Même les résultats du premier sondage avec Jean-François Lisée à la tête du PQ n’ont rien pour exciter les membres du PQ. Le spécialiste Bryan Breguet en parlant de « l’absence « d’effet Lisée » » affirme que la hausse de trois points du PQ « n’est même pas une hausse statistiquement significative ».
Le thème de l’économie et des régions pour sa première question à l’Assemblée nationale
Le long préambule de sa première question a fait en sorte qu’il n’y avait toujours pas de question de posée à la fin du temps qui lui était permis.
D’ailleurs, l’utilisation d’une formule remplie d’ironie dans ce préambule me laisse perplexe. Jean-François Lisée savait que plusieurs observateurs de la scène politique seraient au rendez-vous de cette première intervention et il a tout de même choisi ce bizarre de ton, pas clair, qui a fini par mêler tout le monde y compris lui-même. Lisez par vous-même…
Lisée contre des baisses d’impôts
On a aussi compris de cette première journée parlementaire du chef de l’opposition officielle qu’il fallait opposer « baisse d’impôts » et « services à la population », comme s’il n’était pas possible de faire les deux pour s’assurer d’une certaine relance de l’économie.
En se prononçant dès le départ contre « d’éventuelles baisses d’impôts que pourraient proposer le gouvernement Couillard », il a non seulement joué le jeu de François Legault qui avait choisi ce thème pour sa rentrée, mais il l’a aidé à mieux le définir :
Union des partis progressistes dans Verdun
L’autre thème qui a permis tout autant au chef de la Coalition avenir Québec qu’à celui du Parti libéral de continuer à le définir est celui de « la convergence à gauche » sur l’échiquier politique.
Reprenant l’idée de Pierre Karl Péladeau (la convergence souverainiste), mais l’appliquant à la sauce progressiste, Jean-François Lisée a invité Québec solidaire « à agir pour le bien commun » (source).
Il s’est fait dire non « deux fois en 24 heures »…
J’ai déjà écrit que Jean-François Lisée voulait se faire dire non.
Reste à savoir si son plan va donner les résultats espérés, parce que pour le moment, cette stratégie semble plutôt aider les autres formations politiques à lui coller un profil qu’il n’a pas choisi…
Le projet de M. Lisée relève plus de la tactique médiatique que d'une proposition réaliste. #polqc #partielles2016
— Manon Massé (@ManonMasse_Qs) 17 octobre 2016
Si cette première semaine parlementaire n’a pas constitué une grande réussite pour Jean-François Lisée, il ne faut pas compter sur le nouveau chef du Parti québécois pour s’en offusquer.
M. Lisée est un politicien d’expérience qui possède une grande capacité d’adaptation.
Comme tous les chefs en arrivant, il aura lui aussi besoin d’une certaine période pour trouver ses marques.
On avait peut-être mis la barre un peu haute dans son duel avec Philippe Couillard, mais Jean-François Lisée n’a pas nécessairement besoin de la période des questions à l’Assemblée nationale pour devenir un chef capable de s’affirmer pour son parti et entrainer vers le haut des résultats électoraux.
Il devra tout de même s’assurer de se définir pour ses valeurs, non de laisser ses adversaires prendre avantage de ses moins bons coups.
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