Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Les dernières heures au Québec ont été marquées par le débat sur la date butoir à laquelle nous devrions au Canada accueillir les 25 000 réfugiés syriens qui ont fui la guerre. Promis pendant la dernière campagne électorale par notre nouveau premier ministre du Canada pour le 1er janvier 2016, certains remettent en question l’utilité de cette date butoir depuis les tragiques évènements de vendredi soir dernier à Paris. À qui profite la confusion nourrie par ce débat à propos d’une date à laquelle nous devrions avoir accueilli les 25 000 réfugiés ?
La réponse qui me paraît devoir être donnée à cette question est : «L’État islamique en Irak et au Levant» dont l’acronyme arabe est Dae’ch.
Je ne m’oppose pas à l’existence du débat, bien entendu. Je dis simplement qu’en s’écorchant les uns les autres sur le «comment» et le «quand», il est possible que nous donnions raison aux terroristes qui ont avantage à nous monter contre les réfugiés qui sont des victimes de Dae’ch ou des autres protagonistes qui rendent cette région hostile et invivable actuellement.
On ne se chicane pas tellement sur la cible du 25 000, ni même sur le principe d’accueillir des réfugiés syriens, on s’escrime sur l’existence d’un vrai plan d’accueil et sur le rythme avec lequel cela pourrait bien se faire.
Sur le plan politique à Québec, bien-sûr que la déclaration du ministre de la sécurité publique qui qualifie « d’échéancier irréaliste » le scénario de 25 000 réfugiés syriens avant la fin de 2015 a donné de la crédibilité à ceux qui veulent ralentir le rythme de l’opération, comme tous les porteurs d’un appel à modifier cette échéance.
Il faut réaliser que la population du Québec et celle du Canada fait un lien entre les terroristes qui ont attaqué à Paris et le flux migratoire des réfugiés. Pourtant l’hypothèse du passeport syrien retrouvé près d’un kamikaze est loin d’être vérifiée…
Le maire de Québec n’a pas tort de mentionner qu’une certaine peur « est en train de s’installer ».
Il devient extrêmement difficile de lutter contre la peur en la niant, en se moquant de ceux qui l’éprouvent ou en la nourrissant.
J’imagine qu’en expliquant mieux comment on va procéder pour accueillir chez nous ces gens qui ont grandement besoin de nous et en faisant porter les échanges sur les mécanismes de régulation du rythme d’accueil, on va non seulement sortir du débat sur l’échéance qui ne tient pas la route devant l’urgence de ce qu’il y a à faire.
Dae’ch «est plus dangereux que jamais», écrit Adnan Khan au Maclean’s. Il espère que notre réaction lui sera favorable. Sa stratégie selon le correspondant du Maclean’s est de « cibler l’ennemi à l’étranger pour le terroriser et susciter une réaction disproportionnée ».
La réaction disproportionnée serait de céder à la peur autant que de ne pas en tenir compte, en s’entêtant à cette date butoir qui, avouons-le, ne représente pas le coeur de l’opération.
En terminant, je présente ce rappel du choix de Dae’ch d’agir en France plutôt qu’ailleurs…
Une réaction pouvant être perçue contre les réfugiés ou le principe d’en accueillir rapidement pourrait pousser des âmes sensibles et perturbés «dans les bras des djihadistes».
C’est ce que Dae’ch espère… et ce n’est pas ce que nous voulons.
Je souhaite vivement qu’on se rassemble sur ce qui fait consensus : l’accueil de réfugiés syriens est urgent !
Ne laissons pas Dae’ch prendre avantage sur nous au Québec et au Canada.
Travaillons ensemble sur les moyens les plus rapides, sécuritaires et efficaces d’accueillir des réfugiés syriens.
Ajout: Ma chronique radio de ce mercredi matin touchait en partie le sujet de ce billet… Les jeunes migrants et l’adaptation aux/des écoles québécoises.
Mise à jour du 24 novembre: Ottawa révise sa cible du 25 000 avant le 1er janvier, il se donne maintenant un objectif de 10 000 réfugiés accueillis au pays d’ici la fin de l’année. Les 15 000 autres d’ici février 2016 (source).
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