«Pour le spécialiste en communication sociale, Jo Mulamba Katambwe, ce phénomène, qu’il qualifie d’épidémie…»
Loin de moi l’idée de banaliser l’utilisation de téléphone portable par des ados pour filmer des professeurs dans le but de les ridiculiser sur Internet, mais est-ce vraiment responsable de parler «d’épidémie»?
C’est ce que révèle cet article du Devoir qui me semble inutilement écrit à la sauce «tabloïd». Qu’on se comprenne bien: cette pratique est inacceptable! Mais cette manie de faire passer les ados pour plus débiles qu’ils sont… en généralisant. Pu capable. «Éclosion» ou «émergence», j’dis pas, mais «épidémie». Il y a des spécialistes qui aiment l’enflure verbale…
Tags: "Pédagogie et nouvelles technologies"
Je partage ton analyse, Mario… Et je vais même te raconter une histoire vraie entendue la semaine passée dans un collège des montagnes de Savoie (en France).
Un prof d’anglais gère une classe avec des enfants de 12-13 ans dans un collège. Les enfants sont turbulents en groupe, mais plutôt calmes lorsqu’ils sont en petit groupe et surtout quand ils sont chez eux. Il est donc difficile d’expliquer aux parents comment ces adorables enfants se transforment en petits monstres parfois en classe. Le prof a tout simplement décidé d’enregistrer avec son téléphone quelques séquences choisies de pagaille et de reprise en main des enfants pour montrer aux enfants à froid à quoi ressemble l’ambiance quand le respect des autres n’est plus la préoccupation majeure.
Il m’a garanti ne pas avoir besoin de publier la vidéo sur son carnet ni de la montrer aux parents.
Et il en a profité pour expliquer pourquoi il fallait être prudent avec l’utilisation des caméras embarquées dans les portables… surtout en classe 🙂
Un petit mot en passant…
J’enseigne le français et je dois donc évaluer les magnifiques exposés oraux de mes élèves. Parfois, ils sont un véritable charme.
Par contre, il arrive aussi qu’ils soient de véritables désastres. Une année, je pressentais que ma plus chiâleuse allait livrer au groupe une véritable pièce d’anthologie… J’ai donc averti mes élèves que j’enregistrerais les exposés oraux (sans leur dire qu’il s’agissait de me protéger contre une éventuelle plainte).
Tout de suite, Miss Barbie (son surnom puiqu’elle pasait un temps fout à se faire les ongles dans les autres cours) hurle au respect de sa vie privée et à la Chartre des droits et libertés. Réflexe assez habituel.
Je m’inforne donc auprès des aviseurs légaux de ma CS. Effectivement, il est permis d’enregistrer ou de filmer une évaluation à condition de respecter des critères précis. De même, tout tournage, photographie ou enregistrement d’élèves, ou que ce soit dans une école, doit s’effectuer avec leur consentement écrit et ne peut être diffusé sans leur autorisation.
Pour un site Internet, on demande également ce consentement et on doit éviter d’identifier l’élève ou d’associer sa photo à un nom, le cas échéant.
Bref, il y aurait des paramètres légaux à respecter. Je dis «aurait» parce que je n’ai jamais vérifier toutes ces assertions.
Aussi, ma question, M. Asselin, puisqu’on parle d’enregistrement et tout le tralala à l’aide d’un cellulaire, toutes ces contraintes sont-elles exactes?
À Luc Papineau. Des pistes… ici : http://www.droitdunet.fr/par_profils/lecture.phtml?type=profil_junior&it=3&id=83
et aussi là :
http://www.lagruyere.ch/archives/2005/05.11.26/gruyere2.htm
et puis pour le Canada, un pdf ici http://www.droitsurinternet.ca/scol.pdf
Bonjour Luc !
Ce qu’on t’a dit est rigoureusement exact. Il y deux semaines, nous remettions des bourses à une centaine d’élèves du primaire. Les jeunes étaient appelés sur la scène, école par école. On remet les bourses, puis, Clic ! on tire un portrait. Et à la fin, la centaine de jeunes revient sur scène pour la grande photo de groupe. Pour chacun de ces jeunes, on a fait signer un formulaire de consentement parental… pas de consentement, pas de photo. Voilà, c’est comme ça.
Mario
Je suis d’accord avec toi, Mario, sur le fait que, souvent, les médias ont tendance à noircir abusivement en généralisant. Toutefois, en l’occurrence, c’est M. Jo Mulamba Katambwe qui parle d’épidémie, pas la journaliste :
«Simple tendance ou véritable phénomène? », premier paragraphe.
« Au Québec, le phénomène est relativement nouveau. Mais plusieurs cas de «happy slapping» dans certaines écoles secondaires de la province ont récemment défrayé les manchettes. » Paragraphe cinq.
Quant au professeur Katambwe, il a également tenu des propos qui me paraissent pertinents :
« Pour le professeur Katambwe, adopter une attitude autoritaire prohibitive n’est pas recommandable. «Il ne faut pas chercher à bannir l’utilisation du téléphone cellulaire, mais plutôt tenter de promouvoir un usage responsable», a-t-il noté. »
Le ton général de cet article me paraît correct. Même si le nombre d’occurrence de ce phénomène est encore limité, il convient de le prendre au sérieux ne serait-ce qu’à cause de la gravité des conséquences sur les victimes.
Merci Grande rousse pour les liens!
Un complément d’information venant de France et qui peut nous aider à comprendre certaines choses dans ce débat.
Dans La Presse du 6 mars, on apprenait qu’une enseignante française a été rouée de coups et frappée avec une chaise en pleine classe par un élève. L’agression a été filmée par un autre élève qui possédait un téléphone cellulaire et a été mise par la suite sur Internet.
Ce n’est peut-être pas pour rien que nos cousins songent à interdire ou ont maintenant interdit la mise en ligne de vidéos montrant des actions criminelles. Je me demande d’ailleurs si une telle législation ne devrait pas exister au Canada.
Épidémie? Le terme est un peu fort… mais comme d’habitude, en généralisant, ce sont toujours les plus sages qui paient pour les plus épais. À cet égard, la solution se trouve dans une plus grande éducation des jeunes. Il me semble cependant que ce type d’éducation devrait venir, en premier lieu, des parents.