« Un voyageur arrivé au Québec ces derniers mois et qui déciderait de connaître, à travers les médias, la situation de l’éducation nationale, sortirait ébahi de sa recherche. On y pratiquerait une réforme dont les bases philosophiques sont douteuses, qui ne fait rien apprendre aux élèves puisqu’aucune connaissance ne leur est enseignée, une réforme dont l’échec serait programmé, car il aurait déjà été son lot ailleurs. Et si, étonné qu’une telle apocalypse annoncée ne suscite pas plus de réactions, il décidait de prendre par lui-même connaissance des textes des programmes de formation établis par le ministère de l’Éducation, du coup, il sortirait de cette lecture encore plus étonné. En effet, constatant le peu de rapport entre la « réforme » dont il a entendu parler et les textes du Ministère, il se demanderait qui les lit vraiment ou s’il n’est pas en pleine campagne de désinformation. »
Paul Inchauspé
Pour lire la suite de ce texte, il faudra parcourir le livre de Jean Archambault et de Chantale Richer. Je reviens de Montréal ce soir, d’où s’est fait le lancement officiel de l’ouvrage « Une école pour apprendre » de mes deux ex-collègues des écoles ciblées du primaire du début des années 2000. Une salle comble, beaucoup d’effervescence et des auteurs bien fiers « de leur coup »…
Je viens de feuilleter le document de 196 pages et je suis convaincu qu’il ne passera pas inaperçu. Évidemment, je ne suis pas très objectif pour juger de la qualité du livre puisque j’ai beaucoup de considération pour les auteurs dont j’apprécie le travail, mais j’ai l’habitude sur cet espace de ne revendiquer aucune objectivité… Alors, disons simplement que c’est un livre de convictions qui vient « du terrain » et qui parle dans un langage facile d’accès… Jean a d’ailleurs eu l’occasion de nommer deux de ses convictions lors du lancement :
- Apprendre c’est naturel
- Tous les êtres humains apprennent
Ça peut paraître simpliste comme constat, mais ça traduit bien le ton du bouquin qui contient aussi d’autres postulats :
- Subordonner tout changement à l’objectif de faire mieux apprendre
- Le sens comme moteur de changement
- Respecter et mobiliser les acteurs du changement
Inutile de dire que je vais commencer par lire attentivement le livre en entier avant d’en dire plus…
Bravo aux deux collègues pour le lancement; cette première étape est réussie. Passons aux choses sérieuses!
Oui! Il s’agit en effet de ce même Jean Archambault conseiller pédagogique à l’école Bienville, cette école pilote de la CECM/CSDM qui, suite à l’initiative de celui-ci, à mis à l’oeuvre les principes de la réforme dès 1997 et qui a vu son taux de réussites aux examens de la CS chuté en quelques années à partir de ce moment, pour devenir, 3 ans plus tard, la pire école de la CSDM (dernière au classement sur 134 écoles). La détérioration mesurée était en fait une des pires observée dans l’ensemble de la CSDM.
Disons que comme école-pilote de la réforme, les résultats n’étaient pas convaincants et même plutôt alarmants. Mais qui s’en est préoccupé?
Je comprends de moins en moins vos motivations de chercheur M. Péladeau. Tout « puissant » peut-il être, il m’est difficile de croire que M. Archambault pourrait être responsable de ce que vous décrivez. Ça ressemble à du « salissage » inutile ce type de commentaire.
Je vous l’ai déjà dit… Il me fait plaisir d’échanger avec vous et avec les autres internautes qui ne pensez pas comme moi, mais ne dépassez pas les limites du bon goût, s’il vous plaît. Les mauvais résultats sont toujours préoccupants et avant d’attaquer la réputation de M. Archambault de façon aussi gratuite, je vous demanderais de vous montrer à la hauteur d’un certain bon sens que vous avez l’habitude de manifester, ici comme ailleurs. Je sais que Jean a mis beaucoup de coeur avec ses collègues à Bienville et de lire que l’école serait devenue la « pire école » parce qu’un classement basé sur certains tests la place au dernier rang me semble particulièrement injuste. Cette école est peut-être la première dans la liste dans bien des domaines.
Il y a eu des problèmes à Bienville, soit. Il y en a encore, probablement. Il y a et il y a eu des réussites aussi. M. Archambault fait partie des solutions pas des problèmes et tous ceux qui le connaissent le savent. Tous ceux qui connaissent Bienville le savent également. Cesser de venir cracher sur mon perron de cette façon S.V.P.
Évaluer l’évaluation
À mon dernier stage, en ESL Teaching, nous avons parcouru cinq unités d’une méthode style Take Action, Take a Look. À la fin de chaque unité, outre un choix de projets il y avait un test ; ce test, bien sûr, couvrait l’unité fraîchement vue ; c’est pédagogiquement logique.
Par ailleurs, si une évaluation générale de toutes les écoles d’une CS utilise un seul et même gabarit d’évaluation et que ce gabarit est encore fondé sur l’ancien programme d’avant la réforme, c’est presque inévitable que des élèves qui vivent la Réforme à plein n’auront pas nécessairement couvert les domaines de connaissances X, Y ou Z.
Cela ne signifie néanmoins pas que ces élèves n’ont rien appris ; peut-être qu’ils ont couvert les domaines W, X et Y et qu’ils ont donc poché le domaine Z, ce qui a baissé les notes de l’école. Peut-être que ce sont les gabarits d’évaluation qui étaient, sont inadéquats ?
J’ai bien fait attention de ne pas porter de jugement personnel sur l’individu (que j’ai d’ailleurs déjà côtoyé par le passé). J’ai cependant donné des précisions sur ses « états de service » en lien avec les propos de son ouvrage.
Vous dites:
« M. Archambault fait partie des solutions pas des problèmes et tous ceux qui le connaissent le savent. »
Encore une fois monsieur Asselin, votre certitude me déconcerte. Comment peut-on juger a priori si une personne ou une proposition précise fait parti de la solution ou du problème? Au dela de notre jugement ou nos préférences personnelles, il faut examiner attentivement les effets de cette proposition pour réellement pouvoir juger s’il s’agit réellement d’une solution, ou si elle contribue au contraire à amplifier problème.
Je crois au principe d’imputabilité et à cet égard, je considère que monsieur Archambault nous doit certaines explications quant à la détérioration majeure observée à l’école Bienville. En attendant, je considère qu’il n’est pas des mieux placé pour pouvoir prodiguer des conseils sur la façon de favoriser les apprentissages scolaires.
Je n’oserai jamais affubler à l’individu lui-même des qualificatifs injurieux ou disgracieux. Cependant, j’aimerais rappeler que dans une entrevue qu’il accordait au devoir en compagnie de son patron directeur de l’école Bienville, ce dernier affirmait que ceux qui étaient contre la réforme étaient des « CRIMINELS ». C’est écrit noir sur blanc dans l’article du devoir. En comparaison, vous avouerez que mes propos sont bien plus modérés.
L’intervention de monsieur Djeault comporte bien des SI et des PEUT-ÊTRE. Les gens de l’école Bienville ont-ils documenté des effets bénéfiques à d’autres niveaux? Non! La table de pilotage a-t-elle pu documenter des effets bénéfiques sur d’autres apprentissages que les performances en français écrit, en maths et en science? Non plus! Les chercheurs qui ont étudié la pédagogie par projet, ou les différents éléments de la réforme ont-ils pu documenter les effets bénéfiques « autres » de ces interventions? Encore une fois, non! La plupart n’ont d’ailleurs jamais cherché à mesurer ces « autres » effets. Et quand ils ont tenté de le faire et comparer avec d’autres élèves, qu’ont-ils observé? Au mieux, pas de changement, au pire des détériorations à ces niveaux également.
Alors, je veux bien envisager que la réforme ou que les changements survenus à l’école Bienville aient eu possiblement des effets bénéfiques, mais il ne s’agit pas uniquement d’évoquer cette possibilité pour nous convaincre de leur existence, encore faut-il en faire la démonstration.
Bonjour,
Merci beaucoup Mario pour les bons mots. Comme nous l’avons présenté mardi soir au lancement, on souhaite que l’ouvrage « Une école pour apprendre » soit un outil de plus pour alimenter la réflexion dans le milieu scolaire.
Bonne lecture !
Monsieur Asselin, bon matin,
Les convictions de M. Archambault, tout aussi nobles qu’elles puissent être, me semblent être du même registre que celles de M. François Larose. Au-delà des constats génraux et des voeux humanistes, que reste-t-il?
De plus, honnêtement, quand je lis le titre de ce livre que je me procurerai bientôt (Une école pour apprendre), je me dis que je ne connais pas un prof, qui enseigne une matière, qui ne souhaite pas que ses élèves la découvrent, se l’approprient et l’aiment à leur tour. Bref, je ne connais pas un prof que ne veut pas que les enfants apprennent. La façon de parvenir à ce partage lui appartient, mais l’objectif demeure le même. Donc, selon moi, toutes les écoles existent pour apprendre aux élèves. Soutenir qu’une école de type X existe pour apprendre sous-entend implictement que ce n’est pas le cas pour d’autres.
Les remarques de M. Péladeau peuvent sembler malhabiles, mais on peut légitimement questionner la portée de certaines convictions de M. Archambault en tenant compte de l’expérience qui s’est déroulée à l’école Bienville. Et je rappelle, lorsqu’on parle d’écoles ciblées, comme ce fut le cas à Bienville, celles-ci ont bénéficié de moyens autrement plus importants que les autres écoles du Québec quant à l’implantation de la réforme.
Pour ma part, il est facile d’expliquer, comme le fait Djeault, les faibles résultats de cette école en montrant du doigt les types d’évaluation auxquelles les élèves ont été soumis, évaluations qui auraient été philosophiquement différentes de l’enseignement qu’ils auraient reçu, par exemple. Je ne crois pas que les objectifs finaux d’un programme changent radicalement avec la réforme. En français, on veut encore qu’un élève puisse écrire un texte sans trop de fautes, réforme ou pas réforme. Disons qu’il faut être plus réservé et nuancé si l’on explore cette piste, mais je reviendrai à la fin de mon commentaire sur le billet de djeault.
Le postulat à l’effet qu’il faille respecter et mobiliser les acteurs du changement me semble fort pertinent. Ce fut, à mon avis, et c’est encore aujourd’hui une lacune importante de cette réforme qu’on tente d’implanter au Québec. J’ai souvent l’impression qu’on ne tient pas compte suffisamment des interrogations, des questionnements, des inquiétudes, des convictions, des refus des enseignants. Respecter implique «tenir compte de» et, jusqu’à présent, le MELS me semble implacable en ce qui a trait à l’évaluation, par exemple.
Pour terminer, je reviens au commentaire de djeault. Je pense que certains types de pédagogie (je ne parle pas d’enseignement vu que dans certains cas, l’enseignant perd son titre pour devenir un co-apprenant ou un facilitateur) permettent des apprentissages plus ancrés chez les élèves. Seulement, elles prennent davantage de temps et, contrainte de temps oblige, limitent l’étendue des connaissances acquises. Je fais le lien avec M. Larose, au fond. On en voit moins, mais plus en profondeur plutôt qu’en voir plus mais plus en surface. Ce qui me ramène à une question qu’un prof universitaire m’avait posé lors de mon bac en journalisme: vaut-il mieux être bon dans tout ou être excellent dans que un nombre limité de domaines?
En passant, si cela peut rassurer M. Péladeau sur son statut social, un proche collègue au secondaire a été traité de «criminel» par un adjointe parce qu’il exigeait plus de rigueur en évaluation. «Tu brises des vies, tu es un vrai criminel», lui a-t-elle reproché. Un peu plus et elle le traitait de «nazi», je crois.
Merde! le principe de Goldwin… : )
« Godwin », M. Papineau, pas GoLdwin.
Je crois que les convictions de MM Larose et Papineau peuvent permettre d’additionner des stratégies pour faire apprendre. Je crois que ces convictions démontrent que l’acte d’enseigner est complexe et exige beaucoup en terme de connaissance sur l’être humain et ses diverses façon d’apprendre.
Pour ce qui est du cas Bienville, disons simplement que les « principes de la réforme » n’y ont pas été implanté en 1997 puisque l’expérience des écoles ciblées a débuté dans l’année scolaire 1999-2000. Aussi, l’expérience de l’école ciblée ne doit pas être la seule variable à entrer en jeu dans l’explication des résultats. Je crois surtout que ça manquait de classe d’aller porter un commentaire de ce type s’attaquant à l’individu. Vous savez ce que c’est d’écrire un livre, vous venez de participer à l’écriture d’un ouvrage. Imaginez que Louis Cornelier s’était attaqué à votre personne plutôt que de critiquer les prises de position de votre ouvrage…
M. Asselin,
Merci pour la rectification. Je dois être obsédé pour une randonnée en moto Goldwing…
Je partage votre point de vue entre faire la distinction entre individu et position, M. Asselin, tout comme je fais la distinction entre un élève et un jeune dans ma classe. Si M. Cornellier s’attaque à ma personne plutôt qu’à mes idées, c’est son problème. Pour ma part, je sais qu’on ne peut pas aller au front sans donner et recevoir des coups, comme le disait Jean-Paul Desbiens.
Pour revenir à notre propos, vaut-il mieux être bon dans tout ou être excellent dans que un nombre limité de domaines? C’est un peu une des questions que je me pose actuellement devant la réforme.
Monsieur Asselin, si vous lisez attentivement les anciens numéros de la revue Virage, vous verrez que Monsieur Archambault s’est vanté d’avoir appliqué à l’école Bienville les principes mis de l’avant par la réforme bien avant le début de celle-ci et avant le début des projets pilotes, soit dès 1997. L’école Bienville était une école précurseur à bien des égards, y compris au niveau de la baisse dans le rendement académique.
Les résultats désastreux du rapport d’évaluation de la table de pilotage font écho aux résultats observés à l’école Bienville dès 2001, et à ceux observés ailleurs dans le monde, dont en Suisse, en Belgique, en Norvège et aux États-Unis.
En passant, je ne crois pas que vous ayez réussi Monsieur Papineau à me rassurer. Au contraire, mon cas semble s’aggraver de plus en plus. Si vous me promettez de venir me porter des oranges si je suis incarcéré, je ferai de même si vous tombez avant moi. 😉
J’ai justement voulu dire l’inverse M. Papineau, que M. Cornelier entretenait des réserves sur certains constats de votre bouquin.
« Vaut-il mieux être bon dans tout ou être excellent dans que un nombre limité de domaines? »
Il y a des avantages à être à la fine pointe de son domaine, surtout quand on enseigne au deuxième cycle du secondaire, au collège ou à l’université. Ce qui ne veut pas dire qu’on peut avoir une maîtrise médiocre de son domaine quand on enseigne au préscolaire, au primaire ou au premier cycle du secondaire. Un enseignant doit toujours savoir comment s’y prendre pour provoquer des apprentissages peu importe avec qui il est. Si on ne maîtrise pas son domaine, si on n’est pas excellent dans ce qu’on enseigne, ça risque de devenir difficile de rester signifiant devant les étudiants.
J’aimerais bien être bon dans tout… si ça devenait possible 😉
M. Asselin,
Je n’avais pas lu la chronique de M. Cornelier avant d’écrire que je me moquait bien s’il s’en prenait à ma personne plutôt qu’à mes idées. Par là, j’entendais que si, d’aventure, il le faisait, je m’en moquerais. La nuance est de mise et j’aurais dû y penser. On écrit pour être lu. Parfois, il s’agit d’un exercice exigeant.
Je partage certaines réserves de M. Cornelier et nous aurons peut-être l’occasion, lui et moi, d’en discuter. Cependant, je crois que certaines parties de son texte sont pltôt douteuses et je reviendrai sur ce point dans un autre billet, si vous me le permettez.
Pour l’instant, il fait beau: on devrait aller jouer dehors un peu…
Décidément…
S’il s’agit bien du même établissement scolaire, l’école Bienville serait bonne dernière pour la qualité de l’aménagement de sa cour d’école, nous apprend le Journal de Montréal dans une analyse portant sur les cours des écoles de la région métropolitaine.
Il faut croire que cette école n’est pas douée pour les palmarès. À moins bien sûr que les médias ne s’acharnent sur elle…
Si l’on verse moins dans l’humour, ce qui apparaît choquant dans le texte du J de M, c’est que la direction de Bienville explique qu’on a tout d’abord préféré finir un aménagement devant l’édifice avant de s’attaquer aux terrains de jeux des élèves. Problème de priorité?