« Les établissements d’enseignement peuvent bien rajouter des gardiens armés, des fouilles obligatoires, des caméras de surveillance, tant qu’il y aura dans leurs murs des enfants meurtris, frustrés, des journées comme hier pourront encore se produire. »
Je terminais ce billet écrit avant de savoir qui était le délinquant-tireur-fou de mercredi dernier par « il faudra se demander ce qu’il y a derrière le choix d’un milieu scolaire comme théâtre ultime du dernier épisode de folie… » La réponse est venue de Stéphane Laporte : LE REJET! (97 commentaires, au moment d’écrire ces lignes).
Le fait d’avoir été rejeté n’excuse en rien la violence manifestée par Kimveer Gill. Elle n’explique probablement pas en totalité pourquoi il entretenait le souhait de mourir comme il est mort. Mais le rejet conduit à la brutalité, ça je l’ai observé souvent entre les murs des écoles que j’ai fréquentées…
Pas facile pour moi d’écrire sur ce sujet ce soir. Depuis trois jours, plein de visages d’élèves « en crises » me reviennent à la mémoire. J’ai eu à faire face à tellement d’élèves violents en vingt-deux ans. Du petit bout de choux de 5 ans qui tiraient des chaises au bout de ses bras, à ce grand de seize ans qui s’arrangeait pour manger au moins une volée par semaine, il y a des centaines de manifestations de violence qui m’ont demandé tout mon p’tit change au fil des ans. Celui qui nous était arrivé à douze ans au pensionnat incapable de retenir ses sels pour nous faire sentir comment ça puait le rejet. Celle qui tombait enceinte à répétition pour se punir, cette autre qui s’évanouissait aux deux jours, écoeurée de faire face à la réalité et cette dernière qui volait ses petites amies pour exprimer sa révolte d’avoir été « volée » de sa Chine natale. Et les parents qui souvent abrillaient et qui parfois dénonçaient. Toujours, ils me regardaient de leurs yeux dépassés en me tendant la pole pour obtenir un peu de répit.
J’en ai vu beaucoup s’en sortir. Une grosse gang. Dans tous les cas, il y a eu sur le passage de ces jeunes, des adultes solides qui ont agi sans complaisance en encadrant les comportements. Ces éducateurs avaient à coeur de ne pas banaliser et… de ne pas juger. J’ai déjà raconté l’histoire de cette mère qui infligeait des blessures corporelles à ses enfants pour les préparer à un rite de passage, voulant leur éviter la tare du rejet. Ouf…
Stéphane Laporte, commence son billet sur le rejet sur son blogue en disant que l’école, c’est « l’endroit où l’on apprend : les maths, le français, la géo, l’histoire. Mais aussi la vie avec les autres. »
Il faut croire que quand ça ne marche pas, il y a des risques que ça se retourne contre elle. C’est profondément injuste, mais encore aujourd’hui, il y a eu un autre épisode qui a failli mal virer.
Ce soir, je n’ai pas de solution qui soit bien intelligente à offrir pour vacciner l’école contre la possibilité de faire vivre le rejet ultime, celui qui isole définitivement. On peut renvoyer la balle dans la cour des parents, sur « la maudite Internet » ou engueuler toute la société pour son incapacité à se resaisir quand c’est le temps et se tenir debout sans juger l’autre dans sa différence.
Le contraire de rejeter, c’est accepter et ça, je ne suis pas capable. Pas dans cette circonstance en tout cas.
Apprendre à « être plus fort que la petite méchanceté environnante », c’est repousser un peu le délai avant de donner parfois, c’est choisir les bons combats avec les enfants et les gagner, c’est apprendre à mettre de la distance entre ses émotions et celles de ses gamins et c’est avoir autant de compassion pour les « poqués » que de se méfier des « p’tits parfaits ».
Entre le rejet et l’acceptation, il pourrait y avoir « l’inférence ». Notion quelque peu compliquée, cette composante principale de la logique peut s’avérer extrêmement utile en éducation. « Inférer c’est relever des indices, les comparer, les classer, en tirer des conclusions à comparer à d’autres hypothèses (…) C’est une opération de raisonnement logique par laquelle, à partir d’un fait, d’une proposition…, on tire une conséquence » (Source).
Je ne peux me résoudre à envisager que nous puissions développer la pensée et planifier nos réactions à coups de dictas; ni en matière d’acceptation ou de rejet…
Je continue d’y réfléchir… Merci Stéphane.
L’association tueur-école-rejet de M. Laporte me laisse perplexe si l’on considère les faits suivants.
– Le tueur du collège Dawson demeurait à Laval.
– Il y a une foule d’écoles et de collèges sur jusqu’à Dawson.
– S’il voulait se venger d’un rejet à l’école, il l’aurait probablement fait dans un endroit plus symbolique ou significatif pour lui.
– Il ne connaissait, semble-t-il, personne de cette institution d’enseignement ou il n’a jamais étudié de toute façon.
– Il n’a laissé aucun écrit expliquant son geste, donc rien reliant cette tuerie à un rejet relié à l’école et encore moins au collège Dawson.
– Selon certains témoins, le tueur serait tout à coup entré à l’intérieur du collège alors que deux policiers marchaient en sa direction sur le trottoir. (J’écirs cette dernière remarque avec beaucoup de réserve puisque selon certains témoins occulaires, il y avait jusqu’à trois tireurs fous lors de cet événement, ce qui montre qu’il faut se méfier parfois de témoignanges de première source).
Bref, je me demande comment ou peut associer une telle tuerie avec l’école? Je ne nie pas que celle-ci soit parfois un milieu difficile pour les enfants et la pertinence de votre propos, mais M. Laporte a peut-être poussé le bouchon un peu loin…
Y aurait-il une possibilité qu’il ait choisi une école et non pas le Collège Dawson en particulier? J’ai repris le texte de Stéphane Laporte parce qu’il contient un témoignage personnel qui me semble pertinent dans les circonstances et aussi parce qu’il est venu me chercher à partir de mes propres sentiments. Depuis que la tuerie a eu lieu, je n’ai pu m’empêcher de penser à cette violence liée au rejet qui se développe souvent en bas âge. Je ne sais pas jusqu’à quel point M. Laporte est convaincu que la décision de Kimveer Gill de choisir une école pour passer à l’acte dans sa folie a été réfléchie ou improvisée, mais le fait est que les événements ont eu lieu dans une école et le fait est aussi, qu’il y a eu trop de ces événements violents qui transforment une institution scolaire en théâtre de violence ultime. Il me semble que cela commande qu’on s’interroge sur le rejet?
M. Asselin,
Aux États-Unis, ce type de tueries survient aussi en milieu de travail. Je repense à celle qui s’est déroulée dans un bureau de poste, par exemple. Dans les faits, la plupart des crimes violents surviennent à la maison. L’école n’a donc pas le monopole comme milieu opprimant ou l’on peut vivre le rejet ou comme théâtre de violence extrême.
Il faut donc en tenir compte et éviter les généralisations. L’école à le dos déjà bien assez large et ceux qui y oeuvrent ont souvent une malaine tendance à l’auto-flagellation.
On ne peut nier que l’école est un lieu à forte connotation symbolique.
De la même façon, les émeutiers des banlieues françaises se sont attaqués aux écoles de leur quartier, laissant derrière eux une très profonde incrédulité.
Est-ce qu’on peut pour autant faire l’hypothèse que c’est parce que l’école n’est plus source d’espoir qu’on se retourne contre elle violemment de diverses manières? Je ne sais pas.
Mais il n’est sans doute pas inutile de se poser la question…
Messieurs,
J’apprécie et je goûte cet échange, sauf que de relier le tireur fou au collège Dawson en parlant de rejet ou de violence, c’est un lien qui s’apparente à du charriage ou de l’auto-flagellation. Désolé, mais trouvez-moi actuellement un lien concret ou direct entre ces deux données et là, je prendrai cette hypothèse au sérieux. Sinon, nous pelletons des nuages à la vitesse grand V.
INFÉRER = ±
élaborer une hypothèse à partir de faits déjà connus.
Comme j’ai pris le temps de loc@liser le blog de Mr KGill, avant qu’il ne soit fermé, j’ai donc eu l’opportunité de lire son dernier ( court ) mess@ge, qui, en gros, ressemblait à :
« Yes! Whisky in the morning! Yeeeeeeeeees! »
Si je rajoute cette phrase, écrite ±une heure avant la tuerie, aux quelques témoignages qui rapportent que KGill semblait saoûl, j’en infère qu’encore une autre fois, l’alcool a fait encore d’autres victimes !
Cependant, rajoutons à ce whisky :
l’éducation militaire de KGill, qui, entre autres objectifs, a pour but de désensibiliser le soldat vis-à-vis l’humanité de ces ennemis, ce que KGill a expertement démontré en abbatant Anastasia de 9 balles : alors que suite aux premières balles, le copain d’Anastasia essayait d’en prendre soin, il l’a achevé en lâchant sarcastiquement que le copain d’Anastasia n’aura pu à en prendre soin, maintenant,
l’AMOUR de KGill pour les armes, qu’il a amplement illustré sur son blog par des photos qui ont maintenant fait le tour du WWW, et dans lesquelles KGill s’emploie à dégager de la haine et de la violence,
le désir de KGill, écrit sur son blog, de mourir sous une pluie de balles,
et son habitude de jouer à des jeux vidéos, dont un jeu sur le massacre de Colombine !!!
En rajoutant donc ces autres faits au whisky bu par KGill, j’en infère que KGill en a recréé son propre univers de schysophrène psychopathe, dans lequel il était enfin le seul maître tout-puissant à bord et j’en infère que KGill est entièrement COUPABLE de ses CHOIX et que « le rejet » ne serait qu’un autre élément possible pour expliquer la source de la démence psychopathe d’individus qui disjonctent, dans le style de KGill, qu’ils aient été rejetés ou non, même si cela semble être souvent le cas dans ce genre de fusillades !
J’infère également qu’il est plausible de penser que KGill a choisi Dawson, vu qu’il s’est stationné le plus près possible et a saisi un hotage, un avocat, en route pour « sa tuerie viedéo » : j’infère qu’il s’en allait vraiment quelque part pour faire une tuerie, qu’il a d’ailleurs commencé sur le trottoir, vu qu’il avait trois armes avec lui et plein de munitions : pour un hold-up, il n’aurait pas eu besoin de trois armes ! Qui plus est, pas d’une arme qui tire quatre balles à la fois ! Son 45, voire un de ces doigts auraient suffi !
Avait-il planifié d’entrer dans le collège Dawson ? Y a-t-il été forcé par les deux policiers qui l’ont aperçu tenant un avocat en otage ? Peu importe, car il y est entré et a continué, par choix, sa tuerie d’humains dans la fleur de la jeunesse, dans la crème de Westmount, dans la rose Anastasia. KGill a fusillé des enfants mais il a fui dans le collège, puis derrière une colonne, en présence des policiers : j’en infère donc que KGill était un lâche !!
Ces mots sont doux comparés aux commentaires laissés par des intern@utes du WWW et dont j’ai lu deux, trois, quatre p@ges ; si KGill avait déjà souffert de la marée envahissante du rejet, j’infère qu’il a dû en sentir un tsunami ces derniers jours. Néanmoins, c’est bien lui et ses choix, la secousse sismique qui en est la cause fondamentale !
Messieurs,
Personnellement, ce qui m’écoeure dans le traitement médiatique de cette affaire, c’est le voyeurisme et le sensationnalisme de nos charmants médias. Montrez des images du site et compagnie: était-ce nécessaire? Belle publicité gratuite pour tous les fêlés de la terre.
Messieurs,
Tiens ce matin, on apprend que le Globe and Mail attribue la tuerie du collège Dawson à la Loi 101. Vous ne l’aviez pas venir celle-là?
J’avais vu cela en fin de semaine sur le blogue de Martine Pagé. J’aime mieux ne pas partir de discussion ici sur cette affirmation compte tenu que sur le billet de Martine il est possible de le faire. Je préfère garder ici l’hypothèse que nous devons surveiller de près le lien qui existe entre le drame et le fait qu’il se soit passé dans une école.
Au commentaire #5, il est écrit « … trouvez-moi actuellement un lien concret ou direct entre ces deux données et là, je prendrai cette hypothèse au sérieux.
Je ne sais pas pour le rejet, mais selon cette source, ce n’est pas par hasard que le Collège Dawson a été ciblé.
Ce n’est pas que je veuille absolument avoir raison (j’aimerais mieux avoir tort, d’ailleurs), mais je crois que nous devrions au moins admettre l’hypothèse qu’il se passe peut-être quelque chose à l’école qui incite des délinquants à vouloir y retourner pour « pour la salir ». Les événements des derniers jours me préoccupent beaucoup dans ce sens ainsi que quelques autres alertes (1 et 2).
Une alerte, même à QC, QC
Menaces dans une école de Beauport