Je me suis éveillé ce matin en consultant le message du président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui me place dans la même équipe que Pierre-Yves McSween et Lise Ravary, celle des gérants d’estrade.
Un texte qui peut instruire tous ces gérants d’estrade dont @PYMcsween @MarioAsselin @liseravary https://t.co/anU8cHQ8dv #polqc #EduQc
— Sylvain Mallette (@naivlysettellam) 1 mars 2017
Sur le coup, je me suis dit que j’étais en bonne compagnie et qu’il n’y avait rien de bien offensant à se retrouver du même bord que ces deux professionnels dans le dossier de l’implantation du cours d’éducation financière en 5e secondaire.
Je n’ai donc pas offert de répartie à M. Mallette.
Ce midi, j’ai senti le besoin d’agiter les touches de mon clavier d’ordinateur pour préciser ma pensée sur deux sujets évoqués par la tweet de Sylvain Mallette.
Les gérants d’estrade en éducation
Le choix de l’expression « gérant d’estrade » nous renvoie à l’insupportable pub de la FAE qui laissait entendre que le débat public en éducation n’appartient qu’aux experts dans la classe. Pour reprendre l’expression de l’auteur de ce billet hyperlié plus haut, Sylvain Dancause (lui-même enseignant, donc syndiqué, et signataire de la pétition Sauvons le cours Monde contemporain) :
« Si l’intention pédagogique derrière ce message [la pub] est de valoriser la profession, je crois qu’il s’agit là d’un flop monumental. »
M. Mallette semble avoir fait fi de ces critiques et souhaite persévérer dans l’utilisation de cette expression disqualifiante, à savoir, que certains intervenants dans le débat sur l’implantation du cours d’éducation financière donneraient leur avis sans vraiment être impliqués dans le sujet.
Selon ce que laisse entendre M. Mallette, M. McSween, Mme Savary, moi et d’autres aurions besoin « d’être instruits » par ce texte de Marie-Claude Morin, Votre ado en classe de finances perso?.
Je comprends en premier lieu que la journaliste économique Marie-Claude Morin n’est pas – elle – une « gérant d’estrade ».
Mme Morin exprimant un point de vue qui plaît à M. Mallette, elle n’est pas disqualifiée pour le débat en cours.
Grand bien lui fasse.
J’imagine que Pierre-Yves McSween est devenu « gérant d’estrade » quand il a offert son opinion suite à celle de M. Mallette à l’émission de Benoît Dutrizac.
Dans le cas de Lise Ravary, j’ai repéré cette chronique, Au-delà du réel, qui lui a possiblement value d’être disqualifiée aux yeux du président de la FAE.
Mon cas est plus facile à « régler », il m’est arrivé assez souvent de débattre publiquement sur certains enjeux avec M. Mallette. Ce billet, La démonstration de force de la bureaucratie scolaire, n’a pas dû aider « ma cause »…
Bref, je déduis qu’au moment où vous ne partagez pas l’opinion de M. le président de la FAE sur un sujet, vous vous exposez à faire partie de l’équipe des gérants d’estrade.
Bienvenue à tous…
Le cours d’éducation financière et les banquiers
Je soupçonne Sylvain Mallette de beaucoup aimer le texte de Marie-Claude Morin parce qu’il établit un lien fort entre « le matériel fourni par des institutions financières » et l’enseignement du cours.
Sous le prétexte de défendre les conditions de travail des enseignants syndiqués, M. Mallette semble en avoir beaucoup contre le principe du cours d’éducation financière. Au-delà de ses arguments « contre » la démarche actuelle du ministre de l’Éducation, sa croisade contre l’influence prétendue des banquiers ressort clairement de plusieurs de ses messages.
Je lisais ces derniers jours que le bras de fer syndical se poursuit dans ce dossier et il n’est pas étonnant que certains défenseurs du cours soient interpellés comme nous l’avons été ce matin par le président de la FAE.
Pourtant, je suis sensible aux inconvénients créés par le choix du ministre dans l’enseignement du cours Monde contemporain. C’est sur l’aspect de ce qui risque de manquer à la formation des élèves que je m’inquiète, surtout. En me traitant de « gérant d’estrade », M. Mallette tente de me disqualifier, mais à certains égards, il serait surpris s’il prenait la peine d’échanger plus avant avec moi de ne pas trouver mes opinions aussi tranchées qu’il le perçoit.
J’ai discuté avec plusieurs des signataires de la pétition « Sauvons le cours Monde contemporain » et je respecte plusieurs de leurs arguments POUR le maintient de ce cours dans la formule qui existait. Je comprends d’ailleurs de ces gens qu’ils ne sont pas en croisade CONTRE le cours d’éducation financière ce qui est à leur honneur.
Surtout, ils n’ont pas tendance à me crier des noms… ce que j’apprécie beaucoup.
Si M. Mallette m’oblige à choisir une équipe, j’accepte sur ce dossier de l’implantation du cours d’éducation financière de faire partie de celle des « gérants d’estrade », avec Pierre-Yves McSween et Lise Ravary.
Je m’y retrouve plus confortable avec mes valeurs… même si politiquement, je n’aurais pas « réglé » ce dossier de la manière choisie par le ministre.
Un autre évènement présent dans l’actualité ce matin me commande beaucoup de méfiance envers ces « réflexes syndicaux » qui consistent à « défendre certains droits » des travailleurs, à tout prix, en toutes circonstances, même quand l’esprit de la loi ne le requiert pas du tout.
Je sais bien que l’institution de la CCQ n’est pas un syndicat, mais quand elle agit comme elle l’a fait avec des bénévoles, elle tient le même discours que celui du président de la FAE : le bien des élèves est subordonné en toutes circonstances à l’interprétation/l’application (vraie ou fausse) des lois du travail et les tribunaux représentent une bien meilleure solution que le dialogue et la négociation.
Mise à jour du lendemain : Une internaute me rapporte que dans cette entrevue (autour de 37:50), le même Sylvain Mallette traite également les parents de « gérants d’estrade ».
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