Je profite de la parution de cette quatrième édition du Carnaval des blogues en éducation pour diffuser les résultats d’une vaste enquête réalisée auprès de 2 000 futurs enseignants, de plus d’une centaine de superviseurs et de 420 enseignants associés.
L’objectif de l’étude menée par la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation (plus de renseignements sur le site de Thierry Karsenti, titulaire de la chaire) était d’observer l’intégration des TIC dans la formation à l’enseignement et le travail des nouveaux enseignants. Les neuf universités québécoises ont participé au projet ce qui rend compte de l’envergure du travail. Traduire dans ce billet l’ensemble des résultats risquerait d’allonger beaucoup la lecture. Pour ceux qui voudront regarder tout ça de près, je propose de consulter ces diapositives en format «.pdf» (11.3 Mo) qui forment les résultats globaux quantitatifs de l’étude.
Après en avoir discuté avec les chercheurs, je me propose plutôt d’évoquer les grandes lignes à retenir de cette vaste enquête. Il est clair que la compétence TIC des étudiants en enseignement de nos universités québécoises se construit. Cette progression n’est probablement pas celle qui permettra à chacun de pouvoir envisager l’utilisation des TIC en classe, mais elle a permis aux étudiants d’apprendre leur futur métier. La recherche montre que les étudiants de troisième et de quatrième année sont branchés (98,1% possèdent un ordinateur à domicile et plus de 90% possèdent un lien Internet) et qu’ils considèrent maîtriser assez bien le traitement de texte, les logiciels de présentation, le courrier électronique et la recherche sur Internet par différents outils. Fait intéressant, dans une forte proportion (82%), ils disent avoir utilisé les TIC pour s’aider à planifier leur enseignement. C’est ici que la situation commence à être moins rose… La proportion d’étudiants prévoyant faire vivre des activités faisant appel aux TIC est désolante (autour de 15% prévoient en faire vivre «souvent» ou «la plupart du temps»); et on ne parle pas de ce qu’ils ont en tête comme activités…
Dans leurs stages, 42% des étudiants disent se servir des TIC dans leur enseignement au moins à l’occasion; la majorité se trouve donc du côté «rarement» ou «jamais». Parmi les raisons invoquées, il y a «les difficultés d’accès, le manque d’activités déjà préparées (c’est très long bien construire une période d’activité d’intégration des TIC pour les élèves), le manque de temps et le sentiment de compétence plus ou moins présent.» Aussi, «le manque d’ordinateurs fonctionnels dans les écoles est la principale raison. Leur faible capacité de mémoire et leur lenteur sont aussi des obstacles qui ne favorisent pas l’utilisation des TIC», selon plusieurs étudiants…
Quand ils font utiliser les TIC, le traitement de texte, la navigation sur Internet et le courriel sont les types d’activités en cause. Par contre, près de 90% des étudiants-stagiaires disent ne «jamais» communiquer avec les parents d’élève par courriel (ou avec les élèves, près de 70%). Cette statistique dépasse le 70% quand on demande s’ils amènent les élèves à utiliser le courriel entre eux ou avec des experts; «jamais» à plus de 70%?!? 50% pour l’utilisation des forums, 74% pour le clavardage et jamais de création de pages Web à 74%; quant à l’utilisation de portfolio électronique, c’est «jamais» à 88%.
Les futurs enseignants se perfectionnent en utilisant des ressources dans Internet, mais là s’arrête le niveau de leurs initiatives. De fait, on peut conclure que les étudiants en enseignement ont appris et apprennent aux contacts des TIC, mais qu’ils envisagent peu de faire apprendre à leur contact… Le besoin au niveau de leur développement professionnel est grand, car la volonté semble au rendez-vous; c’est déjà ça de pris…
Ce rapport est édifiant. En effet il permet de voir que l’utilisation des TIC améliore la formation des futurs enseignants. Mais que l’intégration des TIC dans la formation n’entraîne pas un intégration dans la pratique enseignante de l’enseignant.
À l’analyse des blocages quand à l’intégration des TIC dans la pratique future des étudiants, il nous apparaît que la formation devrait plus se porter sur la mise en place de projets d’intégration faciles à reproduire sur le terrain. Ceci se remarque dans l’utilisation future du courrier électronique par les étudiants.
Cette étude ouvre la voix à une autre. En effet il serait intéressant de savoir comment il faut faire pour que l’intégration des TIC dans la formation motive l’intégration dans la pratique future de l’étudiant.