La tribune téléphonique de Pierre Maisonneuve portait sur l’apprentissage de la lecture ce midi. Je n’ai pas pu l’écouter, mais je me suis repris en fin de journée. La question posée était «Pourquoi tant d’enfants arrivent-ils au secondaire sans savoir lire?» Dans les derniers jours, plusieurs personnes des réseaux scolaires avaient été prévenues par l’entremise de la liste de diffusion «plan-école». Le nombre d’élèves en trop grandes difficultés dans les classes, le manque de spécialistes (orthopédagogue, orthophoniste, etc.) dans les écoles, le manque de ressources en général, les programmes de français trop «vagues» (ça vient de Suzanne Chartrand), la «méthode globale» qui ne serait pas efficace pour tout le monde et la mise à la retraite de beaucoup d’enseignants spécialisés expliqueraient le phénomène.
Ce sujet a été traité ici à quelques reprises (1, 2 et 3). Les appels téléphoniques des citoyens sur la tribune ont ajouté que le laxisme viendrait également du côté de la formation des maîtres où certains enseignants en formation seraient eux-mêmes en grandes difficultés en lecture. Les effets néfastes de la méthode du Sablier, la méchante réforme et le manque d’évaluation ont aussi été évoqués.
Ce n’est qu’à la fin de l’émission qu’on a entendu parler de manque de temps consacré à la lecture. Une intervenante a mentionné que pour apprendre à lire… il fallait surtout… lire! Gilles Jobin est un partisan de cette approche : «Donc, chers parents lecteurs de ce blogue, donnez-vous en devoir une demi-heure de lecture par soir, avec vos enfants. Vous apprendrez un tas de choses, vos enfants aussi, et je suis assuré qu’il y aura des retombées scolaires positives.»
Ça ne règlera pas tout, probablement, que d’insister sur le temps passé à lire (des trucs agréables à lire en particulier), mais je suis surpris qu’il ait fallu autant de temps dans la tribune avant de pointer ce fait. Pour le reste, ce fut encore une bonne occasion de broyer du noir! Pas la peine d’écouter ça, finalement…
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Peut-on penser aussi que, devant les énormes difficultés en écriture des jeunes québécois, les enseignants ont relégué au second rang la lecture en estimant qu’elle peut être faite à la maison ou ailleurs que sur du temps de classe?
Oui, je suis d’accord avec l’assertion de Gilles Jobin. D’accord aussi avec le commentaire de Luc Papineau. Mais d’accord aussi avec ceux qui prétendent qu’il y a eu un problème au départ, avec l’enseignement de la lecture. Celle-là, elle est simple à comprendre. Vous connaissez la Loi de l’effet de Thorndike: un comportement qui sera suivi d’une récompense aura tendance à se répéter quand la situation où il s’est produit se présentera à nouveau. Il n’aura pas tendance à se répéter s’il est suivi d’une punition. Et plus cette situation de récompense-punition se produira tôt dans la genèse du comportement qu’on veut installer, plus son effet sera puissant. On comprend, que placé tôt en situation d’échec, un enfant percevra la lecture comme une situation aversive, donc à éviter. D’où l’importance d’utiliser l’approche qui permettra le plus tôt possible de faire vivre un succès. Je peux difficilement résumer plus.
Par ailleurs, et c’est pourquoi je souscris également aux propos de Luc et Gilles, les cause du problème sont multiples. En conséquence, il faut agir globalement sur plusieurs cibles à la fois: sur les familles, sur les approches, sur les organismes du milieu, les enseignants, les gestionnaires. Il faut tirer partout, de façon concertée, chacun des partenaires faisant le mieux qu’il peut, ce qu’il peut le mieux faire. Ça veut dire des bibliothèques municipales qui se déplacent dans les écoles primaires en début d’année pour inscrire les familles et les enfants; ça veut dire des CLSC qui travaillent de concert avec d’autres organismes pour faire un peu d’animation de livre quand les salles d’attentes sont bondées, comme par exemple durant une campagne de vaccination. Mais ça veut aussi dire des écoles qui mettent à la disposition des élèves les meilleures approches disponibles, les plus efficaces et qui encadrent et forment leurs enseignants à ces approches. Ça peut vouloir dire des commissions scolaires qui poussent fort sur la reddition de compte pour s’assurer que l’argent des bibliothèques est investie dans les livres, mais qui, du même coup, prévoient des sommes pour de l’animation en mettant en place des projets à frais partagés école-CS-ville par exemple. Ça veut dire des enseignants qui lisent. Ça veut dire des services des ressources humaines qui préparent des entrevues de sélection pour l’embauche de nouveaux enseignants en ne se limitant pas de tester leur maîtrise du code, mais en évaluant leur habileté à lire et à interpréter des oeuvres. En leur demandant le titre des 10 derniers bouquins qu’ils ont lus… Mais ce sont également des parents qui lisent, qui donnent le goût de lire aux enfants. Aussi des parents à qui on doit apprendre à lire… Tout n’est pas simple. Mais il faut commencer quelque part, c’est-à-dire partout, en concertation. Il faut finalement abolir les taxes sur les livres, parce que c’est vrai que taxer les livres, c’est une très mauvaise idée.
M. Le Neuf touche deux points importants.
Combien d’enseignants lisent régulièrement? Combien d’enseignants apportent un livre avec eux en classe? Combien d’enseignants parlent en classe de livres qu’ils viennent de lire? Combien d’enseignants, un peu fous comme moi, prêtent des livres de leur bibliothèque personnelle à leurs élèves parce qu’ils veulent partager leur passion (et aussi parce qu’ils croient qu’un livre rangé dans une bibliothèque est un livre mort)?
Également, est-ce le milieu de l’éducation a vraiment à coeur la lecture? Il suffit de penser à l’état des bibliothèques, du peu de personnel qu’on leur attribue. Pour plusieurs gestionnaires, la lecture est vu comme une dépense en éducation, point à la ligne.
Par ailleurs, je reviens sur un billet paru chez le Prof malgré tout qui traite de l’opération Lire en été à la CSDM. ( http://profmalgretout.blogspot.com/2006/10/lire-en-t.htm l) Plein de bonnes intentions, celle-ci se serait soldée par un échec. Par rapport à tout le temps et l’argent qu’on y a investi, n’aurait-il pas fallu consulter les enseignants avant d’improviser une telle campagne?
Enfin, on n’insistera jamais assez sur l’importance de l’accessibilité aux livres et la présence de modèles positifs de lecteurs chez les jeunes. Ma fille de 14 ans est mordue des livres. Pourquoi? Est-ce parce que son père lit avec plaisir deux à trois romans par semaine? Est-ce parce que les livres occupent une place importante de la maison? Est-ce parce qu’une bonne amie libraire a cerné ses goûts alors qu’elle était plus jeune? Je suis un enseignant de français passionné, mais je n’ai jamais embêté ma fille pour qu’elle lise. Il y a des passions qui sont comme des osmoses, qui s’attrapent comme le rhume.
Sur ce, bonne journée à tous!
M. Asselin,
Tout comme moi, vous remarquerez qu’il suffit d’écrire le mot réforme dans le titre d’un billet pour que celui-ci suscite de l’intérêt. Par contre, les mots «enfants analphabètes» semblent laisser les gens indifférents. Et pourtant, si les jeunes, qui devraient constituer notre première richesse nationale, ne savent pas lire, dans quel état sera notre société d’ici vingt ans?
Je voulais ajouter à mon commentaire que la lecture ne fait plus l’objet d’aucune évaluation ministérielle tant au primiare qu’au secondaire. Signe de l’intérêt pour ce volet du français?
Je partage votre avis M.Papineau. Il y a des cris du coeur qui méritent d’être soulignés aussi, comme celui-ci, d’Égide Royer (http://www.infobourg.com/sections/actualite/actualite.php?id=11129).
La lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale débute bêtement par le choix des meilleures approches pour favoriser l’apprentissage de la lecture chez les petits. J’ai déjà largement commenté et écrit là-dessus, notamment ici: http://carnets.opossum.ca/LeNeuf/archives/2006/08/lire_pas_simple.html
Tous ces jeunes qui arrivent aux portes du secondaire, quasi-analphabètes, qui peinent à tirer du sens d’un texte tout simple, ceux-là, est-ce qu’ils sont rendus à tenir des blogues et à échanger sur leur vécu de lecteurs non-fonctionnels ? Ils n’ont pas de voix sur la grande toile…
Royer propose un modèle d’intervention très semblable à celui que nous avons décrit dans le volume «Échec scolaire et réforme éducative». Il propose des mesures intensives, mais temporaires, pour les élèves en grande difficulté.
Est-ce vous voulez parler M. Bissonnette de «l’enseignement « sur mesure ». Un principe qui fait pourtant partie de la réforme, mais qui n’est pas assez mis en valeur»?
En passant, je suis tout à fait d’accord avec M. Royer (et d’autres intervenants sûrement) à l’effet que la politique du début de l’implantation de la réforme, «la promotion automatique», s’est avérée néfaste pour plusieurs. Il faut tirer un trait sur cette façon de faire.
Enfin, je m’interroge moi aussi sur les conséquences de ne pas considérer suffisamment les impacts d’une non-maîtrise de la compétence «lire des textes variés» au terme du bilan de fin de troisième cycle (et à n’importe quel cycle «a forteriori»). Le fait qu’il n’y ait pas d’examen ministériel est peut-être le symptôme du manque de considération du MELS pour la lecture, je ne sais pas, mais il faut que chaque enseignant, chaque parent et chaque directeur considèrent un échec à ce niveau comme étant aussi important (sinon plus) qu’un autre à l’écrit ou en maths, par exemple. Évidemment, il faut réagir avant d’arriver à l’échec… avec des méthodes d’apprentissages éprouvées comme le suggère M. Le Neuf, en particulier.
Et faire lire… beaucoup beaucoup.
M. Asselin,
Le problème de l’enseignement sur mesure au Québec, c’est qu’on doit souvent le faire dans un groupe de 32 élèves sans aucune ressource aidante. Et qu’on ne me parle pas de différenciation pédagogique qui est, quant à moi, une magouille honteuse pour gonfler artificiellement les taux de réussite
De plus, de par mon expérience, j’ai l’impression qu’il est beaucoup plus difficile et long d’aider un élève qui a des difficultés en lecture qu’en écriture. L’accompagnement doit être individuel et proche tandis qu’en écriture, on peut arriver plus rapidement à une augmentation de la maîtrise de la langue chez l’élève.
Enfin, lire beaucoup est une bnne idée en autant qu’elle ne se fait pas seule. L’élève doit être accompagné. Un retard de lecture important ne se comble pas par magie en cinquième secondaire.
Bonsoir discutassionneurs
Comment est-ce possible que « la lecture ne fasse plus l’objet d’aucune évaluation ministérielle tant au primaire qu’au secondaire », alors que dans le Programme de formation de l’école québécoise, au premier cycle du secondaire, dans le domaine des langues, en français, langue d’enseignement, « lire et apprécier des textes variés » est bel et bien une des compétences mentionnées, outre l’écriture de textes variés et la communication orale selon des modalités variées ?
Par ailleurs, je viens de trouver à la page 101 du dit Programme cinq critères d’évaluation, en lien avec la lecture et l’appréciation des textes variés, ainsi que les attentes de fin de cycle…
M. Djeault,
L’évaluation en lecture est laissée à la discrétion des CS ou des écoles qui déterminent le type d’épreuves et l’importance à accorder à la pondération de celles-ci. De plus, ce sont les ensiegnants qui corrigent ces épreuves comparativement à celle du MELs en écriture de cinquième secondaire. Les disparités entre chaque école sont parfois criantes…
Le PDF peut parler de compétences. Ce sont les écoles qui s’occupent de vérifier celles reliées à la lecture depuis des années.
J’ai appris à aimer à lire avec la collection d’albums TINTIN ; ensuite, mon grand frère m’a refilé un Sherlock Holmes ; WOW ! J’étais parti pour la vie…
Néanmoins, quelle incidence a la pauvreté (monétaire et culturelle) sur la « non-lecture » ? Certains enfants choyés, à la maison, ont pleins de livres ìntéressants, d’encyclopédies, etc.
D’autres enfants dont les parents manquent d’argent à chaque fin, voire milieu, de mois ne voient jamais lire leur(s) parent(s) et n’ont pas de livres qui « traînent » chez eux.
Ainsi, ceux qui sont choyés à la maison pour ce qui est de livres adéquats et intéressants pour eux, ont sûrement plus de facilité à lire le matériel scolaire, alors que les « défavorisé(e)s » prennent de plus en plus de retard dans l’apprentissage (de l’amour) de la lecture, ce qui sûrement affecte l’apprentissage en général…
le modèle présenté dans notre revue de littérature s’inspire de travaux américain. il s,agit d’un modèle d’intervention en trois niveaux. niveau 1 = intervention dans la classe
niveau 2 intervention dans la classe mais en groupe plus restreint (enseignant + orthopédagogue) niveau 3 intervention hors classse, intensif + enseignement explicite
voilà
quand Royer parle d’immersion de lecture, cela correspond au niveau 3, ce qu’un enseignant ne peut faire seul!
Messieurs,
Un autre fait me surprend quand on analyse les études statistiques sur l’analphabétisme: c’est combien de Québécois de 18 à 35 sont considérés comme analphabètes. On peut penser qu’il s’agit de décrocheurs, mais pourrait-on retrouver parmi ces gens des individus sont allés l’école et, dans certains cas, jusqu’au secondaire?
monsieur papineau,
voir à ce sujet :
http://www.mels.gouv.qc.ca/publications/menu-enquete_sys-educ.htm