Je me suis engagé hier à participer à un autre débat sur le sujet de la réforme. Une heure de discussion lundi en après-midi en compagnie de trois collègues. Nous serons animés par Joane Prince et son équipe.
Le principe de l’émission qui sera diffusée lundi soir prochain («Un autre regard»), c’est d’échanger des points de vue à la suite de l’écoute d’un documentaire d’une cinquantaine de minutes. Par exemple, l’édition du 3 avril dernier portait sur «l’école déroutée» et réunissait quatre personnes qui ont discuté pendant une autre cinquantaine de minutes par la suite.
En même temps que je terminais ma semaine de travail aujourd’hui, j’ai écouté le documentaire de Pierre Lefebvre, «La Réforme de l’enseignement, qu’ossa donne ?» qui précédera nos interventions. Je devrai l’écouter plus attentivement en fin de semaine, mais je peux dire qu’encore une fois, j’aurai à composer avec un point de vue très critique du socioconstructivisme et d’une vision de la réforme qui correspond beaucoup à celle véhiculée au début des années 2000. Les extraits sonores de François Legault, alors ministre de l’Éducation témoigne du choix éditorial de l’auteur; on le fait passer pour quelqu’un qui veut remettre l’école aux entrepreneurs et aux hommes d’affaires. On y présente la réforme comme une tentative d’asservir l’éducation de demain aux seules forces du marché. Ce qui serait utile aurait sa place, les connaissances étant plus souvent qu’autrement «méprisées». L’approche par compétence y est aussi traitée par le prisme du militaire, de ce qui peut servir à fabriquer un être humain qui devient la somme de ses capacités à savoir agir. Bref, un document sous le thème de l’alerte face à la menace de ceux qui veulent appauvrir l’école.
La question posée par Mme Prince sera «À qui profite la Réforme ?» Je serai sûrement tenté de répondre «À qui profite le désordre que plusieurs entretiennent au sujet du renouveau pédagogique?»
Ce qui frappe encore à l’écoute du document, c’est le souci des intervenants de réduire la réforme à la pédagogie qui serait dictée par les fonctionnaires (selon ce qui est véhiculé par le documentaire) et qui consisterait à ne plus enseigner; il s’agirait de faire découvrir en tournant autour du pot, on l’aura compris. Au passage, Piaget passe dans le tordeur et avec lui, tous ceux qui privilégient «le constructivisme». Qu’on se méfient des intégristes, je veux bien, mais à la première écoute, il m’a semblé que bien peu de distinction avait été faite entre les différents types de «socioconstrucuteur»… Enfin, ça reste à valider.
Je me présenterai aux studios de Radio-Canada avec un maximum d’ouverture envers ceux qui seront en ma compagnie. Je présume qu’ils sont des gens responsables qui défendent de bonnes valeurs, chacun les siennes et quelques-unes que nous aurons en commun. Paradoxalement, je suis plutôt d’accord avec une bonne partie des propos du documentaire. Je ferais partie de ceux qui condamneraient toute réforme qui mettrait à l’index tout ce qui serait, en apparence, inutile comme le jeu, la culture et les classiques. Je serais le premier à m’offenser de ne plus pouvoir permettre à un jeune de s’élever. Il me semble qu’accorder de l’importance au constructivisme, ce n’est pas adhérer de façon bête et méchante à l’idée que chacun a au-dedans de lui tout ce qui lui faut pour construire tout seul… Et puis, y a-t-il vraiment quelque chose d’inutile? L’utilité des connaissances ne serait-elle pas de pouvoir en produire d’autres une fois bien intégrées?
Enfin, je me dis que l’école centrée sur les besoins de chaque enfant et sur les apprentissages plutôt que sur l’enseignement raisonne pour certains d’une bien drôle de manière et il faut faire avec. Je veux dire que le défi est de trouver de nouveaux exemples, de nouveaux chemins pour s’expliquer et mieux se comprendre. Je suis emballé par ce que je vis dans les écoles et les autres lieux de formation que je fréquente. Je continue de lire beaucoup et d’apprendre sur ce qu’est apprendre et je suis convaincu que ce prochain débat va s’inscrire dans ce prolongement.
J’ai bien hâte à lundi. J’ai «des idées plein la tête»…
N.B. Tags pour Technorati : Éducation
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Billets de mon blogue les plus lus au fil du dernier mois
Rechercher
Commentaires récents
- ClementLaberge dans Les étudiants d’aujourd’hui ont des mimiques de poissons congelés
- Benoit therrien dans Projet Lab-école : il y a foule pour réinventer l’école
- Mario Asselin dans Magic Door suspend ses activités
- Marc dans Magic Door suspend ses activités
- Mario Asselin dans Une semaine après l’attentat de Québec
«À qui profite le désordre que plusieurs entretiennent au sujet du renouveau pédagogique?»
En effet, il est de plus en plus important de s’interroger sur le sujet…
Il me fait de plus en plus peur le nombre de personnes qui associent la «réforme» au strict apprentissage par la découverte. Pourtant, des gens comme Vygotsky me semblent avoir été fort explicites quant à la pertinence, voire la nécessité de l’accompagnement pour faciliter et accélérer l’apprentissage. Les concepts d’étayage et de zone proximale de développement sont riches à ce sujet. Mais on dirait que certains ont oublié une partie de l’histoire… Pourtant, nombre d’écrits plus récents portant sur une intervention qui laisse davantage de place à l’élève rappellent l’importance de l’enseignant dans la démarche d’apprentissage. En particulier, il y a une dizaine d’années, Ann Brown et Joseph Campione ont essayé de démythifier les légendes pédagogiques urbaines à propos de l’apprentissage par la découverte en arguant plutôt les bénéfices d’une approche par la découverte guidée. C’était dans «Guided discovery in a community of learners». Qu’a-t-on fait de tels écrits aujourd’hui?
J’en viens à croire que cette réforme est insaisissable, qu’elle défie toute description, et par conséquent toute critique. On nous dit qu’elle nécessite de grands ajustements de la part des enseignants, nécessite un changement de paradigme, de vision. C’est cette difficulté de changement qui pourrait expliquer des quelques effets négatifs à court terme.
Et pourtant on nous répète qu’elle ne rejette rien, ne bouleverse rien, n’empêche pas les enseignants d’enseigner ou de faire ce qu’ils ont envie de faire ou ce qu’ils croient bon pour les élèves. C’est comme si les enseignants étaient tout aussi libres de faire ce que bon leur semblent. Pourtant, nous avons vu de nombreux témoignages d’enseignants qui se sont fait dire par les conseillers pédagogiques que ce qu’ils faisaient n’était plus correcte et qu’ils devaient changer leurs pratiques. Cela me semble aller de soi si l’on accepte l’ampleur du changement.
Mais j’avoue avoir un peu de difficultés à concilier ces deux positions et à bien saisir ce qui pour vous constitue l’essentiel de la réforme. J’ai onc une question toute simple qui permettrait peut-être de m’éclairer. J’aimerais bien que l’on m’identifie quelles sont les changements qui sont demandés aux enseignants. Je ne parle pas des grands principes, mais des gestes quotidiens des enseignants. Quelles sont les pratiques que les enseignants devraient diminuer et celles qu’ils devraient augmenter?
Si j’observais deux enseignants en classe, comment reconnaîtrait-on un enseignant qui appliquerait les principes de la réforme d’un enseignant qui ne l’appliquerait pas?
Et que faire de tous ces gens qui appuient cette réforme et qui clament que la réforme met l’accent sur la pédagogie par projet, sur une pédagogie de la découverte, ou sur des apprentissages basée sur des situations- problèmes complexes? Ont-ils tous torts? Il y en a beaucoup il me semble, et des gens importants!
Je vais tenter de répondre à votre questionnement, M. Péladeau. Ceci constitue bien sûr mon opinion personnelle, et bien entendu, je ne prétends nullement détenir la vérité. Mais si cela peut faire avancer la discussion, je me lance.
L’enseignant « traditionnel » (attention, je ne suis pas péjoratif) suit un volume dans lequel la matière est décortiquée sur un an. Il regarde les savoirs qu’il doit « passer » dans la tête des élèves et organise ces savoirs selon sa logique propre (celle de l’enseignant, pas celle de l’élève!). Il enseigne ces savoirs (traditionnellement, au tableau, mais parfois il peut se servir d’un ordinateur, un rétro, etc. comme si c’était un tableau, etc.) ; en tout cas, il ENSEIGNE (il distribue la connaissance). Puis, il vérifie que les élèves ont bien digéré la chose en leur faisant subir des examens qui vérifient l’état de leurs connaissances. Il réajuste ensuite son enseignement selon les résultats des examens. Il est content s’il obtient une belle courbe normale car alors, TOUT est normal. L’enseignant traditionnel tient compte des élèves, mais il garde TOUJOURS EN TÊTE les savoirs qu’il doit arriver à faire passer dans la tête des enfants. Bref, c’est ainsi, grosso modo, que ça fonctionne depuis des décennies. C’est le cas ici de ce qu’on appelle généralement le paradigme de l’enseignant : J’enseigne, TU apprends.
L’enseignant « réforme » met beaucoup de soin à la préparation de situations d’apprentissage et d’évaluation complexes. Dans les SAE, l’élève recevra régulièrement de l’aide de l’enseignant. Il mettra aussi beaucoup de soin à l’élaboration de situation d’évaluation (où l’élève est en mode autonome). Les situations d’apprentissage doivent généralement tenir compte d’un ou deux domaines généraux de formation qui serviront d’axes de développement tout au cours du vécu en classe des situations. De plus, ces situations mettront l’emphase non pas sur les savoirs essentiels, mais bien sûr les compétences que l’on cherche à développer chez les élèves. Les savoirs viendront appuyer le développement de ces compétences. Ces situations bien préparées (on conseille ici aux enseignants de les élaborer en équipe-cycle), ils les feront vivre à leurs élèves. Puisque ces situations sont complexes, ce n’est plus le résultat qui compte (par exemple lors d’un test final ou la production d’un projet), mais bien les différents processus mis en place et développés par les élèves. À cet égard, notre enseignant réforme prendra le temps d’élaborer pour chacun de ses élèves un dossier d’apprentissage qui lui permettra, au bout d’un cycle de deux ans, de porter un jugement sur le développement des compétences du programme chez chacun de ses élèves. C’est pourquoi, cet enseignant aura D’ABORD pris le temps d’élaborer une situation complexe initiale que tous ses élèves devront passer en début de cycle de manière à pouvoir comparer cet élève à lui-même, mais aussi le comparer par rapport aux attentes de fin de cycle. Enfin, en classe, notre enseignant doit mobiliser beaucoup d’énergie pour accompagner les élèves, les guider, les réorienter, les recentrer sur la situation. Et, je le répète, il doit consigner les observations qu’il fera. L’enseignant réforme prendra l’enfant où il est et, par ces situations complexes (où tous les élèves de la classe devraient y trouver leur plaisir), l’amènera le plus loin possible. L’enseignant « réforme » gardera toujours en tête l’état du développement des compétences chez ses élèves (nécessité d’un dossier d’apprentissage) et réajustera les situations d’apprentissage et d’évaluation selon ses observations. À la fin du cycle (deux ans) à l’aide du dossier d’apprentissage et à l’aide des deux ou trois dernières situations d’évaluation (et à l’aide des échelles de niveau de compétence) il portera sur chacun de ses élèves un jugement les situant au regard du développement desdites compétences. On est ici dans le paradigme d’apprentissage : l’élève APPREND à développer ses compétences dans des situations riches et variées, l’enseignant élabore les situations en tenant compte des élèves et du PDF. La manière dont intervient l’enseignant lorsque l’élève est en SAE est laissée, bien entendu, au jugement de cet enseignant.
Je salue votre intervention M. Péladeau qui nous donne l’occasion de poursuivre votre questionnement et de tenter quelques réponses. Je constate tout comme vous dans les réseaux (privé et public), la difficulté «à saisir» l’essentiel du renouveau. Je crois que l’ère du bruit et du désordre doit céder le pas à une autre moins polémiste et source de malentendus. Nous devons continuer d’échanger; il n’est pas question de faire taire qui que ce soit. Mais nous devons le faire en évitant de se construire des murs autour de soi… qui enferment.
Je ne prétends pas posséder La vérité sur ce sujet. Je suis sûr que Gilles a commenté dans cet esprit. Après avoir été plutôt sceptique au début des années deux mille, vous avez constaté depuis quelques années que je prends position en faveur de ces changements. Car, changements il y a. Se centrer sur les apprentissages plutôt que sur l’enseignement, c’est un gros changement…
«C’est comme si les enseignants étaient tout aussi libres de faire ce que bon leur semblent.»
Il me paraît important que les enseignants conservent le dernier mot. Ça ne veut pas dire que des gens (conseillers pédagogiques, collègues ou supérieurs hiérarchiques) ne tenteront pas de leur faire valoir d’autres façons de s’y prendre avec leurs élèves. Si des intervenants vont jusqu’à dire «que telle stratégie n’a plus sa place et que c’est comme ça qu’il faut procéder», j’ai bien peur que ce sera difficile de s’en sortir connaissant le tempérament des enseignants. Gilles vient de nous offrir en deux paragraphes une bonne illustration des changements à effectuer. À la fin de son intervention, il affirme «La manière dont intervient l’enseignant lorsque l’élève est en SAE est laissée, bien entendu, au jugement de cet enseignant» et je crois que c’est dans cet esprit qu’un bon coach doit approcher un ou des enseignants.
«Quelles sont les pratiques que les enseignants devraient diminuer et celles qu’ils devraient augmenter?»
Je crois que l’enseignant doit développer plusieurs façons de pouvoir intervenir. Il doit augmenter le registre des possibles. S’il ne connaît qu’une façon de faire, il doit s’efforcer d’en apprendre une autre et ainsi de suite, guidé par les apprentissages que génèrent ses élèves dans leurs différences. Aussi, il doit apprendre à différencier ses interventions. Mieux connaître les caractéristiques des apprenants qu’il a devant lui au lieu de présumer qu’ils sont tous semblables et qu’ils apprennent tous les mêmes choses en même temps.
«Si j’observais deux enseignants en classe, comment reconnaîtrait-on un enseignant qui appliquerait les principes de la réforme d’un enseignant qui ne l’appliquerait pas?»
Pour faire court (c’est presque grossier, j’en conviens), je dirais qu’en interrogeant les deux enseignants, l’un me parlerait de comment ses élèves apprennent en me disant comme il y a contribué (tout en me disant ce qu’ils ont appris) et l’autre me parlerait de ce qu’il a fait en classe et de comment ses élèves s’y sont adaptés (tout en me disant ce qu’il a enseigné).
«Et que faire de tous ces gens qui appuient cette réforme et qui clament que la réforme met l’accent sur la pédagogie par projet, sur une pédagogie de la découverte, ou sur des apprentissages basés sur des situations- problèmes complexes?»
Il faut continuer à recadrer cette information dans la perspective de ce qui fait apprendre. Je crois vraiment que beaucoup d’enseignants vont essayer de passer d’une dépendance à une autre dans le paradigme de l’enseignement. Prendre du recul d’un matériel qui finissait par prendre la place d’un programme d’enseignement ne se fera pas en criant «ciseau». Je crois que l’approche de la situation d’apprentissage et d’évaluation complexe (SAE) dont Gilles parlait va contribuer à remettre les pendules à l’heure sur ce sujet. Pourtant, ce que Gilles a écrit dans le commentaire précédent n’est pas arrivé dans le discours hier matin. Ça fait un grand bout que la pédagogie de la découverte ne représente pas l’essentiel du changement à opérer (si ça a déjà été le cas…)
«Ont-ils tous torts?»
Je ne crois pas. Ça fait partie de ce que pourquoi je me demande de plus en plus souvent «À qui profite le désordre que plusieurs entretiennent au sujet du renouveau pédagogique?»
Le commentaire que je vais émettre précède celui de Gilles en termes de complexité pédagogique. L’idée qu’il contient pourrait néanmoins constituer un premier jalon mitoyen à poursuivre dans plusieurs classes, en particulier au secondaire.
Un certain Flanders s’est intéressé, au début des années 1970, aux interactions qui ont lieu dans les classes. Un de ses principaux constats a été le suivant: 70% du temps de parole est occupé par l’enseignant alors que les élèves ont l’occasion de faire autre chose que d’écouter dans uniquement 30% du temps de classe. En 1980, d’autres se sont intéressés à la même question. Résultat: même constat. 70-30. Les observations ont été répétées en 1999. Résultat: même constat. 70-30. Enfin, d’autres l’ont aussi fait plus récemment, en 2004 plus précisément, et ont obtenu les mêmes résultats.
Pourtant, il y a bien longtemps qu’on est au courant de la problématique des connaissances inertes qui est inhérente à une telle dynamique interactionnelle. Si je ne m’abuse, on peut même remonter jusqu’à Whitehead à la fin des années 1920. Cela commence à en faire des années d’histoire scientifique ignorées en éducation!
Si l’on était capable de ramener l’interaction à 50-50, ou même 60-40 en faveur de l’élève, ce serait déjà une nette amélioration à mon avis. 60% du temps où l’élève fait quelque chose… ne serait-ce qu’en respectant les conditions de l’apprentissage de R.M. Gagné, même si on est encore passablement dans une approche dont le centre est l’enseignant!
Par ailleurs, en ce qui a trait aux «grands principes», malgré tous les reproches qu’on peut leur attribuer, ils ont le mérite de fournir une marge de manoeuvre créative aux enseignants, qu’on considère comme étant des professionnels capables de jugement et de délibération, plutôt que des «faiseux de pizzas», sans vouloir insulter ces cuisiniers.
À qui profite le désorde? Voilà une bonne question et je vous avoue que j’ai bien hâte d’avoir votre réponse à ce propos, M. Mario.
Puisqu’on parle de désordre, j’aimerais vous faire part des points suivants. Dans mon école, nous ne savons pas encore si les élèves auront des évaluations de fin d’année en première année du premier cycle. Quand est venu le temps de faire les bulletins, nous ne savions pas sur quoi les évaluer… Il a même été impossible de remettre un sommaire de cours en début d’année aux parents.
Pour l’instant, la direction veut abolir les sessions d’examens en soulignant que ces derniers deviendront inutiles avec le renouveau et on va envoyer à la casse le lecteur optique qui servait à corriger les examens à choix de réponse parce que ces derniers ne sont pas dans l’esprit de la réforme. Moi qui enseigne surtout en cinquième secondaire, je n’ai reçu aucune formation quant à la réforme et je n’ai jamais eu de rencontre à ce sujet tant avec ma direction qu’avec un conseiller pédagogique.
À qui profite le désordre, je veux, mais qui le crée ce désordre?
M. Papineau,
La première chose à faire est de lire ce qui deviendra VOTRE outil de travail soit le programme de formation. Donc, allez voir le leader pédagogique de votre école (en général c’est le directeur d’école) et dites-lui que vous avez besion de temps pour vous approprier le programme. Normalement, puisqu’il y a des sous dans les écoles pour la formation « réforme », il devrait vous arranger la chose. Parfois, j’ai entendu des directions mentionner des choses du genre « Puisque tu es en cinquième secondaire, cela ne te concerne pas ENCORE ». De grâce, ne succombez pas à cet argument. Il est très important de comprendre TOUT le programme de formation, son esprit, ses subtilités. Cela demande du temps et, si ce n’est déjà fait, il faut commencer MAINTENANT.
En période de changement, le chaos est impossible à éviter. On peut juste le gérer pour apprendre à y voir plus clair dans une configuration à laquelle nous ne sommes pas habitués.
PS. Avec tous les commentaires que je lis ou entends un peu partout (tv, radio, forum de discussion) je me demande combien d’intervenants ont pris le temps de le lire, ce programme !!!
Bonsoir M. Jobin,
Sans méchanceté, j’ai plutôt l’impression que c’est mon directeur qui devrait lire le programme… : )
Dans le même ordre d’idée, je ne crois pas que ce soient toutes les directions d’école qui sont des leaders pédagogiques, justement.
Et quant aux formations sur le renouveau, elles ont lieu en même temps que nos rencontres de cinquième… La planification verticale est souvent inexistante et on nous répond que le programme, quant à la cinquième, est plus ou moins prêt… Que penser?
Bonsoir M. Papineau,
Bien sûr, le directeur devrait lire le programme et, si la cs est « sérieuse » elle aurait dû prévoir de la formation pour tous les directeurs de son territoire.
Allez tout de même lui demander cette formation. Il vous répondra peut-être non. Alors, envoyez-le ici, sur ce blogue (ou imprimez-le lui, s’il n’est pas très « TIC ») et il verra peut-être à modifier son attitude s’il se sent le moindrement concerné par cette réforme.
Et s’il ne veut toujours rien savoir, alors je considérerai que vous aurez fait votre devoir, et que seule cette direction sera responsable de la non actualisation du programme de formation dans son école. Ce billet sela là pour en témoigner.
Chacun ses responsabilités, et je suis un peu tanné que tout passe sur le dos des enseignants. Nos dirigeants ont un leadership pédagogique à exercer. C’est eux qui détiennent l’argent de la formation. S’ils exercent tout croche ce leadership, c’est sans doute un signe d’incompétence. Et on n’y peut malheureusement rien.
Croyez-moi : Imprimez ce billet et les commentaires. Et sur un refus de vous donner de la formation, déposez-le sur son bureau. Il réfléchira…
Autant j’apprécie une certaine précision de la part de monsieur Jobin (je tenterai de résumer ses propositions un peu plus tard), autant je trouve que vos réponses monsieur Asselin demeurent très évasives.
À ma question:
«Quelles sont les pratiques que les enseignants devraient diminuer et celles qu’ils devraient augmenter?»
Vous répondez qu’ils devraient faire plus de choses différentes et moins souvent la même chose. Mais quoi encore? Pouvez-vous être un peu plus précis? J’aimerais de votre plume lire ce que change concrètement la réforme pour l’enseignant dans sa classe.
À mon autre question: «Si j’observais deux enseignants en classe, comment reconnaîtrait-on un enseignant qui appliquerait les principes de la réforme d’un enseignant qui ne l’appliquerait pas?»
Vous me parlez non pas de ce que les enseignants font en classe, mais de ce qu’ils vous disent. J’oserais dire que si la première réponse est celle d’un politicien qui n’ose pas se mouiller, la deuxième est celle d’un directeur d’école qui n’a pas d’idée très claire de ce qui se passe dans les classes.
Vous passez beaucoup de temps à dire que notre description des changements proposés ne reflète pas la réalité de la réforme, mais vous demeurez toujours très flou lorsque vient le temps de préciser la nature très concrète de ces changements. (Je ne parle pas des grands principes, ou des idéaux un peu flous, mais des pratiques très concrètes des enseignants dans leurs classes).
Je précise ma demande et reprends donc les deux questions pour lequelles j’aimerais bien avoir une réponse précise de monsieur Asselin.
«Quelles sont les pratiques que les enseignants devraient diminuer et celles qu’ils devraient augmenter?»
«Si j’observais deux enseignants en classe, comment reconnaîtrait-on un enseignant qui appliquerait les principes de la réforme d’un enseignant qui ne l’appliquerait pas?»
Personnellement, j’ai tendance à privilégier les libérations de temps pour que l’enseignant se fasse d’abord sa propre interprétation du programme en le lisant plutôt qu’aller entendre celle d’un autre. Cela permet déjà un peu de sortir du modèle «j’ai la bonne réponse et je te transmets la bonne nouvelle». Ensuite, accorder des libérations pour que l’enseignant échange à propos de sa compréhension avec d’autres personnes qui l’ont lu (que ce soit des enseignants, CP, directions ou autres). Bref, qu’il la confronte, qu’il pose des questions pour la clarifier, qu’il en dégage une interprétation personnelle pour la comparer à celles d’autres collègues. Par la suite, des libérations pour qu’il débute la planification d’une activité réelle (avec de l’accompagnement) qu’il déploiera éventuellement dans sa classe. Et enfin, pour lui permettre de réajuster le tir en cours de route.
C’est un peu étapiste mon affaire mais on pourrait très bien partir autrement, par exemple, d’un cas vécu en classe et utiliser le Programme comme grille de lecture pour tenter de dégager quels sont les principes qui ont été mis de l’avant et quels sont les autres qui pourraient l’être éventuellement. Bref, faire de l’enseignant le point d’ancrage de la démarche plutôt que les paroles d’un CP, d’une direction ou d’un prof d’université qui vient présenter sa compréhension [partielle] qui risque d’être prise pour du cash par des gens qui sont avides de réponses; et pour cause.
Les formations, c’est intéressant, mais trop souvent nous dit-on qu’elles sont impersonnelles. Et quoi qu’on en dise, il y a aussi des études qui ont démontré leurs limitations en termes de réinvestissement dans la classe. De plus, quand j’entends des enseignants dire: «C’est bien beau tout ce qu’on m’a dit, mais moi, je ne peux pas me permettre de faire juste des projets dans ma classe. C’est utopique. Je vais manquer de temps pour le reste.» Ou encore: «Vous savez, il ne faut pas aller les voir pendant qu’ils travaillent en équipe, on nous a dit lors de notre formation réforme qu’il faut que les élèves découvrent par eux-mêmes le plus souvent possible.», je me dis qu’on a besoin d’autres modalités d’appropriation de la réforme.
Comme Gilles le disait, nous sommes en période de chaos. Le système d’éducation dans son ensemble est en déséquilibre. Pourquoi mettre sur un pied d’estale quelques personnes pour véhiculer la bonne parole du MELS? Certes, elles ont plusieurs choses intéressantes et pertinentes à apporter, mais cela ne justifie pas qu’on adopte encore souvent des approches grandement axées sur la transmission lors des formations réforme. L’ancrage doit davantage en être un de résolution de problème individuelle et collective.
«Quelles sont les pratiques que les enseignants devraient diminuer et celles qu’ils devraient augmenter?»
«Si j’observais deux enseignants en classe, comment reconnaîtrait-on un enseignant qui appliquerait les principes de la réforme d’un enseignant qui ne l’appliquerait pas?»
Il faut vraiment faire attention ici car ces questions tendent à réduire le rôle de l’enseignant à celui d’un technicien qui applique des formules. Rien dans le programme de formation (je sais, je suis tanant avec ça, mais je le répète, IL FAUT LE LIRE) ne force un enseignant à utiliser une méthode précise, car cela appartient au professionnalisme du prof.
Par exemple, si j’entre dans une classe et je vois un enseignant au tableau en train de « distribuer la connaissance », devrais-je conclure que c’est enseignant n’est pas réforme? Et bien, tout dépend. Cela dépend dans quel esprit cette « enseignement » est fait, et comment il s’inscrit dans la situation d’apprentissage complexe que sont en train de vivre les élèves.
Je le répète : si je vois un enseignant avec ses SAE i.e. des situations qui intègrent l’évaluation en cours d’apprentissage et qui utilient les critères d’évaluation du Programme (ils sont prescriptifs, ne l’oublions pas) je me dis qu’il y a de fortes chances pour que cet enseignant soit « réforme ».
J’ai fait une liste de comportements d’enseignants observés dans les dernières années dans l’école que je dirigeais et dans celles que je fréquente actuellement; les enseignants de ces écoles me semblent bien cheminer «côté réforme». Je vais me garder pour le moment de publier cette liste parce que je flaire deux pièges dans les interventions 11 et 12. Si je réponds à la demande d’identifier des pratiques à moins ou à plus privilégier, je risque effectivement de réduire le rôle des enseignants à celui d’un technicien ou que cette information soit prise isolément et hors de son contexte pour me faire dire que telle chose n’est pas «réforme» et telle autre l’est. L’autre piège (dans lequel je tombe probablement) est celui de prêter flanc à passer pour ce que M. Péladeau a semé, c’est à dire, me comporter comme «un politicien qui n’ose pas se mouiller, ou comme un directeur d’école qui n’a pas d’idée très claire de ce qui se passe dans les classes.»
Je trouve que les réponses offertes dans les interventions précédentes ne sont pas floues; aller plus loin ne me paraît pas si utile au moment où j’écris ces lignes. Je prends le risque de ne pas en dire plus parce que je ne me sens pas le besoin de prouver que je peux me mouiller davantage ou de démontrer que je sais ce qui se passe dans les classes.
Je vais relire la liste configurée dans une autre perspective et la faire relire aussi par d’autres. Peut-être que je changerai d’idée dans quelques heures ou quelques jours.
Très bonne question Mario: «À qui profite le désordre que plusieurs entretiennent au sujet du renouveau pédagogique?»
J’essai d’y répondre ici: http://pierrelachance.net/blog/index.php/2006/04/23/183-bonne-question-m-asselin
Au plaisir.
Je peux quand même dire qu’aucun enseignant observé n’a cessé d’accompagner ses élèves, n’a cessé d’expliquer ou ne s’est lancé dans 100% de ses interventions dans la pédagogie de la découverte ou dans celle du projet. Je peux aussi dire que les enseignants avec qui j’ai travaillé et ceux avec qui je travaille se questionnent, continuent de chercher et trouvent dans le programme de formation beaucoup de réponses. D’ailleurs, je m’étonne (comparativement à avant) de voir le document papier du PDF, usé, annoté et rempli de petits «post-it». Auparavant, je voyais cela en regardant les guides du maître des collections utilisées…
Je crois que monsieur Jobin amène un point très important, il faut LIRE le programme. Je suis en quatrième secondaire, donc exclu des décisions/consultations, mais j’ai l’oreille tendue à ce qui se passe. J’ai pu remarquer qu’il y a un paquet de « légendes urbaines » reliées au programme. D’être capable de dire à chaque aberration : « c’est écrit où que l’on DOIVE faire comme cela » est très libérateur. Il faut LIRE le programme afin de ne pas succomber aux ayatollahs.
Gilles m’a devancé avec sa mise en garde quant au type de question posée par M. Péladeau. La tentation est forte en contexte de changement de demander un petit cathéchiste en guise de réconfort. Mais doit-on rappeler que le Programme ne prescrit pas d’approches pédagogiques. Je crois que c’est l’adéquation entre les intentions poursuivies, les moyens déployés et les résultats obtenus sur laquelle on a intérêt à se pencher pour porter un jugement plutôt qu’essayer d’énumérer en vrac des comportements qui sont «réforme». (Bon Dieu que je déteste cette expression!!!).
Bien entendu qu’aucun enseignant n’a totalement cessé d’accompagner ses élèves! C’est une belle preuve du jugement professionnel dont on parle depuis le début de cet échange.
Cela dit, à la lumière de mes discussions avec des étudiants et enseignants, je me rends compte qu’un espèce de modèle hybride est en train de prendre forme. Un modèle où l’on veut mixer «l’ancienne façon de faire», comme on me dit, et la réforme.
C’est bien connu, les gens parlent du rôle de l’enseignant dans la réforme comme celui d’un guide et d’un accompagnateur mais, de façon étonnante, on me dit qu’il faut conserver l’ancienne façon parce qu’on ne peut pas toujours laisser les élèves à eux-mêmes. Bref, c’est un peu comme s’il fallait conserver l’ancienne façon de faire car c’est elle qui justifie la pertinence de la présence de l’enseignant en classe, et non pas le renouveau pédagogique en lui-même!
Assez intéressant de voir la compréhension progressive que les gens se forgent quand même…
En fait, je comprends tout à fait votre réticence Monsieur Asselin à ne pas répondre directement à mes questions. Nous dites que notre description de la réforme est caricaturale ou simplificatrice et que ce n’est pas ça. Mais je ne vous ai jamais entendu décrire en terme concret ce en quoi elle consistait.
L’exercice que je vous propose en est un d’opérationnalisation (popularisé en éducation par Mager entre autres). C’est un moyen efficace de résoudre les malentendus et arriver à une compréhension commune d’une même réalité.
Pourquoi ne pas publier cette liste que vous dites avoir faite avec toutes les réserves qu’il se doit?
Tenace, ce M. Péladeau!
Je dois dire que même si je suis plus ou moins en accord avec ce genre de liste de type «checklist», cela mettrait sans doute une bonne dose de croustillant dans l’échange 🙂
J’ai bien hâte d’écouter l’émission de ce soir. Ce qu’on en dit jusqu’à maintenant accrédite malheureusement l’idée d’une dérive majeure. En voici quelques manifestations.
1. L’expression « renouveau pédagogique ». La réforme de l’éducation est devenue la réforme de l’enseignement. Témoin le commentaire 4 de ce débat : il y a des enseignants « traditionnels » et il y a des enseignants « réforme ». Ni le rapport final des États généraux, ni le Rapport Inchauspé, ni les énoncés de politique du gouvernement (L’École tout un programme) n’ont annoncé cela. Quelqu’un pourra-t-il en tracer la genèse? Il y a bien Mme Legendre qui a tenté une hypothèse d’explication dans une entrevue qu’elle accordait dans ce numéro du bulletin Formation et profession du CRIFPE http://www.formation-profession.org/ktmlpro/files/uploads/v10/v10_n1_entrevue.pdf . À la question de Maurice Tardif sur la décision (du MÉLS??) d’adopter l’approche compétences et les prescriptions pédagogiques qui en découlent, elle invoque une multitude d’influences provenant entre autres du renouveau de la formation professionnelle, des grands courants internationaux… Rien provenant du politique. Un bijou de signifiance.
2. La pédagogie imposée. Quoi qu’on en dise maintenant, il y eut, au départ de la réforme, un fort courant « top down » impulsé par le MÉLS en faveur d’approches pédagogiques issues du mouvement socioconstructiviste. Maintenant on cherche à dire que non, on n’a pas voulu affirmer cela, l’enseignant est libre, etc. On assiste en ce moment à une vaste entreprise de révision historique des premiers temps de la réforme, au moment où l’Alliance des professeurs de Montréal demandait à ses membres de boycotter la pédagogie du projet pour protester de la lenteur du règlement en faveur de l’équité salariale… Ce temps est-il révolu? Allez jeter un coup d’œil aux critères d’approbation des manuels scolaires et dites-moi si l’enseignant peut vraiment exercer son autonomie professionnelle.
3. Les savoirs restent dans l’ombre. D’accord avec ceux qui affirment qu’on ne peut être à la fois compétent et ignorant. Là n’est pas le débat. Je ne fais que constater que les savoirs sont passés au second plan. Il me semble qu’un débat normal sur une réforme de cette importance aurait pu porter sur le moment le plus approprié, par exemple, pour enseigner les probabilités et le sens des fractions en math; ou encore sur la grande complexité des propositions du programme d’univers social du primaire. Oh, en passant, je suis un directeur d’école qui a lu et qui lis encore les programmes du primaire et du secondaire, et qui prend bonne note des prescriptions pédagogiques qu’on y trouve… Car il y en a.
4. La confusion des rôles. Le MÉLS s’est mis le pied dans le plat de la pédagogie. Ce n’est pas sa job. C’est la nôtre. C’est celle des profs. C’est dans la loi.
5. « Les TIC sont au cœur de cette réforme ». Combien de fois l’ai-je entendu celle-là! Mais c’est quoi le rapport?
6. « À qui profite le désordre… » Gardons-nous des procès d’intention. Le fait est que la confusion des esprits à propos de l’implantation de la réforme (ou du renouveau) rend ardue toute entreprise d’évaluation de ses effets. J’ai même peur que ce soit maintenant impossible. On évaluera quoi au juste?
Sur ce, bon débat Mario.
Bien le bonjour à tous!
Quand M. Asselin a posé la question à savoir à qui profite le désordre entourant la réforme, il m’est venu en tête que le MELSQ lui-même a peut-être intérêt à ce que le désordre règne un peu dans l’enseignement. Comme il n’a pas donné les moyens à sa réforme d’être implantée correctement, quoi de mieux qu’on bon bouc émissaire pour justifier les dérapages de celle-ci, comme dirait Pennac?
Si on analyse la façon dont le MESLQ a géré le renouveau pédagogique, on remarque qu’on va d’erreur en erreur, de délai en délai et de manque de ressource en manque de ressource. Faire la liste des gaffes serait un peu longue, je vous l’avoue, mais si certains y tiennent, on pourrait se livrer à cet exercice une prochaine fois en autant que partisans comme opposants à la réforme soient de bonne foi. Par contre, si j’étais un ardent partisan de la réforme, je serais outré de la façon dont le ministère tente de l’implanter dans les écoles.
Pour ma part, en tant que professeur de cinquième secondaire, ancien journaliste et ancien stagiaire à l’Assemblée nationale, je regarde tout ce débat de loin et je souris. Pour l’instant, on ne m’a pas convaincu des bienfaits du Renouveau à la fois sur un plan théorique et sur un plan pratique. Sur le terrain, certains échos sont loin de me rassurer.
Un exemple parmi tant d’autres: mon école école secondaire accueillera un groupe de moins en première secondaire parce que le nombre d’élèves en difficulté a dépassé les estimations prévues. La réussite prévue par la réforme est encore attendue.
Soit, on pourrait me répondre que des années de transition sont à prévoir, mais je trouve incroyable que, comme éducateurs et comme parents, certains enseignants estiment normal que la réforme fasse des victimes. Il me semble qu’une telle attitude serait vertement dénoncée si on était dans le réseau hospitalier.
Pour en revenir au propos de M. Lachance, il est un peu binaire: un OU l’autre. Pourquoi pas pas un peu l’un et beaucoup l’autre? Pourquoi pas un troisième? Il est évident que le désordre profite à ceux qui sont déstabilisés par la réforme. Comme on a bouleversé leur quotidien, ceux-ci sont inévitablement en réaction et il n’y a rien de plus conservateur, pour ne pas dire monolithique, que le système de l’éducation. C’est un peu dans sa nature propre, d’ailleurs.
Cependant, ce que je trouve regrettable, c’est l’inaction du MELSQ dans tout ce débat. Est-ce normal que la défense de la réforme soit uniquement dans les mains de «croisés du renouveau pédagogique»? Ou est notre ministre? Est-ce normal qu’on ne tente pas d’informer ceux qui ne croient pas en la réforme avec des arguments autrement plus solides que le fameux «crois ou meurs» inquisiteur?
Il est évident que M. Péladeau tend un piège à M. Asselin avec son fameux questionnement, mais ce dernier se cause un tort énorme en refusant d’y répondre. Il alimente les soupçons que la réforme est du vide, du vent, de l’insaisissable. Remarquez que je comprends la prudence de M.Asselin. En France, on a suggéré des modèles de projet aux enseignants et ceux-ci répétent les mêmes chaque année comme un éternelle litanie. L’un d’entre eux, ou les élèves repeinturent le préau de l’école est devenu un classique, semble-t-il…
Tout le débat entourant la réforme en est un qui est rabaissé au niveau des émotions et des convictions, pas des faits ou des analyses poussées. Il fait la preuve que les sciences de l’éducation ont parfois une côte à remonter, quant à moi.
Quant à ceux qui suggèrent de lire le programmme, je veux bien, mais regardez plutôt comment les directions d’école et les CP veulent qu’on l’applique dans les écoles. Même la première monture du programme ne reconnaissait pas des approches pédagogiques différentes. Quant à l’évaluation, que j’appelle le nerf de la guerre, on ne retient qu’une seule forme possible. Alors, quelle message peut-on en tirer? Je ne parle pas non plus du non-redoublement des élèves, des bulletins avec des bonhommes sourire et du reste…
Je termine en soulignant que je suis un enseignant de cinquième secondaire et que je ne serai informé ou consulté que lorsque tout ce système sera mis en place. Pourtant, j’estime être bien placé pour parler de réussite des élèves puisque je constater l’état lamentable de ces derniers après dix ans d’école. je devrai vivre avec les décisons prises par les autres, comme d’habitude.
Sur ce, bonne soirée à vous!
PS: Un petit mot pour dire que je n’appartiens pas à l’Alliance de professeurs de Montréal (lire les méchants dissidents pas fins) mais, que lors d’une assemblée syndicale, mon exécutif syndical pro-FSE a suggéré de boycotter la réforme en guise de moyen de pression pour faire avancer le dossier de l’équité.
Par curiosité, je suis allé lire le document dont parlait M. Trottier. J’ai relevé quelques passages et j’aimerais bien avoir quelques commentaires sur ces derniers.
1- Par ailleurs, il y avait beaucoup de questions autour du concept de compétence, qui semblait plus ou moins bien compris. En fait,c’est un concept qui n’est pas stabilisé, même dans la documentation scientifique, un concept qui fait l’objet de toutes sortes d’interprétations et auquel on arrive maintenant à donner une définition générale relativement consensuelle ; mais au début, ce n’était pas évident. Même aujourd’hui, il n’existe pas, à proprement parler, de méthodologie pour élaborer des programmes par compétences.
2- Alors, ce fut un sprint pour le programme du primaire, parce que c’est un travail qui s’est fait en très peu de temps. Ce fut une course contre la montre !
3- Il y a nécessairement des résistances, et c’est inévitable. Je pense qu’il va y avoir des ajustements réciproques, et il y en a eu, entre autres même au Ministère, dans la façon de gérer l’implantation. On voit que là aussi il y a un peu un apprentissage par essais et erreurs, une part de tâtonnements
4- La question de l’organisation par cycles et du non redoublement en est un, c’est-à-dire que le problème se pose toujours de voir
quelles sont les alternatives au redoublement, parce qu’on aura toujours des enfants qui auront du retard, des difficultés, etc.
5- Actuellement, je pense qu’il y a au secondaire des conditions de faisabilité qui sont loind’être présentes et qui vont faire que cela peut être plus difficile qu’au primaire.
6- C’est pourquoi je dis que cela touche aussi l’organisation scolaire, c’est que cela touche l’organisation de la tâche, l’organisation du temps, l’organisation éventuellement des groupes-classes.
7- C’est pourquoi, plus encore qu’au primaire, la réforme va passer son test majeur au secondaire sur la question de l’évaluation, c’est-à-dire que si on n’arrive pas à se donner des supports, des façons, des moyens d’évaluation beaucoup plus clairs et des choses qui sont en cohérence avec l’esprit du programme, l’évaluationpeut très bien faire bifurquer et revenir aux anciennes logiques de l’examen traditionnel.
« A qui profite le désordre que « plusieurs entretiennent…… » demande-t-on.
Très dangereuse cette question avec comme une odeur d’inquisition soupçonneuse… Votre voisin fait-il partie de ces « certains qui entretiennent le désordre » ???
Quel désordre ?
Qui a proposé cette « réforme » devenu « renouveau » ?
Est-ce les gens qui posent des questions qui engendrent le désordre ?
Ou est-ce le « renouveau » qui a suscité le désordre ?
Pourquoi lancer cette interrogation soupçonneuse qui laisse entendre que l’on ne devrait pas s’ interroger sur ce qui se passe dans ce « renouveau » et dans les écoles ?
La réforme devait apporter des solutions aux problèmes du décrochage scolaire et engendrer une plus grande réussite scolaire chez les élèves, l’a-t-elle fait ? Est-elle en voie de le faire ? Le système scolaire québécois est-il sur la bonne voie ?
Pourquoi ce moratoire qui n’en porte pas le nom au secondaire ? Qui a proposé ce moratoire qui ne se nomme pas ?
Est-ce provoquer le désordre que de poser ces questions ?
Je me demande souvent si je ne fais pas moi-même partie de ceux qui entretiennent ce désordre. Et je suis sérieux…
Plus je lis et plus j’écoute depuis deux jours, plus je crois avoir posé une bonne question. Poser des questions, les tiennes Robert, la mienne, c’est créer un peu de désordre, mais le genre de tumulte que je questionne, il n’est pas dans les questions. Il est dans les réponses qui divisent, je crois.
Pointer des responsables ? Bof…
Reconnaître que chacun de nous peut contribuer à ce que l’école puisse se faire dans un meilleur climat ? Mieux.
Je me suis lancé dans ce questionnement parce que je crois qu’il faut s’écouter un peu plus. Mme Robert, hier, pendant le débat et M. Boisvert m’ont paru beaucoup plus à l’écoute et bien plus constructifs que je ne l’étais. Ça ne veut pas dire que je ne peux plus m’affirmer. Mais toi et moi Robert, ce n’est pas notre problème de ne pas s’affirmer… Hein ;))
Je le répète, je n’ai pas de problème avec les questions. Mais bordel, faisons attention à nos réponses et écoutons un peu plus ces réponses… Moi le premier !
Je commence après cette intervention… Promis !
Je suis présentement étudiante en enseignement secondaire et nous sommes bombardés de questions sur ce sujet. On nous dit qu’il y a eu de nombreuses réformes et que les étudiants n’en sont pas morts ou alors on nous dit que les élèves de la réforme vont souffrir de grandes difficultés d’apprentissage.
Alors à qui profite cette réforme ??
Selon moi elle ne profitera à personne, lorsque le bilan des résultats vont sortir notre cher ministère va surement se rendre compte de l’énorme gaffe qu’il a commise. De plus, cette réforme est appliquée par de nouveaux enseignants, qui depuis quelques années, souffrent d’épuisement. On ne fait pas seulement subie un choc aux élèves mais aussi aux enseignants. Et les parents dans tout ça ?? Comment est-ce qu’ils peuvent évaluer les compétences de leurs enfants ?? Dieu sait comment les parents mettrent leurs enfants en compétition … comment savoir qu’il est le meilleur ??
En attendant les supposés avantages de cette réforme, je vous laisse sur ceci.. la réforme a désormais pour nom »Renouveau Pédagogique », lorsqu’il y un a congé à la l’école, on dit aux enfants qu’ils sont en journées pédagogiques… alors espérons que ces derniers ne voient pas la réforme scolaire comme un long congé……