D’autres que moi auront mieux rapporté le témoignage de ce directeur de la Commission scolaire Eastern Townships, invité spécial au Colloque de l’AQUOPS. Les étudiants en éducation préscolaire et enseignement primaire de l’Université de Montréal et Audrey Miller de l’Infobourg ont rédigé de bons articles sur le passage remarqué de l’initiateur d’un des plus grands déploiements d’ordinateurs portables en milieu scolaire au Canada.
J’ai écouté l’allocution du passionné d.g. avec beaucoup d’attention. Son plaidoyer pour l’utilisation des nouvelles technologies pour stimuler des apprentissages nourriciers m’a paru efficace. J’ai apprécié qu’il énumère quelques résultats observables au primaire relié à l’implantation des ordinateurs dans les écoles de sa C.S. :
- Amélioration de la performance des élèves en lecture et en écriture.
- Réduction du taux d’absentéisme des élèves.
- Réduction des problèmes de comportement référés à la direction de l’école.
Aux techniciens dans les écoles, il n’a pas hésité à dire que la pédagogie doit être la première préoccupation de tout intervenant en matière d’implantation des TIC. Bref, le message d’un administrateur convaincu que la présence d’ordinateurs portatifs pouvait faire une différence pour la réussite scolaire…
Depuis l’écoute de sa conférence, j’ai laissé mijoter la portée de ses paroles. J’ai lu le vibrant billet de Gilles qui questionne l’organisation scolaire qui épuise l’initiative pédagogique («aucun temps de préparation, d’organisation pédagogique, de réflexion nécessaire à la réalisation de projets»). J’ai moi aussi constaté que le facteur «temps» était celui qui créait un maximum de disparité dans l’émergence de pratiques innovantes dans le secteur de l’éducation. Je vois bien que plusieurs enseignants qui se démarquent le font au mépris de leur qualité de vie personnelle et familiale. Est-ce à dire que tous les pionniers qui créent le changement «bénévolent» plus souvent qu’autrement? Est-ce que le cadre professionnel actuel d’exercice de notre profession exige le statut-quo en matière de stratégie pédagogique? Est-ce que ce cadre est si différent de celui de d’autres domaines comme la médecine, le droit, le commerce, l’économie ou l’agriculture, par exemple?
De bien grandes questions et bien peu de réponses. L’allocution de Monsieur Canuel me laisse tout de même une piste sur laquelle investir : la reconnaissance professionnelle. Je crois que ce qui tue l’initiative est le manque de reconnaissance davantage que la mauvaise organisation du travail. Il y a plusieurs façons de reconnaître le travail de quelqu’un. Personnellement, j’ai vu des enseignants (et bien d’autres professionnels) cheminer dans l’épuisement professionnel en consacrant peu d’heures à leur fonction d’emploi. Je connais des personnes qui mettent plus de soixante heures par semaine au boulot et qui sont très heureuses dans leur vie. Je sais que certaines personnes vivant proches de gens qui travaillent beaucoup ont de grandes réserves sur «le plaisir» de vivre à côté de certains «bourreaux de travail», mais il y a des exemples très positifs qui inspirent. La différence me semble se trouver dans l’isolement. Les heures qui isolent ne se reprennent pas; celles qui lient et relient nous grandissent toujours!
M. Canuel a terminé sa présentation en remerciant les collaborateurs de sa C.S. et il semblait sincère dans le crédit qu’il leur donnait au sujet de la réussite du projet qu’il mène. Voilà ce que je retiens de ce moment en sa compagnie…
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Bonjour Mario,
Je ne sais si tu te souviens de moi lors d’une rencontre au RIMA avec Clément ? Ce billet tardif pour rebondir sur l’intervention de R Canuel, trouves-tu qu’il ne se soucie pas assez de ce temps investi ? qu’il pense que ce temps ne devrait pas être si important… si l’Institution, les formations… étaient mieux organisés ?
Bien sûr que je me souviens Thierry; on n’oublie pas une personne avec un si beau nom 😉
On ne se soucie jamais assez du temps que nos collaborateurs passent « en surplus » de celui qu’ils doivent consacrer à leur travail. M. Canuel comme les autres j’imagine… Je ne sais pas trop. Je me souviens d’avoir dû ralentir les ardeurs de certains du temps où j’étais directeur d’école et dans la même journée, trouver que certains pourraient en faire plus. Pas facile à gérer cette problématique.
Mais ta dernière question nous mène sur une bonne piste : faire davantage d’efforts pour que le temps « officiel » soit mieux organisé. Il y a tellement de manques à ce niveau. Sans doute que ce devrait être notre première responsabilité de gestionnaire que de bien structurer les formations « sur le temps normal de travail »; de cette façon, nous augmenterions nos chances que chacun puisse bénéficier d’un meilleur équilibre entre le travail et les autres réalités de la vie…
Il me semble avoir déjà lu quelque part qu’une certaine autonomie dans les horaires de travail était une des plus grandes sources de valorisation professionnelle, avant une petite augmentation de salaire ou une promotion. Ça suggère quand même que les enseignants (comme les autres) ont des besoins différenciés sur cette question. Il demeure que ce temps donné n’est pas assez considéré et est trop souvent pris pour acquis…
Merci de ta visite Thierry.