Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Les régions ont souvent l’impression que les décisions importantes leurs sont imposées. La montréalisation de l’information et la «nouvelle alliance» Coderre-Labeaume expliqueraient en grande partie que les récentes décisions prises à Québec ne rejoignent pas «l’intérêt des régions», selon plusieurs observateurs qui s’expriment en région.
Qu’en est-il ?
Je reviens d’un court séjour en Gaspésie. Je lis beaucoup sur les réactions régionales consécutives à la nouvelle entente sur la gouvernance régionale et un pacte fiscal transitoire et je suis attentivement les activités liées au mouvement #PasToucheMaRégion; pas beaucoup de réactions positives. Une certaine colère gronde…
En juin 2008, le chroniqueur Patrick Lagacé avait publié un billet portant sur la montréalisation des médias. Il était d’accord avec le fait que les médias «sont en général montréalisés à l’os». Il invoquait deux raisons : la production du contenu vient de Montréal parce que ça coûte moins cher et pour bon nombre de journalistes, «les territoires hors de Montréal, sont vus comme des contrées lointaines».
Dans une lettre qui vient d’être publiée sur Graffici.ca, le responsable du développement économique et touristique à la Ville de Carleton-sur-Mer en Gaspésie affirme qu’il «n’a pas grand espoir que sa lettre sera diffusée au national». Le fait de ne même pas pouvoir être entendu à Québec ou à Montréal est en haut de la liste des récriminations, actuellement.
Sur le fond, les gens des régions aimeraient débattre de l’importance des structures régionales de développement et de concertation plutôt que du nom d’un pont, si j’ai bien compris.
En Beauce, on défend le Carrefour jeunesse-emploi (CJE) autant que les Centres locaux de développement (CLD) ou le Conseil économique de Beauce (CEB).
En Gaspésie, juste avant de quitter, on m’a remis une lettre signée par plusieurs citoyens engagés dans différents secteurs, «Nous nous tenons la tête haute». Un passage m’a frappé…
«Le message qu’on nous envoie à répétition, c’est que nous sommes un fardeau (pour qui ?), que nous sommes loin (de quoi ?), que nous ne sommes pas rentables (en quoi ?).
On peut être pour ou contre certaines décisions prises au gouvernement, mais il ne faudrait pas qu’un dialogue de sourds s’installe entre les régions et les grands centres.
L’impression de ne pas pouvoir être entendus à Québec et à Montréal. Décoder être trop éloignés, devenir un fardeau et ne jamais pouvoir être rentables…
Ce n’est pas le signe d’une communication bien établie.
L’isolement les uns des autres est contreproductif.
L’hiver arrive. La saison enneigée ne fournie pas autant d’occasions de se visiter.
Soyons vigilants.
Par les moyens modernes de communiquer, maintenons un dialogue le plus nourricier possible.
Le Québec étant ce qu’il est, nous des grands centres avons de la famille et des amis en région. Assurons-nous de maintenir le contact pour que les propositions régionales influencent la prise de décision.
Et ceux qui en ont la possibilité, agissons de manière à ce qu’à Montréal et à Québec, on sache ce qui se passe en région.
Personne n’a avantage à ce qu’un malaise profond s’installe entre des populations qui sont interdépendantes au Québec.
N.B. La chambre de commerce et de tourisme de Gaspé invite la communauté d’affaires et les citoyens ayant des idées constructives à venir participer au premier grand Colloque économique de Gaspé qui aura lieu le 22 novembre prochain à l’Hôtel des Commandants.
Ajout : Précisions du responsable du développement économique et touristique à la Ville de Carleton-sur-Mer sur sa lettre ouverte à l’émission «Bon pied, bonne heure!», sur Ici Radio-Canada [Gaspésie et Îles-de-la-Madeleine].
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