En Commission parlementaire sur le sujet de mes deux derniers billets (1 – 2), le « père de la loi-cadre sur le livre » (Loi 51) a donné son appui total au contrôle des prix. Fait étonnant, il a affirmé lors de sa présentation qu’il ne croyait pas au déplacement de la consommation, des magasins de grandes surfaces aux librairies, dans le contexte où un règlement empêcherait les Costco, Wallmart, etc. d’offrir des rabais de plus de 10% : « Les habitudes sont prises pour beaucoup de gens et on ne changera pas ça du jour au lendemain ». M. Vaugeois parle « d’un effet psychologique » !
La journée d’hier s’est avéré intéressante avec l’intervention d’une représentante de la Fondation pour l’alphabétisation qui s’oppose au projet de règlement pour éviter que les prix du livre augmentent. L’intervention de Ejan MacKaay (Cirano) a aussi été percutante parce qu’elle a démontré que les pays qui légifèrent pour contrôler les prix des livres neufs éprouvent encore beaucoup de problèmes de bibliodiversité.
J’ai évidemment été un spectateur très attentif à la présentation de Clément Laberge (De Marque) qui, s’il appuie le projet de réglementation de la Table du livre pour ce qui est de l’imprimé, prend ses distances pour ce qui est du livre numérique. Son mémoire est sans équivoque…
« Je pense qu’il faut, à cet égard, aborder la question autrement qu’on a pu le faire pour le cas du livre imprimé. Non seulement parce que le marché est encore naissant et que son organisation est embryonnaire, mais aussi (et peut-être surtout!) parce que s’il est difficile d’envisager des changements de prix fréquents dans le cas du livre imprimé — pour des raisons logistiques évidentes — cela est tout à fait possible pour les livres numériques. (…) Pour cette raison, je pense que dans le cas du livre numérique, il ne s’agit pas tant de déterminer une période pendant laquelle le prix du livre ne pourra pas varier, mais plutôt d’établir clairement que c’est à l’éditeur de déterminer le prix des livres qu’il publie, en tout temps, en fonction des contrats qui le lient à ses auteurs et des risques financiers qu’il a pris pour les publier. »
Si j’ai bien compris, pas question de limite de rabais et pas de prix règlementé pour neuf mois (l’utilisation du gras dans l’extrait n’est pas celle de l’auteur du mémoire).
Enfin, je partage le point de vue de Clément sur l’importance « d’adopter des normes et standards publics et ouverts dans le but d’assurer une meilleure interopérabilité des différents appareils et formats de fichiers » pour le livre numérique.
La Commission parlementaire poursuivra ses activités lundi prochain.
À suivre…
N.B. Je veux aussi garder la trace de ce premier – de deux – éditoriaux de Mario Roy de La Presse.
Ajout : Le second éditorial, « l’ennemi ».
Ajout : Paru au Journal Le Quotidien au Saguenay, « Le virage numérique manqué ». Aussi, voir du côté du blogue Ma vie sans papier : « Débat sur le prix unique du livre (au Québec) : un bel écran de fumée ? ».
Tags: "Coalition Avenir Québec" "Le livre les lecteurs et le numérique"
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