Compression progressive sur fond de «y’en a mare de cette chasse aux tricheurs»

Les règles qui gouvernent notre société sont si souvent négatives que les gens sont encouragés à les défier. On préfère courir après ceux qui trichent que de valoriser ceux qui fondent leurs actions sur des principes constructifs. Des exemples, il y en a eu à la tonne cet été…
Barry Bonds va cogner d’ici peu le 756^e circuit de sa carrière et battra ainsi le record de Hank Aaron (complément d’information); il devra presque se cacher pour célébrer son exploit, tellement les gens savent qu’il n’est pas «règlo»…
Le tour de France, on n’en parle plus; j’ai déjà écrit ce que j’en pensais avant que Rasmussen quitte dans le déshonneur le plus total.
L’été avait commencé avec une histoire de tricherie à la Commission scolaire Marie-Victorin (complément d’information). Dans la NBA, ce serait un arbitre qui aurait arrangé un match. En Formule Un, beaucoup de personnes pensent que McLaren-Mercedes a espionné un peu trop fort, au point limite du bon goût (complément d’information) et on a découvert cet été qu’il n’y avait rien de plus facile que d’obtenir un permis de navigation quand on en avait besoin (complément d’information).
À lire et à entendre toutes les histoires croustillantes depuis quelques semaines, on en vient à penser que l’esprit sportif et l’éthique n’existent que pour une petite minorité. «C’est la loi du pas pogné, pas responsable», comme l’a écrit Réjean Tremblay…
Les tricheurs qui se font prendre ont la vie dure, pas ceux qui se la jouent finement. Autrement dit, malgré tout ce que les médias rapportent, les gens semblent motivés à contourner les règles plutôt que de réfléchir au fondement de leur existence. Ces règles se font de plus en plus complexes pour tenter de resserrer les mailles d’un vaste filet rempli de trous, mais la triche foisonne. Les domaines de la fiscalité, du droit, de la pharmacologie et du sport sont devenus le royaume de la subjectivité où ce qui est «légal» a souvent bien peu à voir avec ce qui serait un peu plus «moral». Si le domaine du sport est un bon reflet des valeurs ambiantes, on va bientôt assister à des tentatives de policer quelque peu la tricherie quotidienne qui est bien souvent devenu «la norme sociale». Rouler 119 km/h sur les autoroutes pourrait devenir plus difficile avec les photos radars, ne pas prendre soin des berges de son lac engendrera l’opprobre et on aura l’air de plus en plus fou de conduire une Hummer… Déjà, gaspiller l’eau, fumer, conduire avec un verre dans le nez et manger tout croche sont devenus avec raison, très suspect (socialement parlant). Mais pourquoi si peu de mesures positives sont mises de l’avant pour encourager les comportements souhaités. À force de mettre l’attention sur les tricheurs, on finit par oublier la masse des gens qui jouent propres… sans compter l’énorme quantité de cigarettes achetées chez les indiens, les décisions de ne plus divulguer les dates et lieux des barrages policiers parce qu’inefficaces à enrayer le fléau de l’alcool au volant et j’en passe. Bref, en plus de ne pas donner les résultats escomptés, le trousseau de règlements négatifs motive les bravades inconséquentes.
En bout de ligne, j’ai peur souvent que le pire ne soit pas encore venu. Je me rends bien compte de toutes les règles que les législateurs inventent pour resserrer les mailles du filet parce que trop de gens sont devenus incapables de se responsabiliser. On peut comprendre toutes ces mesures qui apparaissent pour se donner des dents contre le crime organisé et les gangs de rue, mais veut-on à ce point vivre dans une société où l’interdit est affiché en grosses lettres à tous les coins de rue? On en vient parfois à croire que nous sommes dirigés par Dolores Ombrage…
Heureusement, juste retour des choses, la température a été belle au Québec ces dernières semaines et «le moral» de chacun sera à son plus haut en ce mois d’août où les gens reviennent de vacances. L’éducation étant le seul moyen de contrer véritablement le phénomène du «pas pris, pas responsable», je ne vais pas me transformer en celui qui exige qu’on pince plus de tricheurs. Il y a tant à faire pour apprendre à mieux vivre ensemble… Collaborer et se donner de nouvelles règles fondées sur la valorisation des comportements qui grandissent les hommes plutôt que de mettre toute l’attention à épingler une fraction de ceux qui trichent et qui avilissent le genre humain.
J’en ai le goût au moment où j’entreprends la dernière semaine de mes vacances. Un peu comme les militaires qui reviennent de mission, je me suis dit que j’utiliserais cette dernière semaine pour progressivement me remettre au travail. Il y a les stages de décompression de cinq jours et il y a maintenant l’inverse, «la semaine de compression progressive».
On verra plus tard si le choc du retour officiel sera moins violent… C’est qu’il y a tant à faire!
Mise à jour du vendredi 10 août: Un tout petit suivi en lien avec Barry Bonds. Il a cogné le #757 finalement et la tricherie n’est peut-être pas à 100% là où on pense. Lire cet article qui porte sur la pièce d’équipement qu’il porte à son coude droit (merci à Michel Dumais pour la référence).

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