Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
À l’honorable Roméo A. Dallaire,
Mon Lieutenant-général. Vous ne le savez pas, mais je suis votre parcours depuis plusieurs années. N’ayant aucune prédisposition naturelle envers le cheminement des militaires, vous êtes le seul représentant de l’armée avec qui je me sens des atomes crochus, dans la vie.
À tort ou à raison, j’entretiens une foule de préjugés envers les gens d’armée. Et je ne vous parle pas des haut-gradés, dont je ne comprends pas la motivation.
Aujourd’hui, j’apprends votre démission du Sénat. Je ressens profondément le besoin de vous dire MERCI. Merci de quitter, vous avez tellement mieux à faire.
Je viens d’écouter votre discours de sortie : avec beaucoup de classe et d’humanité – comme d’habitude – on comprend que vous allez vers votre prochain combat.
Votre témoignage à titre de victime d’un stress post-traumatique, votre lutte pour les réformes de l’éducation dans des pays où il est dangereux que des enfants deviennent soldats et le rappel pour ne pas que tombe dans l’oublie le génocide au Rwanda sont parmi les thèmes qui me portent à vous aimer. AIMER, oui. Je sais que ça ne se dit pas beaucoup entre hommes, mais à vous, je peux bien le dire…
Je suis heureux pour nous aujourd’hui. Vous avez tellement à nous apprendre.
Je vous disais à quel point je ne m’intéressais pas aux militaires… Quand je vous ai écouté et lu pour la première fois voilà une dizaine d’années, j’ai tout de suite senti le besoin de questionner mon aversion envers tous ceux qui ont tenu un fusil de combat.
Plusieurs traiteront aujourd’hui de votre décision sous l’angle de ce que le Sénat perd avec votre départ. J’aimerais que vous sachiez combien je me réjouis de ce que les enfants de la communauté internationale gagnent.
Je pourrai probablement mieux comprendre en continuant de vous observer comment un libre penseur comme vous a pu travailler si longtemps dans une carrière militaire.
Je pourrai sûrement, à vous écouter, m’expliquer comment un homme avec si peu de langue de bois ait pu emprunter la route de l’armée et du Sénat.
Je salue avec bonheur votre décision et je vous assure de mon intérêt à vous suivre de plus près que jamais!
Bonne route à vous, mon Lieutenant-général.
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