Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Selon toute vraisemblance, hier soir, plusieurs dizaines de pompiers de Montréal (voire plus d’une centaine) auraient « préféré partir à la retraite plutôt que de risquer de perdre leurs acquis avec le nouveau projet de loi sur les régimes de retraite » (source).
Après avoir exprimé en conférence de presse que le projet de loi piloté par le ministre des Affaires municipales constituait « une déclaration de guerre », il semble que des représentants du syndicat des pompiers de Montréal (Association des Pompiers de Montréal Inc) aient fait (ou tenté de faire) le tour de plus de 450 pompiers (ayant plus de 25 ans de service et étant admissibles à la retraite immédiatement), pour leur faire valoir un point de vue :
« Les membres qui ont le plus d’ancienneté auraient été pénalisés s’ils n’avaient pas pris leur retraite avant minuit. (…) Ce sont les dispositions du déficit passé qui auraient pu s’appliquer et les gars auraient perdu de l’argent dans leur rente. » (source : Ronald Martin, président)
Des centaines de travailleurs auraient donc été placé, hier soir, devant la perspective de prendre une retraite prématurée ou de s’exposer à perdre de l’argent.
J’éprouve beaucoup de sollicitude pour ces pompiers et leur famille.
Il me vient spontanément un certain nombre de questions.
Est-on vraiment en guerre contre le gouvernement à l’Association des Pompiers de Montréal ou la déclaration d’un porte-parole de la coalition était une figure de style ?
Si la réponse à la question précédente est « nous sommes en guerre », les pompiers ayant décidé de passer à la caisse hier soir sont-ils des instruments de cette guerre?
Le syndicat a fait son travail hier soir d’informer ses membres, mais y avait-il une recommandation formelle aux membres contactés de se prévaloir d’une retraite anticipée sur la base des informations disponibles?
Dans le contexte où l’article 53 du projet de loi 3 serait amendé dans le sens de donner plus de temps aux pompiers pour prendre une décision de cette importance dans leur vie, qu’adviendrait-il de ceux qui ont pris la décision de prendre leur retraite hier soir?
J’ai posé une autre question ce matin, via Twitter, à une journaliste de Québec qui couvre les affaires municipales au Journal :
– Est-ce à dire que le syndicat à Québec ne fait pas la même lecture / recommandation qu’à Montréal?
Sa réponse en deux temps :
« Leur situation est différente. Peu de pompiers sont près de la retraite à Québec comparativement à Montréal, mais les deux syndicats ont les mêmes actuaires, donc, bien au fait du dossier. Le contexte est bien différent. »
Le maire Coderre réagit publiquement à cette nouvelle au moment où j’écris ce billet et je ferai une mise à jour du contenu, s’il y a lieu.
Première mise à jour : 109 employés du Service des incendies de la Ville de Montréal semblent avoir pris une décision de retraite depuis janvier 2014, dont 80 hier. (source : Denis Coderre, maire de Montréal)
Deuxième mise à jour : Le syndicat avait avisé les autorités que les départs massifs pourraient se produire (source).
Mise à jour du 17 juin : Déficit des régimes de retraite: Fuite pour fuite?
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