Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
À cheval donné on ne regarde pas la bride, dit l’adage. Quand le gouvernement bonifie l’aide aux familles, pourquoi faudrait-il bouder son plaisir ?
La prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE) fait beaucoup jaser cet été. À raison…
Depuis l’annonce par le gouvernement Harper en octobre dernier de la bonification au programme qui existait déjà, on parle d’une manoeuvre électorale. Mon collègue blogueur Réjean Parent accuse même les conservateurs «d’acheter les votes» par une pluie de «bonbons pré-électoraux».
Les parents qui ont reçu les chèques cette semaine n’en penseront peut-être pas moins, mais vont les encaisser avec plaisir, j’en suis assez certain.
Pour le Québec seulement, la mesure touchera 880 000 familles qui se partageront une somme de 669 millions $ (source). Les changements apportés prévoient que les parents recevront maintenant à chaque mois 160 $ par enfants âgés de moins de six ans et 60 $ par enfant de 6 à 17 ans.
On a fait grand état du fait que la PUGE est imposable et que sa nouvelle mouture comporte un crédit d’impôt pour enfant qui a été aboli. Au net, les parents recevront à la fin de l’année plus d’argent qu’auparavant, mais une espèce de sentiment négatif enrobe la communication autour de l’arrivée des premiers chèques.
«Bonification de la PUGE : de la poudre aux yeux» (les affaires), «Mise en garde : Ne dépensez pas votre PUGE» (ACEF Estrie), «60 $ par mois par enfant, mais gare à l’impôt» (Radio-Canada), «Impôt fédéral: le crédit bonifié pour la garde d’enfants est-il un leurre?» (protégez-vous) et la meilleure à mon avis : «PUGE : Les conservateurs ne disent pas tout» (Alliance de la Fonction publique du Canada, région du Québec).
La Presse Canadienne a calculé qu’une bonne partie de la PUGE retournera à Ottawa et que ce serait les circonscriptions à tendance conservatrice en profiteront le plus.
Bref, la stratégie de Stephen Harper est bonne et on essaie de l’attaquer comme on peut.
Je lisais cette semaine Michel Hébert qui commentait les résultats des derniers sondages d’opinion et je n’en revenais pas de sa trouvaille à l’effet qu’une animatrice «estivale» de Radio-Canada avoue aussi candidement «aimer» le fait que son analyste invité n’ait pas de penchant conservateur.
J’ai essayé de retrouver l’extrait et c’est encore plus évident quand on l’écoute…
La journaliste Tamara Altéresco discute avec l’universitaire Antonin-Xavier Fournier de la réforme de la carte électorale à l’émission Pas de midi sans info, le 8 juillet dernier. À 04:30 de l’extrait de la conversation, on entend vraiment la journaliste dire «C’est pour ça qu’on vous aime» après que son invité ait précisé qu’il n’était pas «un consultant ou un stratège conservateur».
Formidable aveu d’un biais affiché sur les ondes radio-canadiennes… on ne s’en formalise même plus !
On ne s’attend pas à lire quelqu’un de neutre ou d’objectif ici, mais quand on écoute Radio-Canada, je pensais qu’ils étaient tenus à plus de rigueur sur ce point.
M’enfin… tout cela pour dire que la communication autour de la PUGE aura beau être négative, je crois vraiment que les parents du Québec sont heureux qu’on leur retourne des sous à ce moment-ci de l’année et que ce sera interprété positivement, à différents degrés, envers ceux qui dirigent le gouvernement.
Bien-sûr, il faut demeurer conscient que l’argent reçu est imposable.
Mais justement, l’impôt sur le revenu n’est-il pas invoqué tout le temps par ceux-là même qui dénigrent la PUGE comme étant un moyen «progressiste» d’établir une forme de justice sociale ?
On dit souvent qu’au provincial, quatre québécois sur 10 ne paient pas d’impôts sur le revenu (source). Il doit bien y avoir des familles qui ne paient aucun ou pas beaucoup d’impôts et qui n’auront pas trop à se soucier de dépenser trop rapidement ce que le gouvernement leur donne par la PUGE ?
Et pour les autres, ils savent maintenant plus que jamais que la prudence sera de mise.
J’aime bien qu’on puisse être critique du gouvernement Harper (et il y a plusieurs raisons légitimes de l’être), mais pour ce qui est de cette mesure, il me semble qu’on pourrait démontrer un peu plus d’enthousiasme.
Si les médias ne le sont pas, je parie que dans les familles, ça jubile un peu plus.
J’oserais même croire que plus les médias taperont sur les conservateurs pour les mauvaises raisons, plus ça leur profitera.
À trop vouloir s’en prendre à la PUGE sans motif valable, on va finir par l’aimer encore plus… et qui sait, ceux qui l’ont bonifée !
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