Cette affirmation est sous-entendue dans un article paru aujourd’hui à Swissinfo, « La Suisse a besoin d’un ministère de l’Éducation ». Le personnage au centre de cette affirmation est Jacques Neyrinck, un homme qui semble très coloré. Avec ses 26 ministères de l’éducation (un par canton), la Suisse entre dans une ère de grands changements et j’ai été intrigué de lire qu’une des inspirations à la base des changements est d’exiger « des pédagogues qu’ils se montrent moins dogmatiques et idéologiques ». Je rencontre souvent l’expression « pédagogisme » dans le vocabulaire européen en parlant de cette propension à exagérer sur « le comment » au détriment « du quoi » et il faut lire l’article en entier pour mieux comprendre que la motivation des personnes comme ce professeur de sciences est surtout de cesser de niveler par le bas :
« Obtenant de moins en moins des élèves, l’école a exigé de moins en moins d’eux. »
Le Monsieur n’y va pas par quatre chemins; il s’insurge devant « les enseignants [qui] s’obstinent à [ne?] donner [que] des leçons de grammaire » et il demande qu’on fasse davantage étant donné que la Suisse est un des pays où l’éducation est parmi les plus chères au monde. Sa référence aux mauvais résultats de son pays aux tests PISA le porte à vouloir la création d’un département de l’Éducation nationale dans un pays où les cantons ont des prérogatives importantes en ce domaine.
Je retiens de ce qui se passe en Suisse que les pédagogues de renom comme Pestalozzi, Piaget et Perrenoud (pour n’en nommer que quelques-uns) ont peut-être prêté flanc à passer pour des gens qui n’exigeaient pas assez des apprenants et dans notre contexte de renouveau, j’entends aussi cette critique. « Les étudiants font ce qu’ils veulent de plus en plus » disent plusieurs et en tant que personne convaincue du bien-fondé de se doter de plusieurs stratégies pour faire apprendre, je suis sensible au fait que le piège de la facilité guette les pédagogues ouverts aux stratégies moins directives, moins frontales. Je suis sûr que ni Piaget, ni Perrenoud ne prônent le relâchement et l’approximatif!
Pourtant, utiliser des approches plus ouvertes ne veut pas dire « absence de contraintes pour les étudiants ». Il y a beaucoup à faire pour sensibiliser chaque prof au fait qu’exiger beaucoup des étudiants est encore au menu surtout dans le cadre où on exige de faire plus de sens dans nos interventions auprès des étudiants. Pourquoi ne pas en profiter… « les jeunes sont multitâches ».
Je me souviendrai de l’importance de continuer à lire sur ce qui se passera en Suisse cette année…
Que fait-on de l’envie d’apprendre?
Toutes ces discussions me paraissent oublier que l’être humain ne peut être formé, car il se forme lui-même aux contacts des situations et des autres. Ce n’est pas l’école, l’enseignant qui forme, c’est l’élève qui apprend ou n’apprend pas. Alors comment motiver les êtres humains à apprendre. Comment les motiver à faire des heures et des heures d’efforts pour apprendre? Apprendre doit faire sens, apprendre c’est encore faire confiance que mes efforts seront tôt ou tard récompensés, que mes efforts me permettent de progresser. Malheureusement notre société ne récompense pas les efforts, l’engagement, la persévérance, mais uniquement les résultats. L’orientation mérite prônée à travers notre économie est biaisée, car ce que la société honore ce n’est pas le mérite mais uniquement les résultats. Exemple: lequel des deux vendeurs, celui qui doit vendre un produit à Paris ou celui qui doit le vendre dans le massif centrale a plus de mérite? Lequel des deux est mieux payé ? Lequel a plus de mérite? En situation de manque de confiance, pourquoi faire de grands efforts pour apprendre? Pouquoi apprendre des choses qui ne me serviront à rien dans la maîtrise des situations de vie?
Que penser des contraintes? Que penser des stratégie frontales, directives? Si c’est l’élève qui apprend, la contrainte, ne me semble pas être un outil adapté pour susciter l’envie d’apprendre.
« Obtenant de moins en moins des élèves, l’école a exigé de moins en moins d’eux » écrit le professeur Jacques Neyrinck, comme s’il était suffisant d’exiger, de contraindre pour atteindre des résultats.
Ce n’est pas l’école, ce n’est pas administration, qui est au coeur du problème, mais le modèle de société. Apprendre exige de la confiance, confiance en un avenir meilleur et c’est là que notre société à mal.
J’appuie le commentaire de M. Kiefer.
Les commentaires de Jacques Neyrinck m’apparaissent pour le moins…. ordinaires. Par exemple :
« Ce système extrêmement idéologique refuse de différencier les élèves, alors qu’à la fin de l’année, il faut tout de même le faire. »
Et pourquoi diable, M. Neyrinck, est-ce à l’école de faire ce tri social?
Et puis il parle de résultats au PISA.
« Et subitement, suite à cette étude comparative entre les pays de l’OCDE, la Suisse a réalisé qu’elle atteignait à peine la moyenne des pays industrialisés. »
Je n’ai pas les résultats du PISA (et, franchement, je m’en fiche), mais en quoi être dans la moyenne est-il si désastreux ?
Supposons les résultats suivants : 90, 80, 70. La moyenne est 80. L’année suivante, supposons 90, 90, 90 : celui qui était premier est maintenant dans la moyenne. So what!
Je trouve cette course à toujours vouloir être le premier tout à fait ridicule. On voit ce que cela donne en cyclisme, par exemple. Allez, boostons nos élèves et youppi, on sera THE BEST!
M Neyrinck propose d’ajouter des fonctionnaires : je me demande bien en quoi les élèves y trouveraient plus de plaisir à apprendre!
Bonsoir messieurs,
J’irai lire le texte de M. Neyrinck tantôt, mais je sens qu’on aborde ici deux idées différentes: la façon d’enseigner (motivante ou contraingnante, par exemple) et les résultats… Et, par la bande, on en revient au sacro-saint débat de l’évaluation.