Je soupçonne la Commission scolaire de Montréal (CSDM) d’avoir organisé son assemblée de placement bien avant de connaître les réels besoins du nombre d’enseignants suffisants pour que toutes les classes aient leur titulaire.
Déjà en mars 2017, on prévoyait devoir recruter jusqu’à 850 nouveaux enseignants.
Résultats, sur les quelques 8 000 classes que compte la CSDM, près de 70 sont actuellement orphelines d’enseignant. Compte tenu des façons de faire en éducation dans le réseau public, on peut s’attendre à beaucoup de roulement dans le personnel enseignant, dans beaucoup d’écoles à Montréal.
70 classes sur 8 000 (moins de 1%), ce n’est pas beaucoup diront certains. Si vous ajoutez le nombre de ceux qui vont se prévaloir du jeu de domino (il y a toujours «moyen» d’améliorer son sort, l’employeur n’étant pas l’école mais la commission scolaire), ça risque de faire plusieurs élèves perturbés par l’incapacité de se représenter concrètement l’adulte en autorité avec qui on pourra cheminer en ce début d’année scolaire.
On se souviendra qu’en juin 2017 on avait répertorié un cas où 10 suppléants en 5 mois avaient été en contact avec des élèves montréalais d’une même classe.
Aujourd’hui, c’est une personnalité relativement bien connue du public qui monte aux barricades: Anaïs Barbeau-Lavalette. Dans cette entrevue radio-diffusée ce matin, elle raconte que son garçon de 1re année «s’est retrouvé dans une classe sans enseignant à l’École Saint-Arsène, à Montréal».
« Cette personne devait être sa référence d’adulte dans la jungle de cette école. Quand on est arrivés, il avait très hâte et il a rapidement arrêté d’avoir hâte, comme les 19 autres élèves de sa classe. Il s’est retrouvé dans une classe où il n’y avait pas de professeur. »
Vingt jeunes élèves sans enseignant pour débuter leur parcours scolaire, c’est une rentrée gâchée (en 1re année, encore davantage) de trop. Imaginons le nombre d’élèves qui seront touchés à un moment ou à un autre de ce début d’année et on comprend pourquoi ce sujet risque de s’enflammer rapidement dans l’opinion publique…
J’ai déjà écrit sur le calvaire des nouveaux enseignants qui se retrouvent plus souvent qu’autrement aux premières loges de ce cet excès de mouvement du personnel dans les écoles. Je ne voudrais évidemment pas ajouter à leur désarroi qui est déjà très élevé, dans les circonstances.
Le problème réside dans la lourdeur de la bureaucratie scolaire.
Les conventions collectives ont établi des règles du jeu horrible pour les enfants et leurs parents en matière d’affectation.
On n’a qu’à regarder le cas de l’école Rose-des-Vents (d’une autre nature sur le plan des enjeux, j’en conviens) qui a été « réglé » devant le Tribunal administratif du travail pour mesurer l’ampleur des dédales bureaucratiques qui affligent parfois (trop souvent) l’école publique, au Québec.
Cela dit, si le « modèle » des commissions scolaires a encore un peu d’avenir, je recommande à toutes les parties prenantes de s’occuper rapidement de ce problème d’effectif.
Il est absolument intolérable que des enfants débutent l’école dans ces circonstances au Québec.
Je soutiens tous les parents qui ont à composer avec cette pénible situation et demande, avec eux, que les adultes règlent rapidement leur problème de gouvernance comme s’ils étaient les parents de ces enfants qui ne méritent pas ce qui leur arrive.
À suivre de très près…
Mise à jour du 1er novembre 2017: «Sept enseignants en deux mois à la maternelle».