Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Nous serons plus de trois cents participants, élèves du Centre d’apprentissage du Haut-Madawaska (C@HM) et techno-pédagogues de divers provenances à participer de jeudi à samedi prochain à un colloque très particulier qui vise depuis 2010, à tenter de voir l’éducation autrement. Clair 2015 est «aussi une rencontre où quelques universitaires sont assis avec des praticiens et des administrateurs scolaires» (source).
Le directeur de la «petite» école du village de Clair tout près d’Edmundston, Roberto Gauvin, a réussi au fil du temps et avec beaucoup de doigté à mobiliser la communauté éducative pour que son école devienne une sorte de laboratoire d’innovations sur les bonnes pratiques à utiliser en éducation pour provoquer des apprentissages qui favorisent la réussite scolaire. En 2008, une journaliste de la Presse de Montréal de passage dans cette école avait utilisé l’expression «Bienvenue à Silicon Brunswick» en tête de son article, faisant allusion à mon sentiment personnel de me trouver dans la Silicon Valley californienne quand je suis de passage au C@HM…
Bon nombre de ceux qui seront sur place viennent de l’Est du Québec et de la région de la Capitale-Nationale. Évidemment, bon nombre d’éducateurs et de cadres scolaires sont du Nouveau-Brunswick. Quelques-uns des conférenciers viennent d’Europe ou d’Ontario.
Les enseignants et membres de la direction des commissions scolaires et des écoles privées de la région de Québec qui font la route jusqu’à Clair souhaitent surtout briser l’isolement qui est souvent le propre de ceux qui innovent en éducation. Réseauter avec ceux qui possèdent les mêmes sensibilités sur l’utilisation de stratégies différentes de celles qu’on apprend dans les facultés d’éducation est un carburant qui motive énormément. Passer pour un hurluberlu dans son milieu parce qu’on fait différemment épuise à la longue et en se donnant quelques jours pour s’entretenir avec des pairs qui comprennent bien le sens de nos efforts à innover, on s’en trouve rassuré et ressourcé.
On ne dit pas assez jusqu’à quel point l’isolement est un phénomène qui fait mal en éducation. Cette impression d’être le seul à ne pas avoir le bon pas, se faire regarder de travers par des collègues ou une direction qui répètent la même routine depuis des années et qui en sont venus à croire que leur approche traditionnelle est la seule pouvant connaître du succès… c’est épuisant.
Vous savez le «ça s’est toujours fait de cette manière et mes élèves ne s’en sont jamais plaint, à ce que je sache»…
Me semble.
Bien-sûr, l’événement de Clair n’est pas le seul à proposer du perfectionnement en éducation. Mais pouvoir se promener dans les classes avec de vrais élèves et pouvoir échanger avec eux autant qu’avec leurs enseignants sur ce qui marche bien dans ce qu’ils expérimentent est un rare privilège.
Revenir sur ses pratiques en toute ouverture, pouvoir se confier à des collègues d’ailleurs sans s’exposer à des critiques négatives parce qu’on fait différent d’eux ou sentir qu’on représente une sorte de menace, fait du bien. Entendre des témoignages d’élèves qui travaillent au quotidien dans un milieu ouvert, qui apprennent avec des ordinateurs, à l’aide de blogues ou de «Google Docs», avec des drones, de la robotique, des tablettes numériques ou des tableaux interactifs est un privilège qu’on ne retrouve pas ici, dans les milieux éducatifs de la région de Québec. Du moins pas avec autant de cohésion, d’ouverture et de générosité…
De plus, cette école publique de quelques centaines d’élèves qui vit les mêmes contraintes que les écoles de notre région a trouvé des solutions particulières pour s’équiper des dernières nouveautés technologiques et il est bon de constater qu’il n’y a pas de solution unique là-bas pour motiver tous les élèves à la fois. En se promenant de classe en classe, en discutant avec les enseignants du C@HM (et ceux d’ailleurs), on constate vite que c’est en explorant plusieurs pistes et en multipliant les offres d’activités que chaque élève risque de devenir de plus en plus attaché à son école et accompagné vers le succès.
Dans le contexte où entend davantage parler ici des conflits entre ceux qui sont trop souvent considérer comme des «travailleurs de l’éducation» et ceux qui ont déposé des offres déprimantes sur les conditions de travail en enseignement, j’avoue bien humblement que ces trois jours à parler de pédagogie et de numérique de manière professionnelle vont me faire le plus grand bien.
En bonne compagnie avec «d’autres exaltés» comme je le suis souvent moi-même, je nous promets beaucoup de plaisir et d’agrément…
Pour ceux que cela intéresse, on pourra suivre le déroulement de nos échanges de bien des manières, dont par l’intermédiaire du fil Twitter #Clair2015.
N.B. Déclaration d’intérêts : Je prononcerai la conférence d’ouverture jeudi soir le 29 janvier du colloque Clair 2015 et je recevrai une rémunération pour ce faire.
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