Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
L’école arménienne Alex Manoogian offre un excellent programme d’accueil et de francisation à des immigrants et des réfugiés. Son directeur Sébastien Stasse est sollicité par les médias depuis quelques jours parce qu’on cherche évidemment à anticiper les nombreux défis qui nous attendent avec l’arrivée au Québec de plusieurs milliers de réfugiés syriens. En gros, il est très inquiet de ce qui s’en vient…
Sébastien Stasse tient un blogue très fréquenté en éducation, In scholam, un site Web qui traite de pédagogie, d’administration scolaire et d’utilisation du numérique en éducation. Il a souvent écrit dans un passé récent sur la scolarisation des enfants réfugiés parce que lui et son équipe ont beaucoup d’expérience sur le sujet. J’y reviendrai…
Ce matin, il était l’invité de Mario Dumont suite à la publication d’un article au Journal où il a témoigné de l’horreur qu’ont rencontré certains de ses élèves avant de fréquenter l’école qu’il dirige. Hier, il était invité au micro de Paul Arcand…
Je connais Sébastien. C’est un éducateur consciencieux, un jeune homme responsable qui ne donne pas dans l’exagération. Ce qu’il raconte est sérieux. Je sais qu’il partage ses inquiétudes parce qu’il veut vraiment aider des enfants à un moment crucial de leur développement.
Aujourd’hui à l’Assemblée nationale, il a été question de l’École Alex Manoogian principalement parce que depuis de nombreuses années, l’école assume elle-même les coûts de formation des enfants qui arrivent après le 30 septembre puisque dans la logique du ministère, il n’y a rien de prévu dans les règles budgétaires pour ce genre de situation.
On entend souvent que les écoles privées ne feraient pas leur part dans la formation des jeunes en difficultés. L’école privée que dirige Sébastien Stasse accueille des enfants issus de l’immigration et des réfugiés depuis maintenant plus de 6 ans. Les événements dramatiques qui ont eu lieu en Irak et en Syrie depuis des années ont fait en sorte que cette communauté éducative s’adapte. Il faut lire le témoignage du directeur pour mesurer l’ampleur et la qualité des services qu’ils ont développé au fil du temps.
Les différentes sorties médiatiques vise à porter un message clair : « Il est très facile d’accueillir des réfugiés, ça en est une autre d’assurer leur intégration, leur scolarisation, mais surtout la réussite des enfants à l’école. »
Le parcours scolaire d’un enfant immigrant est assez semblable dans une école public qu’au privé et le défi de rendre disponibles les ressources suffisantes est le même. Si Sébastien Stasse et la communauté éducative qu’il représente sont inquiets, c’est parce on a l’impression qu’on sous-estime le défi qui se pose quand l’horreur a un visage.
Plusieurs des petites histoires de vie des élèves de Alex Manoogian des dernières années ressemblent probablement aux récits de ceux qui arriveront dans les prochains mois. Ce sera peut-être pire encore, sait-on…
Radio-Canada a bien documenté le processus de sélection des réfugiés et il n’y a pas lieu d’avoir peur. Les réfugiés qui arriveront ici ne sont pas les migrants que nous voyons errer aux bulletins télévisés de nouvelles.
Ça ne diminue pas pour autant l’ampleur de la tâche qui attend les milieux scolaires avec les enfants…
Le cri du coeur de Sébastien Stasse doit être entendu pour que toutes les écoles du Québec disposent de classes de francisation, sans exception.
Le ministre Blais doit donner aux établissements les moyens de nos ambitions pour ces enfants et ces familles !
Tags: "Administration scolaire" "La vie la vie en société"