Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Il ne peut pas y avoir eu quatre élections partielles dans autant de région du Québec sans que des messages aient été envoyés par les résultats, à ceux qui en ont été les principaux acteurs…
En théorie, la représentation des sièges à l’Assemblée nationale n’a pas bougé suite à l’arrivée de quatre nouveaux députés(es). Ils(elles) remplacent ceux(celles) des formations politiques qui avaient démissionné.
S’arrêter à ce seul fait constituerait un gros raccourci.
Des taux de participation qui parlent fort
Avant d’analyser les chiffres, prenons le temps de les regarder : Beauce-Sud 43,21% | Fabre 23,03% | René-Lévesque 39,62% | Saint-Henri-Sainte-Anne 23,89%. (Note : au DGE, on dit de ces données qu’elles sont « préliminaires »…)
Ces taux de participation sont honteux !
Quand on les compare aux 39 autres scrutins de même nature tenus au Québec entre 1998 et 2015, deux seulement ont obtenu un score plus bas que celui de Fabre et trois, plus bas que celui de Saint-Henri-Sainte-Anne. Beauce-Sud dépasse à peine le taux de participation moyen des 39 élections partielles précédentes de 43,06 % (source). Comme le mentionnait Vincent Marissal dans son article publié ce matin, « avec 5 325 votes, la libérale Dominique Anglade a gagné avec… 9 % des voix dans sa circonscription ».
Neuf pour cent des 58 171 électeurs admissibles.
La responsabilité de ce gâchis est multiple, mais Philippe Couillard en porte une bonne partie en ayant déclenché les partielles en plein sprint des élections générales fédérales.
Comment interpréter que les grèves tournantes de cet automne et les perturbations sociales qui les accompagnent n’aient pas motivé les électeurs à s’exprimer dans les urnes ?
Qu’est-ce que ces taux faméliques disent de la santé de notre système électoral ?
Il me semble qu’il y a matière à réflexion…
Les trois grands partis ne peuvent pas pavoiser
Je comprends qu’aujourd’hui on entendra les représentants des partis politiques trouver des raisons de se féliciter, mais il y a dans les résultats d’hier soir de multiples raisons de se garder une petite gêne. Les trois formations politiques ont aussi à voir avec le fait que les électeurs ne se soient pas déplacés pour voter…
- Élue en 2014 dans une campagne où 68,29% des citoyens sont venus voter, Marguerite Blais avait obtenu 52,55% des voix dans Saint-Henri-Sainte-Anne. Le Parti Libéral a vu hier soir sa majorité fondre à 38,64 % des suffrages exprimés, dans cette circonscription.
- C’est à peu près la même chose pour le Parti québécois dans René-Lévesque, dans une moindre mesure : il y a six points d’écart entre la majorité de Marjolain Dufour (avril 2014) et celle de Martin Ouellet (novembre 2015).
- Dans trois circonscriptions sur quatre, le Coalition avenir Québec n’a pas atteint un score suffisant (15%) pour que ses dépenses électorales lui soient remboursées par le DGE.
- Dans son billet Petit retour sur les partielles, mon collègue Mathieu Bock-Côté prédit que « si la tendance se maintient », le PLQ « dominera longtemps » dans le mode de scrutin majoritaire qui est le nôtre actuellement. On peut penser ce qu’on veut de la possibilité d’une réforme du mode de scrutin ou des alternatives qui existent dans les offres politiques de chaque autre parti actuellement qui se partagent ensemble une bonne MAJORITÉ de l’électorat au Québec, mais un constat s’impose : cette perspective de devoir laisser le pouvoir au PLQ pour un avenir prévisible n’est pas saine du tout. Cet état de fait donne à réfléchir, d’autant qu’il ne faudra pas compter sur ceux qui ont le pouvoir pour s’en départir volontairement…
Dans ce contexte, il y a un gros examen de conscience à faire pour tout le monde… au-delà des victoires prévisibles obtenus par deux des trois formations.
Les fleurs
Il y a quand même du positif à retenir de cet exercice qui vient de se terminer.
Des hommes et des femmes ont tenté l’aventure de se présenter devant leurs concitoyens et ont osé proposer leur service, avec leurs idées et leurs ambitions d’un Québec plus juste et plus prospère.
Bravo à chacun d’eux (Beauce-Sud, Fabre, René-Lévesque et Saint-Henri–Sainte-Anne). Je reconnais leur mérite et leur audace !
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