Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
La démission annoncée hier de la députée péquiste Élaine Zakaïb (Richelieu) nous vaut aujourd’hui la sortie publique d’une des ténors du Parti Québécois (PQ), Agnès Maltais :
«On a un sérieux problème et je ne suis pas plus contente du départ d’Élaine Zakaïb que du départ de Christian Dubé.»
C’est une sortie courageuse d’autant que Mme Zakaïb est issue de la même formation politique que celle de Mme Maltais.
Je crois néanmoins que le «on a un problème» est une sorte de lapsus.
Je ne souhaite pas mettre des mots dans la bouche de Mme Maltais qu’elle n’a pas prononcés, mais je crois que c’est plutôt Stéphane Bédard qui a un problème.
Déjà qu’avec le sondage d’en fin de semaine, on se rend compte qu’il n’y aura pas de véritable course à la chefferie, le premier départ d’un député du PQ dans ce mandat dans l’opposition met de la pression sur la capacité du chef intérimaire à bien garder le fort.
J’ai déjà commenté ici le départ de Christian Dubé et j’ai écrit qu’il pouvait «faire mal quand même» à François Legault, malgré le fait que l’ex-député de Lévis continuait, d’une autre manière, à servir les citoyens par le biais de son nouvel engagement à la Caisse de dépôt et placement du Québec et de contribuer, ainsi, à la bonne gestion du plus gros bas de laine des Québécois.
Mais la situation de François Legault est loin d’être celle de Stéphane Bédard, comme celle de la CAQ, n’est pas celle du Parti Québécois, dans les circonstances actuelles.
Je reconnais à Mme Zakaïb un certain mérite de se lancer dans l’opération sauvetage de la maison de mode Jacob (qui est aux prises avec de graves problèmes financiers) et je suis certain qu’elle n’a pas pris à la légère la décision de laisser son siège de députée, tout comme je sais que M. Dubé aussi n’avait pas pris cette décision à la légère.
Mais contrairement au départ de Christian Dubé qui, tant qu’à quitter, l’a fait dans un moment où ça va plutôt bien pour le deuxième groupe d’opposition, Mme Zakaïb choisit le pire des moments.
Le chef de l’opposition officielle ne l’a pas facile, ni en ce qui concerne le maintien d’une opposition vigoureuse à l’Assemblée nationale, ni dans le maintien de l’intérêt sur la course à la chefferie du PQ qui «s’est déjà transformée en débat sur le jour et l’heure du prochain référendum» (source). Le fait que tout le monde se tourne maintenant vers Pierre-Karl Péladeau et tire sur lui à boulets rouges, n’aide en rien M. Bédard.
Quand Jean-François Lisée répète comme aujourd’hui que le «pire qui pourrait arriver au PQ serait qu’on assiste à un couronnement», il met le doigt sur une partie du problème. Les autres partis vont s’employer «à définir» M. Péladeau, alors qu’il n’est pas en poste et M. Bédard aura fort à faire pour tirer son épingle du jeu et faire valoir dans l’opinion publique, l’opposition officielle.
Si on peut affirmer avec le recrutement de François Paradis que la CAQ s’est donné un très bon candidat dans Lévis, même avec Pierre Duchesne dans Richelieu (Ajout du lendemain : M. Duchesne dément et le PQ dément lui également) qui est actuellement son proche conseiller, Stéphane Bédard aura fort à faire pour tirer son candidat vers le haut. On peut se demander jusqu’à quel point il pourra envoyer M. Péladeau dans la mêlée, sans amplifier le problème lié au couronnement ?
Mme Maltais aide aujourd’hui son parti, d’une façon, en élargissant le débat sur ce que signifie le départ de plusieurs députés en cours de mandat, mais ce ne sera pas suffisant pour colmater la brèche : le départ d’Élaine Zakaïb fait très mal.
Stéphane Bédard trouvera très long les prochains mois, si le PQ ne devance pas l’échéance du couronnement à venir.
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