Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Depuis 1998, jamais la région de Québec n’a connu un aussi important solde migratoire. Merci à nos institutions d’enseignement postsecondaires qui y sont pour beaucoup dans cet excellent bilan !
La région de la Capitale-Nationale compte au 1er juillet 2013, 725 095 habitants, et sa population connaît une croissance plus élevée que la moyenne du Québec. Ces chiffres sont tirés du Bilan démographique du Québec qui vient d’être publié par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
C’est dans la tranche d’âge des 15-24 ans et dans la Ville de Québec que cette bonne performance régionale prend racine. Le poids démographique de la grande ville s’accroit à l’intérieure de la région. «La Capitale-Nationale est par ailleurs la quatrième région d’accueil des immigrants internationaux : 5 % des immigrants admis entre 2008 et 2012 y résident, en janvier 2014».
Cette capacité à attirer plus d’immigrants explique elle-aussi ce bon résultat.
La croissance de l’emploi dans la région explique probablement que davantage de gens viennent s’établir chez nous plutôt que l’inverse. Le taux de chômage qui se situait à 5,8% en novembre 2014 est un des plus bas au Québec, ce qui contribue assurément à attirer plus de nouveaux arrivants. Je me souviens dans la première campagne électorale de Régis Labeaume qu’un de ses thèmes de prédilection était de faire beaucoup d’efforts pour contrer l’exode des jeunes hors de Québec. En octobre 2007, il en faisait une de ses priorités : «Je me lancerai le défi de faire de Québec la ville la plus attrayante du pays».
La migration des Québécois vers les autres provinces inquiète
À l’inverse de la région de la Capitale-Nationale, le Québec connaît sa pire performance à ce chapitre avec 13 100 de nos compatriotes Québécois qui ont migré vers d’autres provinces du Canada de plus qu’il y en a d’ailleurs qui sont venus s’établir chez-nous. Dans une récente chronique au Journal, Nathalie Elgrably-Lévy s’inquiétait du climat économique de la province.
«Ainsi, le Québec attire des immigrants internationaux, mais retient difficilement sa population manifestement attirée par les autres provinces. Plus désolant encore, 41% des Québécois qui s’exilent ont entre 20 et 34 ans. Le Québec perd donc ses forces vives, sa capacité entrepreneuriale, ses cerveaux et son savoir-faire.»
Si nous avons plusieurs raisons d’être confiant à Québec, la désolante capacité du Québec à retenir ses jeunes devrait tempérer notre optimisme.
La stabilité politique pourrait-elle changer la donne ?
André Pratte de La Presse s’est lui également intéressé au solde migratoire interprovincial négatif du Québec depuis 1972 et il en arrive à la conclusion que «lorsque surviennent des périodes de tensions sociales ou d’incertitude politique, des milliers de Québécois quittent la province».
«Les pertes sont plus importantes lorsque le Parti québécois est au pouvoir. Ce n’est pas tellement le PQ qui dérange, mais son projet indépendantiste. Lorsque la séparation paraît hors d’atteinte, le nombre de départs augmente peu, même si les péquistes gouvernent. À l’inverse, lorsque la probabilité de l’indépendance augmente, des milliers de personnes supplémentaires bouclent leurs valises».
Dans les prochaines années, il faudra capitaliser sur un climat politique plus stable à Québec, au municipal comme au provincial. Quand on devient incapable de prévoir, on le sait, la santé économique d’une région ou d’une province est souvent compromise. Même sous Robert Bourassa, la Crise d’octobre et les tensions linguistiques avaient aussi provoqué un nombre de départ en progression, rappelle André Pratte. Même chose sous Jean Charest lors de la «crise des accommodements raisonnables».
En ce sens, que le développement économique et l’équilibre budgétaire constituent la priorité des gouvernements plutôt que les sujets identitaires ou le référendum sur la question nationale est en soi une bonne nouvelle pour notre solde migratoire.
Certes, la région de Québec tout comme le Québec avec ses 8,2 millions d’habitants vieillit, mais l’élan actuel pourrait se poursuivre en continuant de miser sur l’innovation et l’entrepreneurship.
La région de la Capitale-Nationale est bien positionnée à ce chapitre et les prochaines années seront cruciales. La diversification économique que nous avons vécues dans les dernières années doit se poursuivre pour que des projets comme celui évoqué avant-hier puissent se concrétiser !
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