Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
On pouvait lire ce matin au Devoir et dans le Journal que les membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) cessent immédiatement de soutenir les activités parascolaires des élèves pour ainsi s’en servir comme objet de négociation de leurs conditions de travail avec le gouvernement. Jusqu’à quel point «un professionnel» peut-il se permettre d’agir ainsi ?
On se souviendra que les syndicats d’enseignement ont déjà plaidé qu’il serait inutile que l’Office des professions permette la mise en place d’un Ordre professionnel pour les enseignantes et les enseignants puisque l’encadrement actuel de «la profession» serait en quelque sorte équivalent.
Quand je vois qu’on se sert des activités parascolaires des jeunes pour faire valoir son point de vue en négociation, je suis loin de voir cette équivalence.
Il me semble qu’on diminue la valeur «d’une profession» quand on se comporte ainsi.
À la mi-avril, on entre dans une école dans la période dite «de fin d’année». Plusieurs sorties scolaires, spectacles culturels, finales sportives et activités de finissants dépendent de l’engagement des enseignants et on verra apparaître ici et là des problèmes évidents pour la conduite de ses activités qui pourraient entraîner leur annulation.
Je me suis déjà exprimé sur certains aspects des propositions gouvernementales qui touchent les enseignants et bien que je sois plutôt de leur avis, je ne conçois pas qu’on se serve de ce qui est très important pour les élèves pour gagner son point.
Ce comportement ne me paraît pas digne d’une vraie profession.
J’ai félicité l’ancien ministre Bolduc (et ça ne m’est pas arrivé souvent) quand il a proposé de demander un nouvel avis à l’Office des professions concernant la création d’un Ordre professionnel pour les enseignantes et les enseignants.
Je trouve que le comportement syndical des enseignants de la FAE dans ces circonstances donne de l’eau au moulin à ceux qui croient que les parents et les élèves sont mal protégés et ne reçoivent pas les services qu’ils devraient recevoir.
Le nouveau ministre de l’Éducation semble vouloir adopter des politiques pour valoriser la profession des enseignants. Il devrait songer à relancer les démarches concernant l’Ordre professionnel.
Quand les intérêts des élèves ne rencontrent pas ceux des «travailleurs de l’éducation», l’arbitrage d’un syndicat penche toujours du même côté, celui des membres.
Qui défend l’intérêt des élèves ?
Ceux qui négocient avec les enseignants (le gouvernement) sont moins bien placés que le serait un Ordre professionnel pour agir.
Voici un autre épisode de plus qui démontre qu’un syndicat n’a que faire du caractère professionnel de l’acte d’enseigner. Et «oui», enseigner ça inclut ce qui se passe dans plusieurs activités parascolaires.
Boycotter des activités signifiantes pour les élèves, ça laissera des traces en classe qui affecteront le sentiment d’appartenance à l’école et la réussite scolaire.
Mise à jour du lendemain: Un enseignant membre de la FAE m’assure via un commentaire sur ma page Facebook «que les activités déjà décidées auraient lieu» et que «ce à quoi nous nous sommes déjà engagés sera respecté». Vérifications faites sur ce prospectus trouvé sur le site de la FAE, on n’en fait pas mention, mais je veux bien prendre la parole de cet enseignant. Dans ce cas, il faut admettre que le boycott causera beaucoup moins de dommage. J’espère que cette consigne a été donnée dans toutes les assemblées où le vote s’est pris…
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