Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Avec quarante ans d’expérience à titre de chauffeur d’autobus M. Dubois, j’ai bien conscience que vous en avez vu des vertes et des pas mûres. Je sais que vous exercez un métier pas facile. Mais aujourd’hui, j’aimerais vous parler de la Journée mondiale du livre.
C’est aujourd’hui le 23 avril qu’on fête pour une vingtième fois le livre, la lecture et qu’on souligne l’importance du droit d’auteur.
Je sais que vous avez fait la manchette récemment, un peu malgré vous si j’ai bien compris, et je ne voudrais surtout pas vous accabler davantage. J’aimerais tout de même vous inviter à souligner cette journée particulière.
Vous êtes préoccupé par la sécurité des enfants et c’est tout à votre honneur. Toute la société vous appuie quand vous décidez de valoriser les bons comportements à bord de votre véhicule et de prendre les moyens qu’il faut pour vous assurer que les vingt minutes pendant lesquelles la petite Sarah Auger va de son domicile à l’école (et vice-versa) soient le plus sécuritaire possible.
J’aimerais aujourd’hui vous suggérer un moyen de souligner la Journée mondiale du livre tout en restant bien solidaire de votre préoccupation pour la sécurité des enfants.
Pourquoi ne mandateriez-vous pas Sarah pour qu’elle consulte ses camarades de classe en vue de vous proposer une charte du bon lecteur à l’intérieur de votre autobus. Il se pourrait qu’avec ses camarades elle parvienne à vous proposer un cadre qui favoriserait la discipline à bord du véhicule que vous conduisez tout en permettant ce qui semble être son hobby favori : la lecture.
Il existe probablement des conditions de lecture dans l’autobus que vous conduisez qui pourraient vous assurer le respect des hauts standards de sécurité qui sont les vôtres.
Vous n’avez rien à perdre à essayer cette démarche, vous serez encore juge de ce qu’ils vous proposeront, à la fin de l’exercice.
Monsieur le chauffeur, je suis convaincu de votre professionnalisme et je me dis qu’en renvoyant la balle dans la cour des jeunes, avec l’aide de leurs enseignants, ils pourraient peut-être apprendre de vous et en même temps, de la vie en société.
Vous devez pouvoir garder les yeux sur la route pendant que vous conduisez. Les jeunes doivent l’accepter.
Je vous soumets que le livre peut devenir votre allié. Il peut devenir un instrument formidable de prise en main des jeunes qui sont sous votre responsabilité, pendant que vous êtes derrière le volant.
Quelle belle manière de célébrer la Journée mondiale du livre que de vous servir du 23 avril pour initier avec eux cette démarche éducative…
À eux de satisfaire vos légitimes préoccupations, s’ils sont sérieux dans leur amour du livre !
Pour le reste, je veux faire confiance à votre jugement.
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